I

3220 Words
I C’était en 1812. La Grande Armée effectuait sa retraite, laissant derrière elle Moscou et le Kremlin en flammes, et la moitié de ses bataillons dans les flots glacés de la Bérésina. Il neigeait... De toutes parts, à l’horizon, la terre était blanche et le ciel gris. Au milieu des plaines immenses et stériles se traînaient les débris de ces fières légions, naguère conduites par le nouveau César à la conquête du monde, que l’Europe coalisée n’avait pu vaincre, et dont triomphait à cette heure le seul ennemi capable de les faire reculer jamais : le froid du nord. Ici, c’était un groupe de cavaliers raidis sur leur selle et luttant avec l’énergie du désespoir contre les étreintes d’un sommeil mortel. Là, quelques fantassins entouraient un cheval mort qu’ils se hâtaient de dépecer, et dont une b***e de corbeaux voraces leur disputaient les lambeaux. Plus loin, un homme se couchait avec l’obstination de la folie, et s’endormait avec la certitude de ne se point réveiller. De temps à autre, une détonation lointaine se faisait entendre ; c’était le canon des Russes. Alors les traînards se remettaient en route, dominés par le chaleureux instinct de la conservation. Trois hommes, trois cavaliers, s’étaient groupés à la lisière d’un petit bois, autour d’un amas de broussailles qu’ils avaient à grand-peine dépouillés de leur couche de neige durcie, et auxquelles ils avaient mis le feu. Chevaux et cavaliers entouraient le brasier, les hommes accroupis et les jambes croisées, les nobles animaux la tête basse et l’œil fixe. Le premier de ces trois hommes portait un lambeau d’uniforme encore recouvert des épaulettes de colonel. Il pouvait avoir trente-cinq ans ; il était de haute taille, d’une mâle et noble figure, et son œil bleu respirait à la fois le courage et la bonté. Il avait le bras droit en écharpe, et sa tête était enveloppée de bandelettes sanglantes. Une balle russe lui avait fracassé le coude, un coup de sabre lui avait ouvert le front d’une tempe à l’autre. Le second de ces trois personnages avait dû être capitaine, si l’on en croyait son uniforme en haillons ; mais, à cette heure, il n’y avait plus ni colonels, ni capitaines, ni soldats. La Grande Armée n’était plus qu’un triste amas d’hommes en haillons, fuyant l’âpre bise du nord bien plus que les hordes du Don et du Caucase, déchaînées à leur poursuite comme une b***e affamée de loups et d’oiseaux de proie. Ce dernier était également un jeune homme, au front bas, au teint olivâtre, au regard mobile et indécis ; ses cheveux noirs trahissaient l’origine méridionale ; à son accent traînant et à la vivacité de ses gestes, on devinait un de ces Italiens si nombreux, sous le premier Empire, dans l’armée française. Plus heureux que son chef, le capitaine n’était point blessé, et il avait supporté plus facilement jusque-là les atteintes mortelles de ce froid terrible qui refoulait vers le sud les audacieuses légions de César. Le troisième enfin de cette petite b***e était un soldat, un simple hussard de la garde, dont le jeune, rude et mâle visage prenait parfois une expression farouche quand le canon des Russes tonnait dans le lointain, tandis qu’il devenait tout à coup anxieux et caressant si son regard s’arrêtait sur son chef épuisé et tout sanglant. C’était le soir, la nuit tombait, et les brumes du crépuscule commençaient à confondre la terre blanche et le ciel gris. – Passerons-nous la nuit ici, Felipone ? demanda le colonel au capitaine italien. Je me sens bien faible et bien las, ajouta-t-il, et mon bras me fait horriblement souffrir. – Mon colonel, s’écria vivement Bastien, le hussard, avant que l’Italien eût répondu, il faut repartir, le froid vous tuerait. Le colonel regarda tour