Le généreux enfant parlait bien avec fièvre de prendre les armes et de massacrer les ennemis de la République ; mais, dès que ces ennemis sortaient du rêve et se personnifiaient dans son oncle Pierre ou dans toute autre personne de sa connaissance, il comptait sur le ciel pour lui éviter l’horreur du sang versé. Il est à croire qu’il aurait même cessé de fréquenter Macquart, dont les fureurs jalouses lui causaient une sorte de malaise, s’il n’avait goûté la joie de parler librement chez lui de sa chère République. Toutefois, son oncle eut sur sa destinée une influence décisive ; il irrita ses nerfs par ses continuelles diatribes ; il acheva de lui faire souhaiter âprement la lutte armée, la conquête violente du bonheur universel. Comme Silvère atteignait sa seizième année, Macquart le fit