Chapitre 4 J’étais ainsi et j’avais seize ans lorsque Leoni vint à Bruxelles. La première fois que je le vis, ce fut au théâtre. J’étais avec ma mère dans une loge, assez près du balcon, où il était avec les jeunes gens les plus élégants et les plus riches. Ce fut ma mère qui me le fit remarquer. Elle était sans cesse à l’affût d’un mari pour moi, et le cherchait parmi les hommes qui avaient la toilette la plus brillante et la taille la mieux prise ; c’était tout pour elle. La naissance et la fortune ne la séduisaient que comme les accessoires de choses plus importantes à ses yeux, la tenue et les manières. Un homme supérieur sous un habit simple ne lui eût inspiré que du dédain. Il fallait que son futur gendre eût de certaines manchettes, une cravate irréprochable, une tournure exquise,