Reflets de Désirs et d’Incertitudes

1589 Words
Après leur dîner au restaurant, Alexandre et Éléa retournèrent à l’hôtel, la soirée pesant encore dans leurs esprits. La conversation avait révélé plus que des paroles : chaque regard échangé, chaque silence prolongé semblait résonner d’un passé non résolu. Ils marchaient côte à côte, évitant de s’observer de trop près, conscients que cette proximité déclenchait des émotions qu’ils peinaient à contenir. Dans le hall de l’hôtel, Alexandre, cherchant visiblement une excuse pour prolonger l’instant, proposa d’aller prendre un dernier verre au bar, situé dans un coin tranquille et feutré de l’établissement. Éléa hésita un instant, la raison lui dictant de refuser. Mais face au regard insistant d’Alexandre, elle céda. Ce n’était, après tout, qu’un verre entre collègues, rien de plus, pensa-t-elle, tentant de se convaincre elle-même. Installés au bar, ils commandèrent leurs boissons, et un silence empli de sous-entendus s’installa entre eux. Alexandre brisa finalement le silence, partageant des anecdotes de leur passé professionnel, évoquant des souvenirs qui faisaient naître sur leurs visages un sourire teinté de nostalgie. Pourtant, chacun de ses mots semblait porter un poids, et Éléa ressentait une émotion palpable derrière ces souvenirs. Après un moment, Alexandre baissa légèrement la voix et, d’un ton sincère, lui avoua combien il avait apprécié sa présence dans son équipe, combien elle avait su devenir une collaboratrice indispensable, et... bien plus encore. Éléa sentit ses barrières s’effriter lentement, le cœur battant un peu trop vite. Elle percevait dans le regard d’Alexandre une profondeur qu’elle n’avait pas observée depuis longtemps. — Éléa, je… commença-t-il, hésitant, avant de marquer une pause, comme s’il s’apprêtait à révéler quelque chose qu’il ne pouvait plus contenir. Éléa le regarda, intriguée mais aussi nerveuse, sentant que ces mots, quels qu’ils soient, allaient briser la ligne fragile qu’ils avaient établie. Installés dans le bar feutré de l’hôtel, Alexandre et Éléa étaient plongés dans une ambiance de confidence, le verre en main, leurs mots flottant dans l’air comme des secrets interdits. Le regard d’Alexandre se fit plus sérieux, empreint d’une intensité inhabituelle. Il prit une profonde inspiration, posant son verre sur la table avec délicatesse. — Éléa, je... je tiens à m'excuser, commença-t-il d'une voix sincère. Je sais que ce qui s'est passé entre nous… n'aurait jamais dû se produire. J’ai aussi conscience de la douleur que cette rupture brutale t’a causée, et j’en suis désolé. Je n’ai pas su te parler, ni te respecter comme tu le méritais. Les yeux d’Éléa se baissèrent, touchée par ses paroles, bien qu’une part d’elle restât méfiante. — Tu sais, Éléa, je voulais sauver mon mariage, reprit-il, la voix teintée de regret. Mais... il y a des jours où je ne peux pas m'empêcher de penser à ce qu’on a partagé. Ça me bouffe, je ne trouve pas la paix. Éléa sentit un mélange de tristesse et de colère remonter en elle. Elle le regarda droit dans les yeux, prenant une longue inspiration avant de répondre. — Alexandre, je t’entends dire tout cela aujourd’hui, mais je ne peux pas oublier combien ça a été difficile pour moi de tout gérer seule. J’ai passé des mois à essayer de comprendre comment j’avais pu me laisser embarquer dans cette histoire. J’ai fait tout mon possible pour te sortir de mes pensées, mais à chaque fois qu’on se retrouve, c’est comme si rien n’avait changé. C’est difficile, et tu le sais, toi aussi. Alexandre baissa les yeux, ses doigts serrant légèrement le verre qu’il tenait, luttant avec ses propres contradictions. Il se sentait coupable, tiraillé entre son amour pour Sophie, enraciné dans des souvenirs heureux, et la simplicité désarmante d’Éléa, qui semblait lui apporter une paix inconnue. — Je le sais, et c’est injuste, souffla-t-il d'une voix presque brisée. Mais je suis incapable de ne pas ressentir quelque chose pour toi. Quand je suis avec toi, tout semble... plus facile, plus vrai. Un silence lourd de non-dits s’installa, et ils échangèrent un dernier regard, chacun réalisant la complexité de leur situation. Alexandre finit par s’excuser encore, reconnaissant la douleur qu’il continuait à causer malgré lui. Finalement, ils se levèrent et regagnèrent leurs chambres respectives, plongés dans leurs pensées. Après une soirée remplie de regards et de non-dits, Éléa et Alexandre retournèrent chacun dans leur chambre, emportant avec eux un tourbillon de pensées et de sentiments. Alexandre ne pouvait échapper aux souvenirs de leur conversation. Dans le silence de sa chambre, il se demandait comment il en était arrivé là, tiraillé entre deux réalités qui semblaient incompatibles. Vers minuit, il fut réveillé par des bruits à la porte. Sophie venait de rentrer, visiblement ivre. Elle tenta de retirer ses chaussures en titubant et se laissa tomber sur le lit sans même remarquer la présence d’Alexandre. Il l’observa un moment, son visage fatigué