I Les jardins de la déesseLe temple d’Aphrodite-Astarté s’élevait en dehors des portes de la ville, dans un parc immense, plein de fleurs et d’ombre, où l’eau du Nil, amenée par sept aqueducs, entretenait en toutes saisons de prodigieuses verdures. Cette forêt fleurie au bord de la mer, ces ruisseaux profonds, ces lacs, ces prés sombres, avaient été créés dans le désert plus de deux siècles auparavant par le premier des Ptolémées. Depuis, les sycomores plantés par ses ordres étaient devenus gigantesques ; sous l’influence des eaux fécondes, les pelouses avaient crû en prairies ; les bassins s’étaient élargis en étangs ; la nature avait fait d’un parc une contrée. Les jardins étaient plus qu’une vallée, plus qu’un pays, plus qu’une patrie : ils étaient un monde complet fermé par des limi