Triangle décontracté

Chapitre 8

C'était déjà mon heure de déjeuner au travail. Steve et moi étions assis à une table près de la fenêtre de la cafétéria de l'autre côté de la rue. Aujourd'hui, je n'avais pas faim, j'ai juste commandé une bouteille de thé glacé. Steve avait faim, avait commandé trois croissants et un grand chocolat chaud.

Il parlait de quelque chose dans son groupe et je n'ai pas fait attention, j'ai juste regardé par la fenêtre et j'ai vu la place vide devant la librairie où John a garé sa voiture. Il ne s'est pas présenté aujourd'hui. J'espérais qu'il rejoindrait mon premier jour de travail (et celui de Steve), pas pour superviser ou quoi que ce soit, je pensais juste qu'il serait là.

L'étreinte de Matthew (2) était toujours dans ma tête, mais la poignée de main de John la nuit dernière a partagé une place avec ce souvenir. C'était étrange de penser ça, mais John était rassurant. Je ne sais pas si c'était sa taille ou sa façon de parler, mais tout comme il a réussi à m'embarrasser avec des choses stupides, il a réussi à me laisser « protégé » sans s'en rendre compte. John est un père, ça doit être pourquoi.

Encore une fois, je me souviens de l'étreinte de Matthew (2) alors que je bois une gorgée de thé glacé. Je fais le tour de la pièce des yeux, n'écoutant pas ce que disait Steve. Je vois une feuille de papier accrochée devant la réception et la lis. « Embauche » était écrit dessus au stylo noir. J'aurais travaillé ici si je n'avais pas obtenu le travail à la librairie, mais je pense que j'aurais fini par manger beaucoup de choses vendues et me faire virer. Attendez... ils embauchent ! Matthew(2) a besoin d'un travail ! Et c'est devant mon boulot ! Je dois lui dire ça.

– Et c'est pourquoi je suis chanteur et batteur – Steve semble terminer quelque chose alors qu'il mâche un gros morceau de son deuxième croissant.

Je n'avais aucune idée de ce qu'il disait, j'ai juste hoché la tête et souri, j'utilise toujours cette astuce.

- Une seconde s'il vous plait.

Je me lève de table et me dirige vers la caisse. Je pose quelques questions à la femme souriante et note le numéro qu'elle me donne pour que je puisse le donner à Matthew(2). Dès que je reçois des informations, je retourne à ma table et Steve commence à parler de son petit spectacle de samedi. Il savait que Robert et moi allions au bar et en était content.

- J'ai appelé plus d'amis à moi, vous les reconnaîtrez - Il dit ceci en pointant sa tête. Avec ça, je pense que tout le monde devrait avoir sa coiffure militaire, comme un groupe d'armées. – Appelez quelqu'un d'autre si vous voulez, cela ne me dérange pas que plus de gens apprennent à connaître le groupe.

– Je n'ai personne d'autre à appeler, mais si c'est aussi bien qu'il le dit, je porterai même un T-shirt de votre groupe – dis-je.

Nous rions et passons encore quelques minutes à la cafétéria pendant qu'il mange.

Quand nous retournons au travail, Peter dit qu'une des dames de la caissière est partie à cause d'une urgence et que l'une de nous devrait rester à sa place. Je dis à Steve que je ne ferais pas très bien là-bas, et sans se plaindre, il se dirige vers le fond du comptoir, souriant et hypnotisant les clients avec ses yeux bleus.

Peter dit que je devrais faire quelque chose dans le bureau de John. Il ne pouvait pas aller à la librairie en raison de problèmes familiaux. Je me demande si vos frères ont été impliqués dans cela.

J'étais censé contacter des personnes et des éditeurs, et seul l'ordinateur de John avait ces contacts. Je fais comme demandé et monte dans son bureau. La librairie était très occupée, et je suis reconnaissant pour un instant de m'avoir éloigné de tant de conversations qui jonchent l'endroit.

Je marche jusqu'au bout du bureau et m'assieds dans la grande chaise de John derrière son bureau en verre. Cet endroit était vraiment magnifique. J'ai adoré le tapis bleu et les peintures qui parsemaient les murs de bois clair. La fenêtre circulaire derrière moi bloquait le froid de la journée.

J'ouvre l'ordinateur de John et cherche des contacts avec les informations que Peter m'a données. Je regarde à nouveau le cadre qu'il avait sur son bureau. Janine, sa sœur, était vraiment belle.