à tour le soldat et le capitaine. – Croyez-vous ? dit-il. – Oui, oui ! répéta le hussard avec la vivacité de l’homme convaincu. Quant au capitaine italien, il paraissait réfléchir. – Eh bien, Felipone ? insista le colonel. – Bastien a raison, répondit le capitaine, il faut remonter à cheval et marcher aussi longtemps que possible. Ici, nous finirions par nous endormir, et pendant notre sommeil le brasier s’éteindrait, et nul de nous ne se réveillerait plus... D’ailleurs, écoutez... les Russes approchent... j’entends le canon. – Oh ! misère ! murmura le colonel d’une voix sourde ; qui m’eût dit jamais que nous en serions réduits à fuir devant une poignée de Cosaques !... Oh ! le froid... le froid !... quel ennemi acharné et terrible !... Mon Dieu ! si je n’avais pas froid... Et le colonel s’était accroupi devant le brasier et cherchait à ranimer ses membres engourdis. – Tonnerre et sang ! grommela Bastien, le hussard ; je n’aurais jamais cru que mon colonel, un vrai lion... se laisserait ainsi abattre par cette gueuse de bise qui siffle sur la neige durcie. Le soldat, en parlant ainsi tout bas, enveloppait le colonel d’un regard plein d’amour et de respect. La face de l’officier était devenue livide et trahissait ses horribles souffrances ; tout son corps grelottait et tremblait, et la vie, chez lui, semblait s’être concentrée tout entière dans ses yeux, qui conservaient leur expression de douce et calme fierté. – Eh bien, reprit-il, partons, puisque vous le voulez, mais laissez-moi me réchauffer un instant encore. Quel horrible froid !... Ah ! je souffre, comme je n’ai jamais souffert... et puis je meurs de sommeil... Mon Dieu ! si je pouvais dormir une heure... rien qu’une heure ! Le capitaine italien et le hussard se consultèrent du regard. – S’il s’endort, murmura Felipone, nous ne pourrons plus le réveiller et le remettre en selle. – Eh bien, répondit le courageux Bastien, se penchant à l’oreille du capitaine, je l’emporterai tout endormi. Je suis fort, moi, et pour sauver mon colonel... ah ! je deviendrais un Hercule. Le capitaine, la tête penchée en arrière, semblait écouter des bruits lointains : – Les Russes sont à plus de trois lieues, dit-il enfin, la nuit approche, et ils camperont bien certainement avant d’arriver jusqu’à nous. Puisque le colonel veut dormir, laissons-le dormir ; nous veillerons, nous. Le colonel entendit ces derniers mots, et il tendit la main à l’Italien. – Merci, Felipone, dit-il, merci, ami ; tu es bon et courageux, toi, tu ne te laisses pas abattre par ce gredin de vent du nord. Oh ! le froid ! Et le colonel prononçait ces derniers mots avec l’accent de la terreur. – Mais je ne suis point blessé, moi, répondit l’Italien, et il est tout simple que je souffre moins. – Ami, reprit le colonel tandis que le hussard jetait dans le brasier tout ce qu’il trouvait de broussailles et de branches mortes autour de lui, j’ai trente-cinq ans. Soldat à seize ans, j’étais colonel à trente, c’est te dire que j’ai été brave et patient. Eh bien, mon énergie, mon courage, tout, jusqu’à l’indifférence avec laquelle j’acceptais les privations sans nombre de notre noble et dur métier, tout vient échouer contre cet ennemi mortel qu’on appelle le froid. J’ai froid !... Comprends-tu ? » En Italie, j’ai passé treize heures sur un champ de bataille sous un monceau de cadavres, la tête dans le sang, les pieds dans la boue. » En Espagne, au siège de Saragosse, je suis monté à l’assaut avec deux balles dans la poitrine ; à Wagram, je suis resté à cheval jusqu’au soir, la cuisse traversée d’un coup de baïonnette. Eh bien, aujourd’hui, je ne suis plus qu’un corps sans âme, un homme à moitié mort... un lâche qui fuit un ennemi qu’il méprise ! les