V René Longuemare se leva devant elle. Il était plus pâle qu’autrefois. Ses joues mieux remplies et tous ses traits s’étaient adoucis ; une teinte séreuse les revêtait et ses yeux luisaient dans un demi-cercle plombé et martelé, trace des fièvres qu’il avait prises là-bas, dans les rizières. Il avait toujours son regard brave, sa grosse bouche affectueuse, sa mine ouverte. – Vous voyez, lui dit-elle, que la terre est petite et qu’on revient de partout. Je ne suis pas surprise de vous revoir et j’en suis bien heureuse. Ils furent mal à l’aise d’abord. Chacun avait un long espace de vie inconnu à l’autre. Ils cherchaient à se reconnaître. Soit qu’elle voulût faire son devoir de maîtresse de maison, soit qu’elle fût tentée par un secret sentiment, elle lança le premier mot cordial. – On a