Chapitre 5 : Vivre le moment présent

1556 Words
Jade Dans l'actualité Paris, France J'entends le bruit des sirènes de police ; je n'aurais jamais pensé participer à une course-poursuite, comme si j'étais à une émission de télé-réalité. Jean dépasse à toute vitesse les voitures et les gros camions, je ferme les yeux et je presse mes mains contre sa poitrine, chaque fois qu'il penche la moto pour prendre un virage ou pour se frayer un chemin entre les voitures. Je crois que je vais mourir de stupeur, car même si j'aime l'aventure et que j'ai tourné des documentaires extraordinaires, je n'ai jamais roulé comme ça sur une moto. On a l'air de kamikazes ! Jean prend la sortie suivante et semble réussir à semer les flics. Pendant un moment, il continue à circuler entre les petites rues jusqu'à ce qu'il prenne une petite route escarpée. Quand j'arrive enfin à me calmer, je vois le magnifique paysage qui nous entoure et je réalise que je n'ai aucune idée de l'endroit où nous sommes. — Qu'est-ce que c'est, où sommes-nous ? — Lui dis-je en descendant du vélo et en enlevant mon casque. — À quoi cela ressemble-t-il pour toi ? — Il me répond en enlevant son casque et, à ce moment-là, j'oublie ma question et j'arrête de respirer. Jean a changé en trois ans, ses cheveux blonds sont beaucoup plus longs et je ne me souviens pas que la couleur de ses yeux bleus ait été aussi intense. Il est incroyablement beau. 《Tu ne peux pas penser comme ça, Jade. Ce type est fou, il vient de te kidnapper》 Mon esprit commence à bouillir avec mes pensées folles qui se contredisent en quelques secondes. 《Bien sûr que tu peux le faire, pense comme tu veux, sois libre, laisse agir ton cœur et ne va pas faire la même chose qu'il y a trois ans, ne rate pas ce moment d'expérience, tu dois le b****r, au moins une fois. Tu ne peux pas aller dans ta tombe sans avoir goûté une chose aussi délicieuse, je veux dire une chose, une chose》 Je secoue la tête, essayant de me débarrasser de toutes sortes de pensées étranges. Parce que quand on commence à avoir des débats mentaux avec soi-même, je suis sûre que c'est un symptôme clair de folie, et apparemment, c'est ce qui m'arrive en ce moment, je deviens folle ! — Arrête de me répondre par d'autres questions, tu es un c*****d ! — Lui dis-je en le frappant avec mon casque. Jean attrape ma main libre et tire mon corps contre le sien, comme si j'étais un poids plume. Le casque tombe au sol, après que j'ai réussi à le frapper durement sur une épaule. Il ne se plaint pas et je ne peux qu'espérer qu'il a eu mal, beaucoup mal. Il me regarde fixement et m'attrape immédiatement le menton avec sa grande main, ce qui fait trembler tout mon corps, tandis que je sens sa main libre qui tient mes deux mains derrière mon dos. — Marions-nous — dit-il comme s'il parlait du temps qu'il fait. Regarde, il fait beau ! Qu'est-ce qui ne va pas chez lui? — Je crois que tu es un peu perdu. Je t'explique : c'est moi qui vais me marier, avec ta cousine ! — Lui dis-je en essayant de me dégager de son étreinte. — As-tu vu ce que je porte ? Laisse-moi t'éclairer, c'est ma robe de mariée, celle que je porterai lors de mon mariage avec Thym, tu te souviens ? — J'essaie de terminer ma phrase sans lui faire comprendre que son étreinte m'affecte plus que je ne le voudrais ; ma respiration est saccadée et le sentir si proche, habillé de la sorte, ne m'aide pas du tout. — Est-ce que tu vois Thym ici ? Tu sais que ça n'arrivera pas, tu ne l'épouseras pas, je ne le laisserai pas faire ! — Je regarde ses lèvres, oubliant ce qu'il vient de me dire. Je ne pense qu'à l'embrasser et je réalise que c'est pire que ce que je pensais. — Jean, nous ne nous sommes rencontrés qu'une fois dans notre vie, nous ne nous connaissons pas, nous ne sommes pas amis, nous ne vivons même pas sur le même continent ! — Je lui parle doucement, comme à un enfant qui vient de se réveiller d'un rêve et qui a besoin de savoir qu'il n'est pas réel, ou du moins, je crois que c'est ainsi que les mères parlent à leurs enfants. 