Cosaques ! Et tout cela parce que j’ai froid !... – Armand... Armand, courage ! dit le capitaine, nous ne serons pas toujours en Russie... nous regagnerons des climats moins durs... nous reverrons le soleil... et les lions sortiront alors de leur torpeur... Le colonel Armand de Kergaz, c’était son nom, hocha tristement la tête. – Non, dit-il, je ne reverrai ni le soleil, ni la France... Encore quelques heures de cet horrible froid, et je suis mort ! – Armand ! – Mon colonel ! exclamèrent en même temps le capitaine et le hussard. – Je meurs de froid, murmura le colonel avec un sourire navré, de froid et de sommeil. Et comme sa tête s’inclinait sur sa poitrine, et que cette torpeur invincible qui coûta la vie à tant de nobles cœurs, dans cette lamentable retraite de Russie, commençait à s’emparer de lui, le colonel fit un suprême effort, rejeta vivement la tête en arrière, et dit : – Non, non, je ne peux pas dormir encore ; il faut que je songe à ceux qui sont là-bas. Et son regard était tourné vers l’horizon, dans la direction de la France. – Amis, continua-t-il, en s’adressant à la fois au soldat fidèle et dévoué et au capitaine, vous me survivrez tous deux, sans doute, et vous garderez mon souvenir. Eh bien, écoutez, je vous confie ma volonté dernière, je vous recommande ma femme et mon enfant. Il tendit de nouveau la main au capitaine Felipone, et poursuivit : – J’ai laissé là-bas, dans notre France aimée, une femme de dix-neuf ans et un enfant qui venait de naître. Bientôt peut-être, la femme sera veuve et l’enfant orphelin. – Armand ! Armand ! dit le capitaine, ne parle donc point ainsi ; tu vivras ! – Oh ! je voudrais vivre ! murmura-t-il ; vivre et les revoir tous deux !... L’œil du colonel étincelait, tandis qu’il parlait ainsi d’espérance et d’ardent amour. – Mais, reprit-il avec un triste sourire, je puis mourir, aussi... et la veuve et l’orphelin ont besoin de protecteurs. – Ah ! colonel, s’écria Bastien, vous savez bien que, s’il vous arrivait malheur, votre hussard donnerait sa vie seconde à seconde, et son sang jusqu’à la dernière goutte, pour votre femme et votre enfant. – Merci ! dit le colonel, je compte sur toi. Puis il regarda l’Italien. – Et toi, dit-il, toi, mon vieux camarade, mon ami, mon frère ? Le capitaine tressaillit, et un nuage passa sur son front. On eût dit que de lointains souvenirs venaient d’être évoqués chez lui par les dernières paroles du colonel. – Tu viens de le dire, Armand, répondit-il ; ne suis-je pas ton camarade, ton ami, ton frère ? – Eh bien, si je meurs, reprit le colonel, tu seras l’appui de ma femme, le père de mon enfant. Une vive rougeur monta, à ces mots, au visage du capitaine ; mais le colonel n’y prit garde, et il ajouta : – Je sais que tu aimais Hélène, et tu sais bien aussi que nous la laissâmes libre de choisir entre nous deux. Plus heureux que toi, je fus l’élu de son cœur, et je te remercie d’avoir accepté ce sacrifice et d’être demeuré l’ami de celui qui fut ton rival. Le capitaine avait les yeux baissés. Une pâleur mate venait de succéder à l’incarnat de son front, et si son interlocuteur eût eu tout son sang-froid et n’eût été dominé par ce mélange atroce de souffrances morales et de douleurs physiques, il eût compris qu’une lutte violente s’élevait dans le cœur de l’Italien, torturé par un souvenir. – Si je meurs, acheva le colonel, tu l’épouseras... Tiens... En prononçant ce dernier mot, le colonel ouvrit son uniforme et tendit un pli cacheté à Felipone. – Voilà mon testament, dit-il ; je l’ai écrit au début de notre malheureuse campagne, et agité d’un étrange pressentiment. Par ce testament, mon ami, je te laisse la moitié de ma fortune, si tu consens à épouser ma veuve. De pâle qu’il