Prologue
4 mois après le défi
Je jette un coup d'œil sur mon reflet projeté sur la fenêtre. Je n'ai l'air de rien avec mes cheveux coiffés à la vite fait, mon visage sans expression et mon regard qui dévoile à quel point je suis perdu. J'aurai aimé qu'il pleuve, ça ira parfaitement avec mon humeur depuis quelques temps. Je tourne ma tête vers les groupes qui se forment devant la fraternité. Je n'ai aucune volonté de me joindre à eux, pas après ce qu'il s'est passé.
J'entends la porte s'ouvrir doucement. L'idée que quelqu'un soit venu me résonner pour que je vienne faire la fête avec eux ne me réjouit pas plus que ça. Je ne veux pas fêter quelque chose sans lui, surtout pas la fin de l'université. Cela reviendrait à dire adieu à tous ces souvenirs dans cette maison, mes souvenirs avec lui.
Je crois que j'ai besoin de mettre des mots sur ce que je ressens. Jamais je ne me suis senti aussi dévasté par le départ de quelqu'un et j'ai du mal à me relever.
-Je n'aurais jamais pensé pouvoir aimer un garçon. Tu y crois, toi ? Moi, le mec qui couche avec toutes les filles qui passent devant mes yeux, je regarde le ciel sans trop le regarder, Non, je ne suis pas gay si tu te poses la question. C'est juste lui. Oui, rien que lui. Je n'aimerai jamais un autre mec, c'est impossible.
Je m'arrête quelques secondes, je sens mes yeux s'embrumés. Il était devenu tellement pour moi que je n'arrive toujours pas à croire qu'il soit parti. J'ai besoin de le dire à haute voix, peut être que cela me fera réaliser qu'il n'est plus à mes côtés.
-Mais il est parti maintenant, me laissant ici, seul, sans lui. Je ne sais même plus qui je suis vraiment, il a tout chamboulé. Et en partant il a tout pris avec lui sauf mes souvenirs, je lâche un rire nerveux en passant une main dans mes cheveux, je n'arrive même pas à faire semblant d'être heureux d'avoir fini mes études parce que je sais qu'il ne sera pas là pour fêter ça .Je sais qu'à cet instant précis j'ai l'air pitoyable mais j'en ai rien à faire. Plus rien ne compte réellement pour moi.
Je me tiens là devant cette fenêtre regardant tous ces jeunes diplômés qui sont heureux d'avoir eu leur diplôme. Pourquoi a-t-il fallu qu'il parte ? Lui, le mec pour qui je suis tombé amoureux. Lui, le mec qui m'a complètement changé. Celui qui m'a montré que tombé amoureux n'était pas quelque chose que je devais fuir.
J'ai mis mon plus beau costume, celui qu'il préférait. Je l'avais acheté spécialement pour la soirée des remises de diplômes où je devais m'y rendre, accompagné de lui. Mais ça n'arrivera surement pas. Je soupire pour la millième fois depuis ce matin, je n'arrive pas à le sortir de mes pensées.
Le jeune homme derrière moi n'a pas dit un mot depuis qu'il est arrivé. Je suppose qu'il est venu me voir comme tous les jours depuis qu'il est parti sans attendre quoi que ce soit de ma part.
Il prend la parole pour ne faire que répéter toujours la même chose depuis quelques semaines.
-Je suis désolé, c'est à cause de moi. Je n'aurais jamais du vous lancer ce défi. Tu n'imagines même pas à quel point je regrette tout ça. Si j'avais su...
-Si tu avais su tu aurais fait quoi ? Rien, absolument rien. Tu as toujours été comme ça, à lancer des défis à droite et à gauche sans te soucier des conséquences, je déclare d'un ton froid.
-Vous êtes mes meilleurs amis! Si j'avais su que ça irait aussi loin, jamais je n'aurais lancé ce stupide défi, crie-t-il non pas en colère mais désarçonné par ce que je viens de dire.
Je sais que je blesse un de mes meilleurs amis en agissant comme ça mais c'est plus fort que moi. Il est la cause de tous ce qu'il est arrivé. Cela fait quelques semaines que le défi est terminé et que je n'ai plus de nouvelle de lui. Son départ précipité m'a tellement touché que dès la minute où il m'a dit adieu je me suis effondré. Tout ça à cause de ce défi, à cause du mec qui se tient derrière moi. Je ne sais même plus comment on en est arrivé là, tellement de chose se sont passés.
-Tu sais le pire dans tout ça ce n'est pas ce stupide défi. Non, ce n'est pas ça... Mais le fait que je sois tombé amoureux de cet abruti, ce lâche et que je l'ai laissé partir sans rien dire, dis-je en frappant le mur à côté de la fenêtre avec mon poing.
-Il t'aimait lui aussi, j'en suis sûr ! Ça se voyait, c'était flagrant, réplique-t-il.
-Vraiment ? Alors pourquoi tu utilises le passé comme s'il ne reviendra jamais! S'il ne revient pas, j'en conclue qu'il ne m'a jamais aimé, je crie d'un ton haineux.
-Je...
-Je n'en peux plus! Je deviens fou depuis qu'il n'est plus là. Aucune fille ne m'intéresse, j'ai lâché le rugby, je ne fais plus rien de mes journées. Ma vie ne ressemble plus à rien p****n !
Je frappe encore le mur et je sens du sang couler. Mais je m'en fous, ça ne me fait rien. J'ai besoin d'évacuer ma colère, ma tristesse et mon manque de lui.
-Va-t'en, laisse-moi seul.
-Non, j'ai peur pour toi. Il ne voudrait pas ça, murmure-t-il.
-p****n ! Mais qu'est-ce que tu en sais de ce qu'il voudrait ou non ?
-Je...
-Dégage James ! , je crie de toutes mes forces.
Je le sens reculer d'un pas. Il va bien finir par partir un jour ou l'autre. James n'aime pas me voir en colère et il sait de quoi je suis capable. Je préfère lui faire peur pour qu'il s'en aille plutôt que de lui faire du mal.
-Je ne veux plus entendre parler de lui.., dis-je en murmurant pour moi-même.
-Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, on est tous en bas, dit-il d'une voix se voulant rassurante.
Il soupire d'exaspération, il ne sait plus quoi faire avec moi. J'entends ses pas s'éloigner puis la porte se refermer.
-Je le déteste..., dis-je à haute voix pour essayer de mieux me convaincre de ce mensonge.
Je ne peux pas m'empêcher de l'aimer malgré le fait qu'il m'ait abandonné. Je n'arrive plus à retenir les larmes qui s'échappent de mes yeux.
J'entends les rires et les cris de joies à travers la fenêtre. Je me retourne impuissant face à tant de joie. Je me laisse glisser lentement contre le mur. Je n'ai plus de force, j'arrive à un point où je me dis que je n'arriverai pas à vivre sans lui. Ma main est en sang mais j'aime cette douleur. Ça me rappelle que je suis bien vivant. Ça me rappelle que ce n'était pas un rêve, toutes ces nuits passées à ses côtés et ses baisers ont existés. Non, je n'ai pas rêvé tout ça.
-Reviens moi, dis-je dans un dernier soupire.