PARTIE 11
MALIKA KA
-Ma M, dit-elle en sautant sur moi. Qu'est-ce que tu m'as manqué ?
C'est Dina et elle est bien matinale puisqu’il est dix heures. Elle qui adore dormir. Ça doit être le décalage horaire (Ou jetlag comme elle dit. Nous n’avons pas les mêmes valeurs. Bref) vu qu'elle est rentrée hier, 10 jours après le départ de William. Mais ça me fait super plaisir qu’elle soit là. Elle m’a manqué à moi aussi.
-Ta M que tu as abandonné presque pendant 3 mois. C'est beau l'amour hein.
-Mais c'est qu'elle est déprimée la Lili de Liam. Tu es trop amoureuse Lika.
-Lève toi déjà tu m'écrases avec tes grosses fesses, dis-je pour la taquiner
Elle se met debout et fait semblant de me scruter l’air choquée
-Moi ? De grosses fesses ? Ta dépression est bien plus grave que je ne le croyais. William est au courant de ça ? Parce qu’il n’approuverait pas. Regarde toi on dirait moi. D’habitude c’est toi la joyeuse et moi la déprimée. What happen in our world ?
-Il me manque. C’est affreux
-Je sais ma chérie. Il m’a appelé
-Vraiment ?
-Oui. Il s’inquiète pour toi tu sais. Lika c’est pas bien ce que tu fais. Laisse le profiter de la France et pour ça tu dois retrouver ta bonne humeur. Tu lui fais du mal à lui aussi en agissant ainsi. Il pense à rentrer. D'ailleurs il en a parlé à sa mère
-Quoi ? Dis-je en me levant. Il ne peut pas faire ça. Il doit rester là-bas
-Pourquoi l'empêches-tu de le faire alors ?
-Je ne l'empêche pas
-Si en étant aussi malheureuse. Regarde toi. Il ne te manque plus que le foulard sur la tête et le panier des condoléances et tu serais une parfaite veuve.
-Toi aussi. Pourquoi vous me parlez de mort maman et toi ?
-Parce que tu ressembles à une veuve éplorée. Limite si tu ne fais pas pitié.
-Okay. Je vais me reprendre.
-Voilà. Va te laver et on va à la plage.
-Quoi ? Tu veux bronzer ? Je lui demande avec un sourire sarcastique en sortant de mon lit
-Imbécile, me dit-elle en me jetant un coussin.
Je lui tire la langue avant d’entrer dans la douche. On n'est pas allées à la plage finalement. On a juste fait le tour de Dakar comme des touristes perdus. J’ai passé une bonne journée avec elle, chose qui ne m’était plus arrivée depuis un moment. William me manque mais je me sentais seule aussi. Hammel étant parti, je n’avais plus personne avec qui restait. Il y a Yanis mais le voir me fait trop penser à William donc je le fuis comme la peste. En plus il est beaucoup plus âgé que moi. On n’a pas les mêmes délires. Et dernièrement il s’est posé avec une fille très douce (Alléluia. Merci Jésus Marie Joseph, a crié sa mère quand elle a été au courant loool) donc j’aurai été un gène si je m’étais collée à ses baskets.
-Je suis contente que tu sois rentrée, dis-je à Madina.
-Je t’ai manqué hein, dit-elle avec un large sourire
-Ça te fait plaisir hein. Oui tu m’as manqué ma M.
-Tu m’as manqué aussi. On rentre. Je vais te donner tes cadeaux ?
-Bonne idée. Je commence à avoir mal aux pieds.
Elle m’a acheté deux paires chaussures à talons et deux sacs à main , des Jimmy choo s’il vous plaît ainsi que des robes de marque et des accessoires pour mes dessins
-Tu as braqué une banque ou quoi ? C’est quoi tout ça ? Les p****n de chaussures
-Madame, surveillez votre langue s’il vous plaît.
-Va là-bas. Regarde comment elles me font de jolis pieds. Je séduis qui je veux avec ça à mes pieds
-Mais bien sûr.
-Combien t’a coûté tout ça ?
-Je ne sais pas. Je n’ai pas payé.
