L'allumeur de réverbères

Chanly, printemps 1840.

Chanly, printemps 1840.On devait entamer profondément le roc pour dégager l’espace nécessaire à la construction ; le compagnon bâtisseur qui en avait accepté l’ouvrage voyait clair : le schiste se délitait en éclats faciles à desceller avec la barre et la pioche ; les plus épais serviraient à l’élévation des murailles, les plus minces – les skayes, comme on l’entendait dire dans le savoureux patois du coin – couvriraient la charpente. Évidemment, cela entraînait un surcroît de poids considérable ; il faudrait donc élever des murs plus larges, multiplier les entrefents porteurs et, surtout, choisir vernes et arbalétriers en chêne robuste.

De ce fait, dès le départ, le chantier avait pris par nécessité une belle allure très ordonnée : au-delà de la pavée de schiste, des tas de pierres grises réservées, bien disposées, une tranchée fort nette pour la fouille des caves, avec par-devant, à même la roche, une esplanade assez large pour permettre la manœuvre et le va-et-vient des attelages.