CHAPITRE SIX-2

2539 Words
Distrait par ses attaquants et sentant du mouvement derrière lui, Duncan se retourna puis vit un Pandésien saisir l'épée calée entre les portes et la tirer fortement par le pommeau. Comprenant qu'il fallait réagir sans attendre, Duncan se tourna, visa et lança son épée, qui virevolta sur elle-même avant de se loger dans la gorge de l'homme juste avant qu'il ne puisse extraire sa longue épée. Duncan avait sauvé la porte, mais cela l'avait laissé sans défense. Duncan fonça vers la porte en espérant élargir la fente mais, alors qu'il le faisait, un soldat le tacla par derrière et le fit tomber à terre. Le dos exposé, Duncan savait qu'il était en danger. Derrière lui, le Pandésien leva haut une lance pour lui transpercer le dos sans que Duncan puisse faire grand chose pour l'en empêcher. Un cri remplit l'air et, du coin de l’œil, Duncan vit Anvin se précipiter en avant, agiter sa massue et frapper le soldat au poignet, faisant tomber la lance de sa main juste avant qu'il n'empale Duncan. Ensuite, Anvin sauta de son cheval et plaqua l'homme au sol. En même temps, Arthfael et les autres arrivèrent et attaquèrent l'autre groupe de soldats qui se dirigeait vers Duncan. Dégagé, Duncan regarda autour de lui et vit que les soldats qui gardaient la porte étaient morts, que la porte était tout juste maintenue ouverte par son épée et, du coin de l’œil, il aperçut des centaines de soldats pandésiens commencer à émerger de la caserne dans l'aube et à aller précipitamment se battre contre Kavos, Bramthos, Seavig et leurs hommes. Il savait qu'il n'avait pas beaucoup de temps. Même si Kavos et ses hommes les combattaient, un nombre suffisant de Pandésiens les éviterait, irait vers les portes et, si Duncan ne contrôlait pas bientôt ces portes, tous ses hommes seraient perdus. Duncan évita une autre lance qu'on lui jetait depuis les parapets. Il se précipita, prit un arc et une flèche à un soldat mort, se pencha en arrière, visa et tira sur un Pandésien qui, tout en haut, se penchait et regardait vers le bas en tenant une lance. Le garçon hurla et tomba, empalé par la flèche, ne s'attendant visiblement pas à ça. Il tomba jusqu'au sol et atterrit avec fracas à côté de Duncan, qui se sortit pour ne pas être tué par le corps. Duncan fut très satisfait de constater que que ce garçon était le sonneur de cor. “LES PORTES !” cria Duncan à ses hommes pendant qu'ils finissaient de tuer les soldats qui restaient. Ses hommes se rassemblèrent, descendirent de cheval, se précipitèrent à côté de lui et l'aidèrent à ouvrir les énormes portes. Ils tirèrent de toutes leurs forces mais les portes bougèrent à peine. D'autres de ses hommes se joignirent à eux et, quand ils tirèrent tous ensemble, une porte commença à bouger lentement. Centimètre par centimètre, elle s'ouvrit et, bientôt, il y eut assez d'espace pour que Duncan puisse mettre le pied dans l'ouverture. Duncan introduit ses épaules dans l'ouverture et poussa de toutes ses forces en grognant, les bras tremblants. La sueur coula sur son visage malgré la fraîcheur de la matinée. Quand il regarda par l'ouverture, il vit les soldats déferler de la garnison. La plupart d'entre eux affrontèrent Kavos, Bramthos et leurs hommes, mais un nombre non négligeable d'entre eux les contourna et se dirigea vers lui. Un cri résonna soudain dans l'aube et, à côté de lui, Duncan vit un de ses hommes, un bon commandant, un homme loyal, tomber par terre. Il vit une lance dans son dos, leva les yeux et vit que les Pandésiens étaient à portée de tir. D'autres Pandésiens levèrent des lances pour les leur jeter dessus et Duncan se prépara en comprenant qu'ils n'allaient pas passer la porte à temps quand, soudain, à sa grande surprise, les soldats trébuchèrent et tombèrent face contre terre. Duncan leva les yeux, vit qu'ils avaient des flèches et des épées dans le dos et il sentit une poussée de gratitude quand il vit Bramthos et Seavig mener une centaine d'hommes, se détacher de Kavos, qui affrontait la garnison, et faire demi-tour pour l'aider. Duncan redoubla d'efforts et poussa de toutes ses