-Sérieux ? Merci à celui qui a payé ces merveilles alors. Tu m’as gâté M. Merci
-Mais de rien. Maintenant pour te rendre jalouse, je vais te montrer ma nouvelle collection de chaussures
Et j’ai été jalouse. Déjà qu’elle avait énormément de chaussures, là on dirait une boutique. Où va-t-elle porter tout ça ?
-Tu sais que c’est un crime quand tu mets d’aussi jolies chaussures avec tes pantalons et tes t-shirts à manches longues là ? Pourquoi tu ne porterais pas de jolies robes et des jupes, des choses aussi féminines que les chaussures que tu achètes.
-Parce que je tiens à vivre longtemps.
-Mais arrête. Tu mets déjà de la crème solaire. Tu peux exposer tes jambes et tes bras quand même.
-Va dire ça à ma mère.
-Je suis sûre qu’elle serait d’accord. Tu serais sublime en robe. Qui sait ? Mon frère tomberait peut-être raide dingue de toi en te voyant féminine de la tête aux pieds
-Non merci. Il est parti ? Demande-t-elle
-Oui. Il est à Seattle. C’est loin de ton deuxième chez toi ?
-Euh ça va. Ce n’est pas très loin. Si tu viens avec moi en vacances tu pourras aller le voir même en voiture.
-Tu pourras aller le voir toi aussi, dis-je en la regardant. Sans attendre que je vienne
-Je ne crois pas non. Au nom de quoi ?
-De ce que tu ressens pour lui.
-Oui. Bien sûr. C’est tellement simple.
-Ou bien tu hésites avec Andrew ?
-WHAT IS WRONG WITH YOU ? ARE YOU CRAZY ? Crie-t-elle comme si je venais de dire une abomination
-J’ai dit quoi ? Je demande avec un visage innocent
-You don’t know ? Drew is my brother, dit-elle en prenant un air choqué
-Mais arrête avec tes anglais là. Vous avez le même sang que je ne serai pas au courant ? Tes yeux brillent quand tu parles de lui. Je te jure
-STOP TALKING ABOUT THAT RIGHT NOW
-Pourquoi tu t’énerves déjà ? On discute simplement
-Je ne veux pas parler de ça. C’est juste… Beurk. Ne redis plus jamais ça
Je souris pendant qu’elle fait un visage de dégoût.
-Quand ça va pourrir, ça va se sentir, j'ajoute pour la taquiner
-Tu vas sortir de ma chambre si tu continues
-Okay je me tais.
……
-N'empêche, Andrew est mal beau quand même.
-Malika, dit-elle menaçante
-Je te laisse tranquille.
J'ai décidé dormi chez elle. Drew comme elle le surnomme l'a appelé. Je l'ai observé tout le long de la conversation. Elle avait les yeux pétillants comme quand elle me parle de lui. Elle n'a pas arrêté de sourire, de toucher ses cheveux. Elle avait une légèreté que je ne lui connaissais pas. Même avec moi elle n'était pas si libérée. L'affaire de “Drew is my brother” là est extrêmement louche. Je sais que Dina est amoureuse de mon frère mais je crois aussi qu'elle l'est de Drew seulement son esprit ne veut pas l'accepter.
-C’était Drew, me dit-elle après avoir raccroché. Il te salue.
-J’avais remarqué que c’était lui. C’est gentil. Comment va-t-il ?
-Bien. Il va bien.
Je souris puis lui demande de me raconter son séjour. Elle me parle de Drew, de ses amis, de leur road trip, de Kim, de sa Leyla d’amour, de sa tante Khadija et son oncle Jamel et puis de Drew, Drew, Drew et encore Drew. J’allais lui faire remarquer le nombre de fois qu’elle parle de Drew quand Liam m’a appelé
-Ça va mon coeur ? Me demande-t-il quand je décroche
-Très bien et toi ?
-Je vois que tu as retrouvé ta bonne humeur. Dina a bien fait le travail que je lui ai confié
-On dirait. Elle m’a dit que tu pensais à rentrer
-Oui parce qu….
-Je ne veux pas te voir ici Liam. Je vais bien. J’étais juste un peu déprimée mais ça commence à passer. Je ne vais plus pleurer
-Tu promets ?
-Oui je te le promets.
-Bien. J’ai envie de te voir, me dit-il
-Je suis chez Dina mon chéri. On se skype demain d’accord
-D’accord.