et marqué par une légère déception. — Alors, cette soirée ? murmura-t-il, plus pour lui-même, tandis qu’elle marmonnait des mots inaudibles avant de sombrer dans un profond sommeil. Le regard d’Alexandre se perdit dans le vide, se demandant si tous les efforts qu’il faisait pour sauver son mariage avaient un réel impact. En voyant Sophie se comporter comme avant, il se sentit seul, comme étranger dans cette relation qu’il cherchait pourtant à préserver. Au lever du jour, Alexandre s’éveilla en silence, se préparant minutieusement pour une matinée de réunions en compagnie d’Éléa. Avant de partir, il jeta un coup d’œil vers Sophie, toujours profondément endormie, son visage marqué par les excès de la veille. S’approchant doucement, il tenta de la réveiller. — Sophie, réveille-toi, murmura-t-il. Je pars pour une réunion, mais je reviendrai dès que possible. On avait prévu de visiter la ville ensemble aujourd’hui, rappelle-toi. Sophie bougonna, à moitié endormie, agacée par cette interruption. Sans vraiment ouvrir les yeux, elle répondit d’une voix étouffée : — Laisse-moi tranquille, Alexandre… je suis trop fatiguée. Alexandre soupira, une pointe de déception visible dans son regard. Il espérait sincèrement qu’elle serait prête pour leur sortie. Avant de tourner les talons, il lui rappela doucement : — Sois prête à mon retour, d’accord ? Elle marmonna quelque chose d’inintelligible en se retournant dans le lit, laissant Alexandre partir, un peu plus inquiet de voir son enthousiasme brisé, et il se dirigea vers ses obligations avec une sensation amère. Après une série de réunions matinales avec Éléa, Alexandre revint à l’hôtel pour retrouver Sophie, espérant qu’elle serait prête pour leur sortie prévue ensemble dans la ville. Il lui avait rappelé le matin de ne pas oublier leur programme, mais en ouvrant la porte de leur chambre, il la découvrit encore alanguie sous les draps, visiblement épuisée de sa soirée entre amies. S’approchant du lit, Alexandre la secoua doucement, l’encourageant à se lever. — Sophie, il est temps de se préparer. On avait prévu cette sortie, tu te souviens ? lança-t-il d’une voix patiente, bien qu’un peu agacée. Elle entrouvrit les yeux, visiblement encore fatiguée, et murmura en essayant de se redresser : — Oh, Alex… Je suis tellement fatiguée. Je n’ai pas assez dormi. Ce serait mieux si je restais ici pour me reposer un peu plus. Il poussa un soupir de déception, regardant un instant Sophie qui semblait tout simplement incapable de se lever. La frustration montait en lui. Cette journée devait être un moment pour eux deux, et il avait espéré qu’elle ferait l’effort, malgré sa fatigue. — Très bien… repose-toi, dit-il enfin d’un ton résigné, la laissant retomber dans le sommeil. Déçu mais déterminé à profiter de la ville, Alexandre quitta la chambre, décidant de se promener seul dans les rues ensoleillées. Alors qu’il se promenait dans les rues pittoresques de Barcelone, ville vibrante et animée où ils étaient venus pour finaliser le contrat, il tenta de profiter de cette matinée en solitaire, bien que son humeur fût ombragée par la situation. Au détour d’une ruelle, il aperçut Éléa, installée à une terrasse de café ensoleillée, savourant un moment de tranquillité. Intrigué, il s’approcha et la salua. — Éléa, bonjour ! Ça me fait plaisir de te voir ici. Tu sembles… détendue. Éléa, surprise, lui sourit doucement avant de lui proposer de s’asseoir. Cependant, elle ne put s’empêcher de remarquer son expression maussade. — Où est Sophie ? demanda-t-elle prudemment. Vous deviez faire cette visite ensemble, non ? Alexandre soupira, visiblement contrarié. — Elle… elle n’a pas pu se lever ce matin, elle est trop fatiguée de sa soirée d’hier. C’est comme si elle ne réalisait pas combien cette journée comptait pour moi, ajouta-t-il, la voix teintée d’une déception amère. On avait tout planifié, et à chaque fois, elle trouve une raison de s’éloigner. Éléa sentit son cœur se serrer. Elle comprenait le chagrin d’Alexandre, mais elle savait aussi combien cette situation était difficile à supporter pour elle-même. Elle prit une inspiration, pesant ses mots avant de répondre. — Alexandre, parfois, quand quelqu’un commence à s’éloigner, c’est difficile de le retenir… Peu importe les efforts qu’on fait, on ne peut pas toujours changer les gens, murmura-t-elle, presque comme une réflexion à voix haute. Alexandre l’écouta attentivement, une lueur de réflexion dans les yeux. — Tu penses que je devrais lâcher prise ? demanda-t-il doucement. Elle baissa les yeux, hésitante, avant de répondre. — Ce n’est pas à moi de te dire quoi faire, Alexandre. Mais je pense que tu devrais te demander ce que toi, tu veux vraiment. Parce que rester dans l’incertitude, ce n’est pas juste pour toi. Et ce n’est pas juste pour moi non plus. Un silence tendu s’installa entre eux, et Alexandre, touché par ses paroles, se rendit compte qu’il était peut-être temps de faire face à ses propres choix.

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