《Si je continue à penser comme ça, je vais finir par être pire que Jean》. — Tu sais, le fait que nous ne nous soyons pas vus, parlés ou touchés depuis des années ne change rien, tu étais à moi au moment même où nous sommes entrés en collision — Je lève les yeux et me souviens du moment où nous sommes entrés en collision à la fête d'anniversaire de ses parents — A Boston, Jade — J'écarquille les yeux de surprise à son commentaire, je ne pensais pas qu'il avait pensé à moi depuis ce moment-là, pas de la même manière que moi. Je meurs d'embarras à ce souvenir, je baisse les yeux et me mords les lèvres. — Laisse-moi partir Jean, mes parents doivent être morts d'inquiétude. Tu ne peux pas leur faire revivre ça. — Il fronce les sourcils en m'entendant et me regarde intensément, incroyable ! — Tu ne me connais même pas, ni ma famille, car si c'était le cas, tu n'aurais pas eu recours à l'e********t, tu n'aurais jamais rappelé à mes parents une situation aussi traumatisante. — Je lui dis en pensant que, s'il avait la moindre information sur ma famille, nous n'en serions pas là. — Ce n'est pas comme si je t'avais kidnappé, je me suis juste présenté à ton père et tu es venu avec moi. — Je soupire devant son audace, mais mon regard tombe sur sa bouche et je déglutis difficilement. Je dois me concentrer ! — C'est bien ce que tu crois ! — Je lui dis, en poussant à nouveau sa poitrine avec les poings de mes mains. — Jean, tu m'as forcé à sortir de la voiture en menaçant mon père et son chauffeur avec une arme, tu m'as fait monter sur ta moto et tu es parti dans une direction inconnue. Où que ce soit, cela s'appelle un e********t — explique-je à nouveau très calmement. Pour une raison inconnue, je n'ai pas encore perdu mon sang-froid. — Viens, ils nous attendent — Vraiment ? J'essaie d'être la plus compréhensive possible, juste parce que c'est le cousin de mon copain, mais j'ai l'impression de parler l'espéranto. Il me prend la main et m'entraîne dans le parking en terre battue de l'endroit, où je suis sûre que ma robe de mariée blanc cassé sera grossièrement méconnaissable. Nous suivons une petite route bordée d'arbres, nous sommes dans un village perché au sommet d'une colline. En levant les yeux, j'aperçois les ruines d'un ancien château. Nous sommes à la périphérie de Paris, assez loin de la ville, il fait un peu frais et les différentes couleurs de la végétation et des arbres sont magnifiques. L'automne est ma saison préférée de l'année. — Jean, arrête. Je ne vais pas t'épouser, tu le sais, n'est-ce pas ? Nous ne nous connaissons pas. — Il se tourne vers moi et l'intensité de son regard me fait trembler. Je le regarde emmêler lentement une de ses mains dans mes cheveux que j'ai attachés sur le côté avec un beau peigne en cristal. — Sens ! — Il me murmure et j'ai envie de lui hurler que je ne sais pas gérer ce que je ressens, que ça me dépasse, que c'est plus fort que moi. Il porte ma main à sa poitrine, où son cœur bat à tout rompre. Je déglutis difficilement et me souviens de notre brève rencontre dans les toilettes de l'anniversaire de ses parents, il y a trois ans, où même si je n'ai jamais voulu l'accepter, je mourais d'envie de l'embrasser. — Jean — je murmure son nom et je me tais en sentant mes tétons se dresser et mes paupières s'alourdir. C'est fou, je meurs d'envie de sentir ses lèvres, c'est devenu un besoin urgent. — Tu ne le sens pas ? — Cette fois, il m'attire contre sa poitrine, ma main entrelacée à la sienne. La chaleur m'envahit et mon cœur s'accélère un peu, ce que je ne pensais pas possible. Si ça continue comme ça, je vais finir en tachycardie. — Il n'a pas changé en trois ans, Jade. Et ça ne t'est pas arrivé avec quelqu'un d'autre et ça ne m'est pas arrivé non plus — je ferme les yeux en réalisant qu'il dit la vérité, je n'ai jamais ressenti ça avant, pas depuis le jour de la fête il y a trois ans. — Mais c'est temporaire, Jean. Ce n'est qu'une attirance passagère — dis-je, que j'essaie de croire à mes propres paroles. — Dis-moi que tu n'as jamais pensé à moi, que tu n'as jamais rêvé de moi, que tu ne m'as jamais cherchée dans la rue ou à une fête de ma famille. Dis-moi, Jade, et je t'assure que je te laisserai partir — Son regard m'interpelle bien plus que ses mots.
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