-Tu t’habitues à la vie lyonnaise ?
Il me raconte ses premiers jours là-bas. Il est allé sur Paris en premier temps avec Bilo pour voir Kiki qui y habite avec son mari avant de descendre seul sur Lyon. Je me rends compte que c’est la première fois que je lui demande. J’ai été égoïste à penser à moi sans lui mais pas à lui sans moi. Moi au moins je reste avec les personnes que j’aime alors que lui se retrouve seul sans sa famille et ses amis, avec une nouvelle vie à adopter et de nouvelles habitudes à mettre en place. Pourtant il ne s’est pas plaint une seule fois.
-bébé ?
-Oui ma Lili
-Je te demande pardon ?
-De ?
-D’avoir été si égoïste. Je ne me souciais même pas de comment tu allais toi tellement j’étais occupée à me morfondre. Excuse-moi
-Ce n’est rien.
-Merci. Comment est ton nouveau chez toi ?
-Petit. Ma chambre me manque. La cuisine de maman aussi.
-Aww j’imagine. Ça doit être dur de passer des bons plats de tata Gaëlle à ce que tu te fais
-Mon ventre confirme.
Je discute avec lui pendant une bonne heure avant de le laisser aller dormir. Dina dormait déjà donc j’ai éteint les lumières et je me suis laissée aller dans les bras de morphée en pensant à mon bébé qui est si loin.
*********
MADINA AÏDARA SALL
Les cours ont repris et le train train quotidien aussi. La différence étant que j’étais en première S1 et Lika en S2 donc on était plus dans la même classe. Résultat je restai muette du matin au soir sauf quand un prof m’interroge ou pose une question.
Le mariage de tata Aïda sera pour le 26 Décembre. Maman, tata Yama et elle passent tous leurs week-end à l’organiser. Je n’en peux plus d’entendre parler de tissu, de fleurs, de robes de mariée, de gâteaux de mariage et j’en passe. Je crois que papa aussi fait une overdose. Je n’ai jamais eu aussi hâte que Noël arrive et qu’on célèbre enfin ce mariage. Note pour moi : N’informer ma mère de mon mariage que le jour même. Je n’arrive toujours pas à croire quand papa me dit que pourtant pour leur mariage elle ne voulait rien faire et que mamie a dû la forcer. Quel changement
-Je te vois beaucoup trop souvent ici les week-ends ? Me fait remarquer Rahim
-Tu n’as pas fini de me voir mon pote.
-Tant que tu ne me ramènes pas la dingue qui te sert d’amie tu peux rester autant que tu veux.
-C’est quoi ton problème en vrai avec Malika ?
-Elle-même
-Mais encore ?
-Elle est conne, chiante, emmerdante, énervante, idiote, invivable, irrespirable, …
-C’est bon. J’ai compris.
-J’avais oublié détestable.
-Au contraire elle est adorable et vous vous ressemblez beaucoup. Vous utilisez les mêmes expressions. Vous ne sortez jamais sans être parfaite de la tête aux pieds. Vous aimez vous moquer de moi. Et vous vous détestez avec la même force
-Tu vas sortir de chez moi si tu me compares encore à elle
-Si une personne peut sortir de cette maison c’est bien toi. Je suis ici chez moi. Mais sérieux essaie de mettre vos différents de côté et apprend à la connaître. Tu l’adorerais
-J’ai mieux à faire
-Ah oui ? Du genre ?
-Tu es devenue bavarde dernièrement. C’est fou ça. On t’a fait quoi pendant que je n’étais pas là
-Quand je ne parle pas vous vous plaignez. Quand je parle vous le faites aussi. Faut savoir ce que vous voulez.
-Ce que je veux, c’est que tu arrêtes de me parler de ta copine sinon tu peux dire tout ce que tu veux d’autre
-Je ne parle plus. Je boude et puis voilà
Il me regarde en souriant. Il savait que je n’allais pas le bouder longtemps. Voilà comment je passais mes week-ends. Je partage mon temps entre Rahim et Lika, comme un homme avec ses deux femmes. Cette dernière est partie en France pour les vacances de Noël. Vous savez bien qui elle va y voir même si de base elle doit loger à Paris chez sa soeur. Tata Dija est arrivée le 20 Décembre avec ma choupi Leyla. Cette fois j’étais la seule qu’elle connaissait à par sa mère donc elle était tout le temps avec moi. Je l’amenai partout ou j’allais parce que maman a réquisitionné tata Dija pour le mariage qu’elle prépare depuis là. J’étais heureuse de garder Leyla. Ça m’évitait d’être envoyé partout. Dès le matin je partais avec elle pour revenir le soir. Je crois que j’étais encore plus heureuse que tata Aïda le 26 Décembre, jour de son mariage. Enfin ma mère allait reprendre une vie normale.
