Chapitre 1

715 Words
Chapitre 1 Île de Pollepel, fleuve Hudson, État de New York (Époque actuelle) — Caitlin? murmura une voix douce. Caitlin? Caitlin Paine entendit la voix et lutta pour soulever ses paupières. elles étaient si lourdes. Peu importe l’ef- fort qu’elle y mettait, elle parvenait à peine à les entrou- vrir. Elle réussit enfin à ouvrir les yeux, pendant un bref moment, pour voir d’où venait la voix. Caleb. Il était agenouillé près d’elle, tenant sa main dans les deux siennes, le visage inquiet. — Caitlin? interrogea-t-il encore. Elle essaya de se repérer, de percer la brume qui enveloppait sa conscience. Où était-elle? Elle put ouvrir les yeux suffisamment pour voir que la pièce était vide, faite de pierres. C’était la nuit, et une grande fenêtre laissait entrer les rayons de la pleine lune. Un sol en pierre, des murs en pierre, un plafond de pierre en forme de voûte. La pierre semblait lisse et ancienne. Était-elle dans un cloître médiéval? Hormis le clair de lune, la pièce n’était éclairée que par une petite torche suspendue au mur du fond, et qui offrait peu de lumière. Il faisait trop sombre pour en distinguer davantage. Elle essayait de se concentrer sur le visage de Caleb, si près, à une trentaine de centimètres à peine, qui l’ob- servait avec espoir. Ses yeux semblèrent s’illuminer, et il pressa sa main plus fortement. Les mains de Caleb semblaient chaudes. Les siennes semblaient si froides. Elle avait l’impression que la vie s’en était retirée. Malgré ses efforts, Caitlin ne put garder les yeux ouverts plus longtemps. Ses paupières étaient trop lourdes. elle se sentait… malade n’était pas le mot. elle se sentait… pesante. Elle avait l’impression d’être à la dérive, comme si elle flottait dans les limbes, prise entre deux mondes. elle ne se sentait plus en posses- sion de son corps, n’avait plus l’impression de parti- ciper à l’existence terrestre. Elle n’avait pas l’impression d’être morte non plus. Elle avait l’impression d’essayer de se réveiller d’un sommeil très, très profond. Elle essaya de rassembler ses souvenirs. Boston… la chapelle du roi… l’épée. Et puis… la lame qui s’enfon- çait dans son corps. Elle gisait, agonisante. Caleb à ses côtés. et puis… les crocs. Qui s’approchaient d’elle. Caitlin sentit une douleur sourde et lancinante sur le côté de sa gorge. C’était probablement là qu’elle avait été mordue. C’est ce qu’elle avait demandé — elle avait supplié Caleb. Mais compte tenu de son état actuel, elle n’était plus certaine que ce fût une bonne idée. Elle ne se sentait pas bien. Elle sentait un sang glacé couler dans ses veines. Elle avait l’impression d’être morte, mais sans être passée par l’étape suivante. Comme si on l’avait retenue. Pire, elle avait mal. Une douleur sourde et lanci- nante en bas à droite de son corps, et dans son ventre. C’est probablement là qu’elle avait été frappée. — Ce que tu ressens est normal, dit Caleb d’une voix rassurante. Ne t’inquiète pas. Nous traversons tous cela lorsque nous avons été transformés. Ça ira bientôt mieux. Je te le promets. La douleur va disparaître. Elle voulait sourire, tendre la main et caresser son visage. Le son de sa voix remettait le monde à l’endroit. Ça donnait un sens à tout le reste. Elle serait mainte- nant avec lui pour toujours, et cela lui redonna espoir. Mais elle était trop épuisée. son corps ne répondait plus à sa volonté. Elle ne pouvait convaincre ses lèvres de sourire, et n’avait pas la force de lever le bras. Elle sentit qu’elle sombrait à nouveau dans l’inconscience… Soudainement, une nouvelle pensée surgit dans son esprit, la réveillant en sursaut. L’Épée… elle était par terre, et puis… elle avait été volée. Qui l’avait main- tenant en sa possession? Et puis, elle se rappela son frère, Sam. Inconscient. Enlevé ensuite par cette femme vampire. Que lui était- il arrivé? Était-il en sécurité? Et Caleb? Pourquoi était-il ici? Il devrait être à la poursuite de l’Épée. Essayant de les arrêter. Était-il resté ici par égard pour elle? Sacrifiait-il tout le reste pour demeurer près d’elle? Les questions se bousculaient dans sa tête. Elle rassembla toutes ses forces, et entrouvrit à peine les lèvres. L’Épée, réussit-elle à dire. Elle avait la gorge si sèche que ça lui faisait mal de parler. Tu dois partir…, continua-t-elle. Tu dois sauver… Chut, dit Caleb. Repose-toi. Elle voulait en dire plus. Beaucoup plus. Elle vou- lait lui dire à quel point elle l’aimait. Dans quelle mesure elle était reconnaissante. Combien elle espérait qu’il ne la quitte jamais. Mais ça devrait attendre. Elle replongea dans un état vaporeux, et ses lèvres refusèrent de remuer. Malgré elle, elle se sentit sombrer, et sombrer encore, retombant dans la noirceur de son sommeil immortel.
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