forces. Anvin et Arthfael se glissèrent à côté de lui, sachant qu'il fallait agrandir suffisamment l'ouverture pour que ses hommes puissent s'y introduire. Finalement, quand d'autres de ses hommes se joignirent à eux, ils plantèrent les pieds dans le sol enneigé et commencèrent à marcher. Duncan avança pas à pas jusqu'à ce que, finalement, avec un gémissement, les portes s'ouvrent à moitié. On entendit un cri de victoire derrière Duncan, qui se retourna et vit Bramthos et Seavig mener la centaine d'hommes à cheval vers l'avant. Ils se ruèrent tous vers la porte ouverte. Duncan récupéra son épée, la leva haut et chargea. Il mena les hommes par les portes ouvertes et entra dans la capitale, renonçant à toute prudence. Des lances et des flèches leur pleuvaient encore dessus et Duncan savait qu'il fallait qu’ils prennent tout de suite le contrôle des parapets, qui étaient aussi équipés de catapultes susceptibles de causer des dommages sans fin à ses hommes d'en dessous. Il leva les yeux vers les remparts en se demandant quelle serait la meilleure façon d'y monter quand, soudain, il entendit un autre cri. Il regarda vers l'avant et vit une grande force de soldats pandésiens se rassembler depuis l'intérieur de la cité et leur foncer dessus. Duncan leur fit face avec assurance. “HOMMES D'ESCALON ! QUI A VÉCU DANS NOTRE PRÉCIEUSE CAPITALE !?” cria-t-il. Les hommes de Duncan crièrent tous et chargèrent derrière lui quand il remonta à cheval et les emmena affronter les soldats. Il s'ensuivit un grand affrontement, soldat contre soldat, cheval contre cheval, et Duncan et sa centaine d'hommes attaquèrent la centaine de soldats pandésiens. Duncan sentait que les Pandésiens avaient été pris à l'improviste à l'aube, s'étaient attendus à devoir se battre quand ils avaient repéré Duncan et ses quelques hommes mais ne s'étaient pas attendus à ce qu'il y ait tant de renforts derrière Duncan. Il les voyait écarquiller les yeux à la vue de Bramthos, de Seavig et de tous leurs hommes qui déferlaient par les portes de la cité. Duncan leva son épée, bloqua un coup d'épée, poignarda un soldat au ventre, se retourna, frappa un autre soldat à la tête avec son bouclier puis saisit la lance qui pendait de son harnais et la jeta vers un autre. A coups d'épée, il se fraya sans crainte un chemin à travers la foule, tua des hommes de tous côtés pendant que, tout autour de lui, Anvin, Arthfael, Bramthos, Seavig et leurs hommes en faisaient autant. C'est agréable d'être à nouveau dans la capitale, dans ces rues qu'il avait si bien connues auparavant, et c'était encore plus agréable de l'en débarrasser des Pandésiens. Bientôt, des dizaines de corps de Pandésiens s'amoncelèrent à leurs pieds, car aucun d'eux ne pouvait arrêter le déferlement de Duncan et de ses hommes, comme si une vague avait inondé la capitale à l'aube. Duncan et ses hommes avaient trop de choses en jeu, étaient venus de trop loin et ces hommes qui gardaient ces rues étaient loin de chez eux, démoralisés, sans cause forte, loin de leurs commandants et non préparés. Après tout, ils n'avaient jamais rencontré de vrais guerriers d'Escalon sur le champ de bataille. Le vent tournait. Les soldats pandésiens qui restaient firent demi-tour et s'enfuirent, abandonnant le combat. Duncan et ses hommes chevauchèrent plus vite, les traquèrent, les tuèrent avec des flèches et des lances jusqu'à ce qu'il n'en reste plus aucun de vivant. Le chemin vers la capitale était maintenant dégagé mais des flèches et des lances pleuvaient encore sur Duncan et ses hommes. Duncan se retourna et se concentra à nouveau sur les parapets. Un autre de ses hommes tomba de son cheval, l'épaule transpercée d'une flèche. Il fallait qu'ils conquièrent les parapets, les hauteurs, pas seulement pour arrêter les flèches mais aussi pour aider Kavos; après tout, sur le champ de bataille au-delà des murs, Kavos était encore en infériorité numérique et aurait besoin que Duncan conquière les parapets, avec les catapultes, pour avoir une chance de survivre. “LES HAUTEURS !” cria Duncan. Les hommes de Duncan poussèrent des cris d'encouragement