Je me trouvais en effet pour le moment assez satisfait de mon sort. Les deux rives entre lesquelles nous glissions étaient jonchées de foin nouvellement coupé qui parfumait l’air. Je voyais fuir autour de nous les sombres avenues du parc que le soleil du matin parsemait de traînées éclatantes ; des millions d’insectes s’enivraient de rosée dans le calice des fleurs, en bourdonnant joyeusement. Vis-à-vis de moi, le bon Alain me souriait à chaque coup de rame d’un air de complaisance et de protection ; plus près, Mlle Marguerite, vêtue de blanc contre sa coutume, belle, fraîche et pure comme une pervenche, secouait d’une main les perles humides que l’heure matinale suspendait à la dentelle de son chapeau, et présentait l’autre comme un appât au fidèle Mervyn, qui nous suivait à la nage. Véri