était, le capitaine devint livide, un tressaillement nerveux s’empara de tout son corps, et il étendit vers le testament une main convulsive. – Sois tranquille, Armand, murmura-t-il d’une voix sourde, s’il t’arrivait malheur, je t’obéirais... Mais tu vivras, ajouta-t-il, tu reverras ton Hélène, pour laquelle je n’éprouve plus désormais qu’une vive et respectueuse amitié. – J’ai froid, répéta le colonel, avec la conviction d’un homme qui croit à sa mort prochaine. Et sa tête s’inclina de nouveau sur sa poitrine, et le sommeil le prit avec une ténacité tyrannique. – Laissons-le dormir quelques heures, dit le capitaine à Bastien, nous veillerons. – Gueuse de bise ! murmura Bastien avec colère, et tout en aidant l’Italien à coucher le colonel en travers du brasier et à le couvrir de lambeaux de vêtements et de couvertures qu’ils possédaient encore. Cinq minutes après, le colonel Armand de Kergaz dormait profondément. Bastien, l’œil attaché sur lui, avec la caressante fixité du chien fidèle, alimentait sans cesse le brasier, et veillait à ce qu’aucune étincelle, aucun charbon ardent ne tombât sur son chef endormi. Quant au capitaine, il avait la tête dans ses mains ; son regard était baissé, et mille pensées confuses s’agitaient sans doute dans son cerveau. Cet homme, pour lequel le colonel avait une aveugle amitié, possédait tous les vices des peuples dégénérés. Avide et vindicatif, il était souple et insinuant avec tout le monde. Soldat de fortune, il avait eu l’art de se lier dans l’armée française avec des officiers riches et titrés. Ne possédant pas une obole, il n’avait que des amis millionnaires. Felipone était devenu capitaine bien plus par la force des choses, en un temps où la mort faisait une ample moisson d’officiers, que par sa propre bravoure. Il avait bien assisté à plusieurs batailles, mais jamais on ne l’y avait vu s’y distinguer personnellement. Peut-être n’était-ce point un lâche ; mais, à coup sûr, ce n’était pas un homme brave jusqu’à la témérité. Felipone et le colonel Armand étaient amis depuis quinze années. Capitaines tous deux, trois ans auparavant, ils avaient rencontré à Paris mademoiselle Hélène Durand, fille d’un fournisseur des armées, belle et charmante jeune fille dont ils s’éprirent tous les deux. Hélène avait choisi le colonel. De ce jour, Felipone jura à son ami cette haine violente et terrible qui ne peut germer que dans un cœur méridional, haine concentrée et muette, dissimulée sous les dehors de la plus cordiale affection, mais implacable, mortelle, et qui devait éclater au premier moment favorable. Vingt fois durant la campagne, au milieu d’une mêlée, Felipone avait ajusté le colonel dans l’ombre et la fumée du combat. Vingt fois il avait hésité, cherchant une vengeance plus complète et plus cruelle que cet assassinat. Or, cette vengeance, l’Italien venait de la trouver enfin, et il la méditait froidement, tandis que le colonel dormait sous le regard dévoué de Bastien. – Le fou ! pensait Felipone qui jetait de temps à autre un sombre coup d’œil à l’officier endormi, le fou ! il vient de me donner à la fois son argent, à moi qui suis pauvre, et sa femme, à moi qu’elle a repoussé... On ne saurait prononcer plus éloquemment son arrêt de mort. Le regard du capitaine s’arrêta l’espace d’une seconde sur Bastien. – Cet homme me gêne, se dit-il, tant pis pour lui ! Et Felipone se dressa et s’approcha de son cheval. – Que faites-vous, capitaine ? demanda le hussard. – Je veux vérifier les amorces de mes pistolets. – Ah ! dit Bastien. – Avec cette neige du diable, poursuivit tranquillement le capitaine, il ne serait pas étonnant que les bassinets eussent pris de l’humidité, et si les Cosaques arrivaient... Felipone mit à ces