et le suivirent quand il leur fit signe et bifurqua. Une moitié des hommes le suivit et l'autre moitié suivit Bramthos et Seavig vers l'autre côté de la cour pour faire l'ascension de l'autre côté. Duncan se dirigea vers les marches en pierre qui longeaient les murs latéraux et menaient vers les parapets d'en haut. La dizaine de soldats qui les gardait leva et écarquilla les yeux en voyant venir l'assaut. Duncan se rua sur eux et lui et ses hommes jetèrent des lances, les tuant tous avant qu'ils puissent même lever leur bouclier. Il n'y avait plus de temps à perdre. Ils atteignirent les marches. Duncan descendit de cheval et mena la charge vers le haut des marches en file indienne. Il leva les yeux et sursauta en voyant des soldats pandésiens descendre au pas de course pour l'accueillir, la lance levée haut, prêts à tirer; il savait qu'ils auraient l'avantage parce qu'ils couraient vers le bas et, ne voulant pas perdre de temps à se battre en combat rapproché sous une pluie de lances, il réfléchit rapidement. “FLECHES !” ordonna Duncan aux hommes qui se trouvaient derrière lui. Duncan se baissa rapidement et se plaqua au sol. Un moment plus tard, ses hommes obéirent à son ordre, s'avancèrent et tirèrent. Duncan sentit les flèches lui filer au-dessus de la tête, leva les yeux et regarda avec satisfaction le groupe de soldats qui dévalaient l'étroit escalier en pierre trébucher et tomber du côté des marches, criant alors qu'ils chutaient et atterrissaient dans la cour en pierre loin au-dessous. Duncan continua à monter les marches quatre à quatre. Alors que d'autres soldats chargeaient, il en tacla un et le fit passer par dessus le bord. Il se retourna et en frappa un autre avec son bouclier, l'envoyant en l'air lui aussi, puis arriva tout droit avec son épée et en poignarda un autre au menton. Cependant, cela laissait Duncan en position de faiblesse sur l'escalier étroit. Un Pandésien lui sauta dessus par derrière et le traîna vers le bord. Duncan se cramponna pour sauver sa vie en s'accrochant à la pierre. Il n'arrivait pas à trouver de prise et allait tomber quand, soudain, l'homme qui était sur lui se ramollit, s'écroula sur son épaule et tomba par-dessus le bord, mort. Duncan vit une épée plantée dans son dos. Il se tourna et vit Arthfael l'aider à se relever. Duncan continua à charger, reconnaissant d'avoir ses hommes derrière lui. Il monta niveau après niveau en évitant lances et flèches, en bloquant certaines avec son bouclier, jusqu'au moment où ils atteignirent finalement les parapets. Au sommet se trouvait un large plateau de pierre de peut-être dix mètres de large qui couvrait le dessus des portes et était plein de soldats pandésiens qui, épaule à épaule, étaient tous armés de flèches, de lances, de javelots, et tous occupés à envoyer une pluie d'armes sur les hommes de Kavos qui se trouvaient au-dessous. Quand Duncan arriva avec ses hommes, ils s'arrêtèrent d'attaquer Kavos et se tournèrent pour l'attaquer à lui. Au même moment, Seavig et l'autre contingent d'hommes finirent de monter les marches de l'autre côté de la cour et attaquèrent les soldats depuis l'autre côté. Pris en tenaille, les Pandésiens n'avaient nulle part où se replier. Le combat était rapproché, d'homme à homme. De tous côtés, les soldats se battaient ardemment pour chaque centimètre. Les bruits métalliques remplissaient l'air et le combat était s******t. Duncan leva son bouclier et son épée puis trancha un homme en deux d'un seul coup. Duncan esquivait et évitait des coups. Baissant l'épaule, il poussa par-dessus bord de nombreux hommes, qui firent une chute mortelle en hurlant et s'écrasèrent loin au-dessous. Duncan savait que, parfois, les mains étaient les meilleures armes. Il poussa un cri de douleur en recevant un coup au ventre mais, heureusement, il se tortilla et le coup ne fit que l'effleurer. Quand le soldat s'approcha pour l'achever, Duncan, qui n'avait pas de place pour manœuvrer, lui donna un coup de tête qui lui fit lâcher son épée. Ensuite, il lui donna un coup de coude, tendit le bras, le saisit et le lança par-dessus