XXI. JE VOIS MA ROUTE. À la pâle lumière du jour naissant, je fermai le compte-rendu du jugement de mon mari accusé du meurtre de sa première femme. Je n’éprouvais aucune fatigue. Je n’avais pas la moindre envie, après ces longues heures de lecture et de méditation, de me mettre au lit et de dormir. C’était étrange, mais c’était ainsi. Je ne me serais pas sentie autrement si, après une nuit de bon sommeil, je m’étais réveillée à l’instant, animée d’une nouvelle résolution et comme une femme nouvelle. Maintenant, enfin, je pouvais comprendre qu’Eustache se fût éloigné de moi. Pour un homme ayant des sentiments aussi délicats que les siens, quel martyr n’eût-ce pas été de se trouver en présence de sa femme, sachant qu’elle venait de lire cet abominable compte-rendu et toutes les accusati