Les mariés avaient décidé de tout faire en un jour donc ce matin on était tous prêts pour aller à la mairie. Tata Aïda est apparue sublime dans sa robe dorée cousue pour l’occasion par tata Raki avec un foulard rouge sur la tête. Ça faisait superbement sortir sa peau ébène.
-Aïda, tu es magnifique, lui dit tata Dija en la prenant dans ses bras.
Puis ce fut au tour de papa, puis de maman, de tata Yama, de mamie Aïcha (maman de papa), de la tata de papa etc. J’ai cru qu’on ne quitterait jamais la maison de mamie Aïcha mais on a quand même fini par partir. On a retrouvé tonton Souley une fois arrivé à la mairie. Il était habillé avec le même tissu doré que tata et ses yeux se sont mis à briller quand on s’est décalés et qu’il l’a vu descendre de la voiture. Elle ne l’a plu quitté des yeux jusqu’à ce qu’il arrive à son niveau. Il s’est penché pour lui murmurer quelque chose à l’oreille, lui arrachant un sourire des plus amoureux. Rien qu’à les voir je me suis mise à rêver d’un mariage avec… Hum hum, je m'égare.
On est ensuite tous entrés à l’intérieur de la mairie de Dakar pour assister au mariage civil. Papa et tata Khadija sont les témoins de tata Aïda et pour tonton Souley c’est son meilleur ami et un de ses cousins qui jouent ce rôle.
-Signe polygamie mec, a crié un des amis de tonton Souley quand l’officier d’état civil a posé la question.
-Je ne veux pas divorcer avant d’être marié, a crié tonton Souley à son tour faisant rire tout le monde.
Il a signé monogamie au plus grand bonheur de tata Aïda. Quelle femme accepte que son homme signe pour avoir 4 femmes ? C’est une promesse de tromperie assurée avec autorisation. C’est dire “Chérie je t’épouse mais attends toi à ce que je drague d’autres femmes”. Où est la logique ? Bref ils ont échangé leurs vœux et leurs alliances. Je m’attendais à ce qu’ils s’embrassent comme dans les films mais il n’y a rien eu, juste un petit bisou sur la joue. Je suis déçue.
On est sortis en premier puis on a fait la jetée de confettis sur les mariés. Leyla a trouvé ça très amusante et j’avais du mal à la tenir.
On est retournés chez mamie Aïcha où se passe la fête. Tata Aïda se prépare chez mes parents. Cette fois je n’ai pas pu y échapper. On m’a envoyé chercher des choses par ci et par là. J’ai faire tout ça avec Leyla dans les bras qui pleure dès qu’une autre personne l’approche. J’avais mal aux bras et aux jambes à la fin. J’avais faim en plus mais je n’ai même pas pu manger. La personne qui a cuisiné le déjeuner a dû y mettre tout le piment disponible à Dakar. J’ai pris une bouchée et je suis devenue rouge comme tomate. J’ai même du boire le biberon de lait de Leyla pour me soulager. J’ai appelé Ahmed qui m'a envoyé paître, frère indigne, donc j'ai appelé mon Rahim qui m’a apporté un sandwich avant d’aller à la mosquée avec les autres parce que je ne pouvais pas rester le ventre vide.
Les hommes sont allés à la mosquée et le mariage religieux a été célébré après la prière de l’Asr. Ils sont ensuite tous venus chez mamie Aïcha et tata Aïda est venue ensuite saluer dans un superbe taille-basse (tenue sénégalaise).