mots les mains sur les fontes, en retira un pistolet et en fit jouer négligemment la batterie. Bastien le regardait tranquillement et sans défiance aucune. – La poudre est sèche, dit le capitaine, le silex est en bon état. Passons à un autre. Et il prit un second pistolet, qu’il vérifia avec le même soin. – Sais-tu, dit-il tout à coup en regardant le hussard, que j’ai une adresse merveilleuse au tir de cette arme. – C’est bien possible, capitaine. – À trente pas, continua tranquillement Felipone, dans un duel, je touchais mon homme au cœur, et je le tuais toujours raide. – Ah ! murmura Bastien avec distraction, et tout entier à ses fonctions de veilleur de nuit. – Il y a mieux, poursuivit le capitaine, j’ai fait plusieurs fois le pari de crever un œil à mon adversaire, le gauche ou le droit, et j’ai toujours fait mouche... Mais, vois-tu, ami Bastien, le plus simple est de viser au cœur, on tue raide. Et le capitaine abaissa le canon de son pistolet. – Que faites-vous ? s’écria vivement Bastien, qui fit un saut en arrière. – Je vise au cœur, répondit froidement Felipone, qui ajusta le soldat en disant : Je ne veux pas te faire souffrir. Et il fit feu, ajoutant : – Tu me gênais, mon garçon ; tant pis pour toi ! Un éclair illumina la nuit, une détonation se fit entendre, suivie d’un cri de douleur, et le hussard tomba à la renverse. À ce bruit, à ce cri, le colonel fut brusquement arraché à son léthargique sommeil, et il se souleva à demi, croyant avoir affaire aux Russes. Mais Felipone, qui s’était armé du second pistolet, lui appuya soudain son genou sur la poitrine et le renversa brutalement sur le sol, où il le tint couché. Alors le colonel, stupéfait de cette brusque agression, put voir penchée sur lui la figure grimaçante et railleuse de son ennemi, animée d’un féroce sourire, et ce sourire lui révéla, avec la rapidité de l’éclair, toute la bassesse, toute la cruelle infamie de cet homme en qui il avait cru. – Ah ! ah ! ricana l’Italien, tu as été assez niais, colonel Armand de Kergaz, pour croire à l’amitié de l’homme à qui tu avais volé la femme qu’il aimait... et tu as été assez niais pour t’imaginer qu’il te le pardonnerait jamais ! Ah ! tu as poussé la sottise et la stupidité jusqu’à faire ton testament, suppliant ce cher ami d’épouser ta veuve et d’accepter la moitié de ta fortune !... Et puis, tu t’es endormi tranquillement avec l’espoir de te réveiller, de voir luire des jours meilleurs et de rejoindre cette femme et cet enfant, objets de ta sollicitude ardente !... Triple sot !... Eh bien, non, acheva le capitaine, tu ne les reverras pas, et tu vas te rendormir pour toujours, cher ami ! Et le capitaine dirigea le canon de son pistolet vers le front d’Armand de Kergaz. Celui-ci, dominé par l’instinct de la conservation, essaya de se débarrasser de son étreinte, de secouer ce genou qui pesait sur lui. Mais Felipone le tint cloué à terre et lui dit : – C’est inutile, mon colonel, il faut rester ici. – Lâche ! murmura Armand de Kergaz, dont l’œil étincela de mépris. – Sois tranquille, Armand, ton vœu sera accompli : j’épouserai ta veuve, je porterai ton deuil, et le monde me verra te pleurer éternellement. Je suis homme à observer les convenances. Et le pistolet toucha le front du colonel, maintenu immobile sous le genou de l’Italien, et celui-ci fit feu avec le même sang-froid qu’il en avait mis tout à l’heure à tirer sur le hussard fidèle. La balle brisa le crâne au colonel Armand de Kergaz, et les débris de sa cervelle rejaillirent sanglants sur les mains de l’assassin. Bastien était étendu tout auprès dans une mare de sang, et le crime de l’Italien n’avait eu d’autre témoin que Dieu.
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