Un Défi pour Saber

Chapitre 3-1

3

— Hunter, réveille-toi, gronda Saber tôt le lendemain matin, se penchant sur le corps inerte de son ami et le secouant.

Il donna de petites claques sur le visage de Hunter avant de regarder Dagger par-dessus son épaule.

— Un indice ? demanda-t-il.

— Elles sont parties par la fenêtre de derrière, répondit Dagger, désignant du menton l'endroit où Hunter reposait sous une couverture fine. Comment va-t-il ?

— Il est dans les pommes, marmonna Saber en regardant l’injecteur vidé. Tu ferais mieux d’aller chercher Carp. Hunter va déjà être assez furax comme ça. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'attendre qu'il reprenne connaissance. Ça ne ferait que donner davantage de temps à ces femelles pour s'enfuir.

Vingt minutes plus tard, un Hunter particulièrement remonté était assis à la même table où il s'était trouvé quelques heures plus tôt. Saber ne parvint pas à contenir le sourire qui lui monta aux lèvres. Il semblait bien que sa petite Humaine ait encore frappé. Son sourire céda rapidement la place à un air renfrogné quand il réalisa où ses pensées l’avaient entraîné.

Elle n’est pas à moi, se dit-il, exaspéré. Enfin, elle n’est pas encore à moi, mais elle le sera.

— Saber ! gronda à nouveau Hunter, le ramenant au présent.

— Quoi ? dit Saber en fronçant les sourcils, jetant un regard noir à Hunter de l'autre côté de la table.

— J’ai demandé comment Taylor a-t-elle été capable de mettre la main sur un injecteur à sédatif, s’enquit Hunter d’un ton accusateur, lui jetant un regard noir.

Saber haussa les épaules et fit un signe de la main à Carp.

— Comment le saurais-je ? L’infirmier et Carp n’ont pas voulu me laisser entrer dans la salle d’examen. Demande à Carp. C'est lui le guérisseur, pas moi, lança-t-il, sur la défensive. Je t’avais dit que c’était une petite furie. J'étais couvert de nourriture quand je te l’ai ramenée.

Carp leva les bras au ciel et secoua la tête.

— Je l’ai simplement examinée comme on me l'a demandé, rétorqua-t-il lorsque Hunter braqua sur lui son regard irrité. Saber a insisté pour qu’on examine la jeune Humaine. Et il a bien fait. Son corps montrait une augmentation de ses globules blancs, indiquant qu’elle luttait contre une infection. Je pense qu’en quelques jours, elle aurait été aussi malade que ses sœurs. Son organisme était également en carence de nutriments essentiels à cause de sa longue période de malnutrition.

Saber se leva de son siège et jeta un regard sombre à Carp.

— Vous ne m’avez rien dit de cela ! Vous m’aviez dit qu’elle allait bien, gronda-t-il.

— J’ai dit qu’elle irait bien, le corrigea Carp. Quand vous m’avez prévenu de ce qui était arrivé à Hunter, j’ai vérifié le placard à médicaments de la pièce où j’ai examiné Taylor. Elle l'avait vidé. Il faut que je retourne à l'unité médicale. Je ne peux que vous dire bonne chance. J’ai le sentiment que vous allez en avoir besoin, tous les trois !

Carp les salua d’une inclinaison de la tête avant de quitter la pièce.

Saber grimaça lorsque Hunter ignora le départ de Carp et se tourna pour le regarder. Il savait ce que Hunter s’apprêtait à dire. Le problème était que Saber n'avait pas de réponse.

— Ce qui me ramène à me demander comment shewta a-t-elle transporté tout cela sous ton nez ? s'enquit Hunter d’un ton brusque.

Saber haussa un sourcil.

— Comment t’a-t-elle assommé ? rétorqua-t-il, décidant que l’attaque était la meilleure option.

Il ne pouvait tout de même pas lui dire qu’il avait été trop occupé à essayer de ne pas paraître encore plus idiot devant Taylor qu’il ne l’avait déjà fait à la cafétéria.

— Je ne pense pas qu’il faille nous demander comment ou pourquoi pour le moment, dit enfin Dagger, planté à la fenêtre qui donnait sur la base et se tournant vers eux. Ce qui importe est que nous les retrouvions.

Saber regarda Hunter incliner la tête et prendre une profonde inspiration avant de quitter sa chaise. Il rendit son regard à Hunter quand celui-ci les observa successivement, lui et Dagger, avec une expression légèrement confuse sur le visage. Saber savait que Hunter pouvait entendre la note légèrement possessive dans sa voix et dans celle de Dagger quand ils parlaient des autres femelles.

Cela rappela à Saber l'époque où ils étaient adolescents. Ils avaient souvent deviné ce que les autres pensaient sans avoir besoin qu’on leur dise. Quand ils étaient jeunes, ils avaient juré solennellement d’être toujours là l'un pour l’autre. Retrouver les femelles n’était pas simplement pour le bénéfice de Hunter, qui devait retrouver Jesse à présent qu'il l'avait prise pour compagne, mais aussi pour celui de Dagger et de Saber.

— Dagger a raison, en convint Saber. Il faut qu’on les retrouve, Hunter.

Il s’interrompit, jetant un regard à Dagger avant d’inspirer profondément et de braquer à nouveau sur Hunter un regard soutenu.

— Je crois que ces femelles sont différentes. Je... À partir d’aujourd’hui, je jure sur mon honneur de guerrier que je les protègerai comme si elles étaient de mon sang. La petite, Taylor, est bien trop fougueuse pour ne pas s’attirer d’ennuis. Je crois que tu auras besoin de toute l’aide possible pour veiller à sa sécurité.

Dagger hocha la tête.

— Je suis d’accord, mais pour une autre raison, admit-il en regardant Hunter. J’annonce ma requête dès maintenant, mon ami. Celle qui s’appelle Jordan deviendra un jour mon Amate. Je jure sur ma vie que je la protègerai... dès que je l'aurais retrouvée, ajouta-t-il d’une voix sombre.

— Shewta ! dit Hunter, regardant Dagger d’un air choqué. Tu en es certain ?

Dagger rougit, mais ne détourna pas les yeux.

— Oui, répondit-il à voix basse.

Saber peina à soutenir le regard de Hunter quand celui-ci se tourna pour le regarder. Ses yeux étaient braqués sur la fenêtre par laquelle les filles s'étaient échappées. Il se balança d’un pied sur l’autre tandis que le silence s’alourdissait. Enfin, exaspéré, il rendit son regard à Hunter avec une expression légèrement tourmentée.

— Elle est jeune, répondit Hunter à voix basse.

Saber sentit son propre visage s’enflammer.

— Je sais, répondit-il.

— Cela ne sera pas facile. Quelque chose que dit qu’elle te poussera à bout, poursuivit Hunter.

— J’ai dit que je le savais, gronda Saber avant de tourner les yeux vers le visage amusé de Dagger. Sa sœur est jeune aussi. Tu devras attendre, toi aussi, fit-il remarquer.

— Oui, mais pas aussi jeune que l’autre, et elle ne mord pas, ricana Dagger avant qu’il ne redevienne sérieux et qu'un pli ne lui barre le front. Du moins, je ne crois pas.

— Je crois qu’il va falloir qu’on s’y mette à trois pour veiller sur elles, répondit Hunter avec une grimace tandis qu’il faisait courir une main sur son cou, touchant l’endroit où Taylor lui avait injecté le sédatif.

— Alors je suggère que nous partions à leur recherche, dit Saber en se frottant les mains. J’ai un petit démon à étrangler.