-Bon débarras, lui a dit papa quand elle finit
-Mauvais. Tu verras que ça va te manquer de me voir à tes pattes
-Je ne crois pas non. Je préfère te voir avec un mari. Je suis très heureux que tu te sois ENFIN mariée
Elle rigole en lui disant qu’il verra que je ferai comme elle. Elle n’a pas tort. Je ne suis pas du tout pressée de me marier. D’ailleurs je suis encore trop jeune pour ça
-Plus sérieusement. Je suis très heureux. Tu respires le bonheur. Souley a intérêt à prendre soin de ma sœur
-Sinon je t’appelle et tu le tapes
-Exactement, dit-il en rigolant. Je t’aime énormément
-Moi aussi Maël, dit-elle en la serrant dans ses bras.
On s’est tous changés pour la réception et tata Aïda a enfin mis sa robe de mariée qui était plus beige que blanche et elle était la plus belle. Son visage rayonnait de bonheur la rendant encore plus magnifique. J’ai mis une robe pour l’occasion. Oui vous avez bien entendu mais c’est ma mère qui m’a forcé. Je voulais mettre une combinaison à la base et elle a dit niet. La réception était superbe. Maman et ses acolytes ont fait du bon travail. J'ai adoré le gâteau de mariage fait par tata Gaëlle. Je n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi elle n'ouvre pas une pâtisserie ou un truc de ce genre. On dirait que le gâteau sort d'un magazine et il est aussi beau que bon. Him a pour la première de notre vie aimé ce que je porte. Il m’a même complimenté
-Que ce jour reste à jamais gravé dans nos mémoires comme celui où sa majesté Rahim m’a enfin trouvé digne de sa compagnie
-Tu es complètement folle, dit-il en riant.
Il m’a invité à danser. J'étais concentrée comme si ma vie entière dépendait de cette danse parce que Him pique une crise quand on ne fait pas les choses bien. Je plains sa future copine. Elle va souffrir avec monsieur parfait. Les mariés nous ont ensuite quitté pour aller en voyages de noces.
Je suis allée en voyages de noce aussi chez Rahim sauf que moi j'étais mariée avec la paresse. Vu le nettoyage qu'il va y avoir il est hors de question que je sois dans les pattes de ma mère. Je suis passée à la maison récupérer des affaires pour Leyla et moi pendant qu’elle n’y était pas avant de partir comme une voleuse.
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MALIKA KA
Quand j'ai posé les pieds à Paris je n'avais qu'une hâte, aller à Lyon et retrouver Liam. Je suis restée deux jours avec Bilo. Elle n'a demandé ni des nouvelles de papa ni de maman mais je voyais à quel point elle était triste. Je n'ai pas pu m'empêcher de lui en parler
-Ne me dis pas tu ne veux pas savoir comment vont les parents ?
……..
-Maman dit que tu ne décroches plus ses appels. Et qu’à chaque fois qu’elle te vire de l’argent, tu le lui renvoies. Bilo tu lui fais du mal. Ça te plaît de la faire souffrir
-Si tu es venue jusqu'ici pour me parler d'elle, tu peux repartir tout de suite.
-Mais qu'est-ce que tu reproches à maman à la fin ?
-D'avoir été une p**e
Je la regarde la bouche grande ouverte, totalement choquée par ce que je viens d'entendre avant de la gifler. Non mais Bilo a perdu définitivement la tête. C'est de sa mère qu'elle parle, celle qui lui a donné la vie.
-Qu'est-ce que tu as dit là ? Tu crois que je vais te laisser insulter maman sans rien faire
Elle m’a rendu ma gifle
-Tu es folle ou quoi ? Je suis ta grande sœur alors ne t’avise plus de poser la main sur moi
-Tu demandes du respect que tu ne donnes pas à ta mère. Qu’est-ce qui t’arrive bon sang ?
…..
-Quelle d****e consommes-tu ? Parce que je ne comprends pas. J'ai beau réfléchir, je ne vois pas pourquoi tu en veux autant à maman pour quelque chose qu'elle a fait avant que tu ne viennes au monde. Ça ne t'a jamais affecté que je sache.
-Si, crie-t-elle. Si ça m'a affecté. Je l'avais mis sur un piédestal. Elle représentait la femme parfaite pour moi. J'ai passé ma vie à me démener pour être à son niveau alors qu'elle n’est qu'une prostituée dont papa a eu pitié.
-Bilo !
