La maison des champs Jeanne s’était endormie en priant. Lorsqu’elle s’éveilla, un rayon de soleil levant glissait sur sa chevelure en désordre, et elle jeta autour d’elle un regard étonné. La jeune fille n’était plus auprès de son prie-Dieu dans le petit salon de la rue Meslay, où elle s’était endormie, vaincue par un sommeil étrange. Elle était couchée toute vêtue sur un canapé, dans une chambre inconnue, par les fenêtres de laquelle on apercevait de grands arbres que l’hiver avait dépouillés. Au milieu de cette chambre et vis-à-vis des croisées, adossé au mur par le fronton, Jeanne remarqua d’abord un grand lit de palissandre, à colonnes torses, supportant un baldaquin de velours gris-perle à bordures d’un bleu tendre. Ce lit était non foulé, et par conséquent il était impossible d’a