bord. Duncan se battait sans relâche. Chaque mètre qu'il gagnait l'était au prix de grands efforts. Le soleil s'élevait plus haut et la sueur lui piquait les yeux. Ses hommes grognaient et poussaient des cris de douleur de tous les côtés. A force de tuer, Duncan sentait s'affaiblir ses épaules. Alors qu'il reprenait son souffle, recouvert du sang de ses ennemis, Duncan fit un dernier pas en avant, leva son épée et eut la surprise de voir Bramthos, Seavig et leurs hommes en face de lui. Il se tourna, examina tous les cadavres et se rendit compte avec étonnement qu'ils avaient réussi à vider les parapets. Il y eut un cri de victoire quand tous leurs hommes se rencontrèrent au milieu. Pourtant, Duncan savait que la situation était encore urgente. “FLECHES !” cria-t-il. Il regarda immédiatement les hommes de Kavos en bas et vit qu'une grande bataille se déroulait en dessous, dans la cour, où des milliers d'autres soldats pandésiens sortaient précipitamment des garnisons pour les affronter. Kavos se faisait lentement encercler de tous les côtés. Les hommes de Duncan prirent les arcs des morts, visèrent au-dessus des murs et tirèrent sur les Pandésiens, imités par Duncan. Les Pandésiens ne s'étaient pas attendus à ce qu'on leur tire dessus depuis la capitale et ils tombèrent au sol par dizaines pendant que les hommes de Kavos échappaient à des coups mortels. Les Pandésiens commencèrent à tomber tout autour de Kavos et, bientôt, une grande panique s'ensuivit quand ils se rendirent compte que Duncan contrôlait les hauteurs. Pris en tenaille entre Duncan et Kavos, ils n'avaient plus de point de repli. Duncan n'avait pas l'intention de leur donner le temps de se ressaisir. “LANCES !” ordonna-t-il. Duncan en saisit une lui-même et la jeta vers le bas, puis une autre et encore une autre, puisant dans l'immense réserve d'armes qui avait été abandonnée ici, en haut des parapets, pour repousser les envahisseurs d'Andros. Alors que les Pandésiens commençaient à faiblir, Duncan savait qu'il fallait qu'il fasse quelque chose de définitif pour les achever. “CATAPULTES !” hurla-t-il. Ses hommes se précipitèrent vers les catapultes qui restaient au sommet de ces remparts puis tirèrent les grandes cordes et tournèrent les manivelles pour les mettre en position de tir. Ils y placèrent les boulets et attendirent l'ordre de tir de Duncan. Duncan fit le va-et-vient d'un bout à l'autre de la ligne des catapultes et ajusta les positions de façon à ce que les boulets manquent les hommes de Kavos et trouvent la cible qu'il fallait. “FEU !” cria-t-il. Des dizaines de boulets fendirent l'air et, satisfait, Duncan les regarda chuter, frapper les garnisons de pierre, tuer des dizaines de Pandésiens à la fois alors que ces derniers sortaient comme des fourmis se battre contre les hommes de Kavos. Les sons résonnaient partout dans la cour, étourdissaient les Pandésiens et accroissaient leur panique. Alors que s'élevaient les nuages de poussière et de débris, ils se tournaient dans tous les sens sans savoir de quel côté se battre. Kavos, comme le vétéran qu'il était, profita de leur hésitation. Il rassembla ses hommes, chargea en avant avec un nouvel élan et, pendant que les Pandésiens faiblissaient, il se fraya un chemin dans leurs rangs à coups d'épée. Des corps tombaient de tous côtés. Le camp pandésien était en déroute et, bientôt, les Pandésiens se retournèrent et fuirent de tous côtés. Kavos les traqua jusqu'au dernier. Ce fut un m******e. Quand le soleil fut entièrement levé, tous les Pandésiens étaient par terre, morts. Le silence tomba. Duncan regarda autour de lui, sidéré, comprenant peu à peu qu'ils avaient gagné, se rendant progressivement compte qu'ils avaient réussi. Ils avaient pris la capitale. Alors que ses hommes criaient tout autour de lui, lui serraient les épaules, poussaient des cris de joie et se serraient les uns contre les autres, Duncan s'essuya la sueur des yeux, respirant encore avec difficulté, et commença à se faire à l'idée qu'Andros était libérée. La capitale était à eux.
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