-Non. À cause d'elle, Racine m'a utilisé. J'étais amoureuse de lui. J'étais prête à tout faire pour que ma relation avec lui marche mais ce n'était pas moi qu'il voulait. J'étais un second choix, son fantasme sur maman.
Donc c’est ça son vrai problème. Tout s’éclaircit. J'ai essayé de l'approcher parce qu'elle s'est mise à pleurer mais elle s'est écartée
-Ne me touche pas, dit-elle quand je réessaye
-Bibi ce n'est pas de la faute de maman si cet homme n'est qu'un c*n. C’est à lui que tu dois en vouloir et pas à maman. Et maman est toujours la mère que nous avons connu. Elle s'est battue pour en arriver là. Ça devrait être la seule chose qui compte.
-Bah ça ne l'est pas. J'ai perdu tous mes repères. En plus de tout ça elle m'a pris mon père. À cause d'elle, il m'a abandonné, dit-elle en effaçant rageusement ses larmes qui continuaient quand même de rouler sur ses joues.
Ça y est. Elle me fait pleurer aussi. Papa doit horriblement lui manquer. Je ne vous apprends rien de leur complicité. Bilo a toujours collé papa et il l'a gâté plus que tout le monde, un peu trop peut-être.
-Papa te manque n’est-ce pas ?
-Non, ment-elle
-Excuse-toi au près de maman et il te reviendra, je lui conseille en ignorant son mensonge. Appelle le. Tu sais qu'il te répondra toujours. Il est peut-être en colère contre toi mais il reste ton père.
-C'est lui qui m'a lâché. Pourquoi je l'appellerai ?
-Parce qu'il n'a pas à te choisir face à maman. C'est sa femme. Comment veux-tu que je t'explique ça ? Papa ne laissera jamais maman pour toi. Malgré tout l'amour qu'il a pour nous, il en a plus pour elle. C'est sa moitié, son âme sœur.
-Moi je suis de son sang.
-Et celui de maman aussi que tu le veuilles ou non. Sois raisonnable et appelle à la maison.
Bien sûr elle ne m'a pas écouté. Bilo est tellement têtue. J'ai rapporté à maman notre discussion quand elle m'a appelé pour avoir de ses nouvelles. Elle l'a appelé et elle n'a pas pris la peine de lui répondre. Je ne peux pas faire plus. Si elle veut perdre ses parents, c'est son problème. Au moins elle a le mérite de s’être débrouillée toute seule contrairement à ce que je croyais. Elle a réussi à trouver une entreprise et à poursuivre ses études en alternance. Papa serait fière d’elle si elle n’était pas aussi ancrée dans sa bêtise. Son principal défaut est sa principale qualité, sa détermination à toute épreuve. Rien ne l’arrête.
Je suis allée voir Kiki qui habite aussi à Paris avec son mari. Ils ont ouvert ensemble un restaurant qui marche très bien. Sa mère lui a transmis sa passion pour la cuisine et la pâtisserie. Je me suis gavée chez elle. Je lui ai dit de ne pas prévenir William parce que je voulais lui faire la surprise. Je ne lui ai pas dit que je venais. Elle m'a donné son adresse et m'a expliqué quel tram je devais prendre et dans quel direction pour me rendre chez lui. Le vendredi après midi, j'ai pris mon train direction Lyon. Je me suis perdue dans la gare de Lyon Part Dieu. J'ai pris la mauvaise sortie. Quelqu'un m'a expliqué que je pouvais prendre quand même ce tram pour aller à l'INSA. J'ai vu qu'il dessert l'arrêt où je devais descendre donc je suis entrée dedans. Je me suis encore perdue une fois descendue du tram. J'ai tourné en rond pendant 15 bonnes minutes avant qu'on ne m'indique la résidence où habite Liam. Je n’ai aucun sens de l’orientation lool. J'étais fatiguée quand je suis arrivée enfin devant sa porte. En plus il fait nuit déjà. J'ai sonné deux fois avant que la porte ne s'ouvre enfin. Il m'a regardé comme si j'étais une apparition
-Surprise, dis-je pour le sortir de son état de choc
-Lili ? Demande-t-il comme s’il doutait encore que ce soit
-Bonsoir mon amour, dis-je avec un large sourire en penchant la tête
-Lili, répète-t-il avec un de ces tons qui provoque en moi des millions de frissons avant de me soulever.