Chapitre 15 Cette vie fut affreuse, mais je la supportai. Les tortures de la jalousie m’étaient encore inconnues jusque-là ; elles s’éveillèrent, et je les épuisai toutes. J’évitai à Leoni l’ennui de les combattre ; d’ailleurs il ne me restait plus assez de force pour les exprimer. Je résolus de me laisser mourir en silence ; je me sentais assez malade pour l’espérer. L’ennui me dévorait encore plus à Milan qu’à Venise ; j’y avais plus de souffrances et moins de distractions. Leoni vivait ouvertement avec la princesse Zagarolo. Il passait les soirs dans sa loge au spectacle ou au bal avec elle ; il s’en échappait pour venir me voir un instant, et puis il retournait souper avec elle et ne rentrait que le matin à six heures. Il se couchait accablé de fatigue et souvent de mauvaise humeur. I