Je passe beaucoup de temps à appeler quelques personnes qui ont discuté rapidement avec moi. J'ai prononcé tellement de noms de livres et arrangé des dates que des étincelles se sont déclenchées dans ma tête. Je fais une pause et me détends sur ma chaise. J'enlève mes lunettes et après avoir nettoyé les verres avec ma chemise, je me masse les tempes. Le téléphone sonne sur la table et j'ai peur. Je réponds en remettant mes lunettes.

– Le bureau de M. Carter, n'est-ce pas ? – Je ne savais pas quoi dire, alors c'est sorti.

– Peter ? – Une voix féminine répond.

– Non, je m'appelle Matthew(2), à qui dois-je parler ?

« Oh, vous… » La voix dit cela et je peux sentir un peu de mépris dans sa voix. Je n'ai aucune idée de qui il s'agit. - Attendez une minute.

J'entends une conversation à l'autre bout, mais je ne sais pas ce qu'ils disaient.

– Salut, Matthew. C'est moi, John – Cette voix que je connaissais. – Regarde qui est dans ma chambre. Qu'est-ce que tu fais?

J'explique ce que Peter m'a dit de faire, et John plaisante en disant qu'il espère que je fais de mon mieux.

– Pouvez-vous me rendre service, Matthew ? Dites à tous les employés que la librairie n'ouvrira pas demain. Dis, je t'expliquerai plus tard. J'ai essayé d'appeler Peter, mais ce doit être sa pause déjeuner – Il dit quelque chose à quelqu'un qui est avec lui de l'autre côté puis dit au revoir. – A plus tard, Matthew. Passe une bonne journée.

– Toi aussi, Jonh.

Je raccroche d'abord le téléphone et regarde le cahier ouvert devant moi. N'aurais-je pas besoin de travailler mon deuxième jour en tant qu'entrepreneur ? C'était génial! Je pourrais profiter de mon vendredi.

Je finis ce que j'ai commencé à faire au bureau et en une quinzaine de minutes j'ai fini. En passant le deuxième étage, j'avise déjà certains employés du « off » du vendredi, et quand j'arrive au premier étage, je finis de compter. Tous ceux qui travaillent ici semblent se synchroniser lorsqu'ils se déplacent dans l'endroit et c'est formidable. J'aime la façon dont ils me traitent et je prends soin de faire de même avec eux.

Il n'y a pas grand chose à faire pour le reste de la journée. A un moment, je regarde juste la rue à travers la vitre de la librairie pendant que je pense à ce que je pourrais faire demain.

Nous partons à 17h30 et passons devant le magasin d'antiquités du grand-père de Robert qui se trouve à côté de la librairie. Je n'aime pas l'odeur de cet endroit, elle était forte à cause d'un produit de nettoyage. L'éclairage du magasin n'était pas agréable, l'endroit était sombre et quelques hiboux empaillés le rendaient affreux. Je passe devant des chaises chics et des téléviseurs antiques jusqu'à ce que j'atteigne le balcon où se trouvait le grand-père de Robert. Il était très vieux et semblait somnoler derrière un écran d'ordinateur. Je tousse pour attirer votre attention et avec vous. Il sourit et ajuste ses lunettes sur son visage.

– Bonjour jeune homme – M. Charles a toujours appelé les collègues de Robert jeune, je ne pense pas qu'il se souvenait du nom de tout le monde et a fini par choisir un chemin sûr.

– Bonjour, monsieur Charles. Est-ce que Robert est là ? Je n'ai pas vu votre vélo dehors.

— Il est parti me rendre service, jeune homme, mais je pense qu'il reviendra bientôt.

J'acquiesce et lui demande s'il accepterait que j'attende avec lui. Il dit qu'il n'y a eu aucun problème et me demande si je voudrais regarder certains accessoires qu'il avait reçus plus tôt.

Vous prenez une boîte en bois sous le comptoir et la placez dessus. Une fois que vous l'ouvrez, je peux voir de nombreuses bagues, colliers, bracelets et boucles d'oreilles. Certaines de ces choses avaient des cailloux colorés qui, une fois assemblés, formaient un arc-en-ciel déconstruit.

Je ne portais pas d'accessoires d'habitude, mais je me suis intéressée à un collier que j'ai trouvé parmi d'autres choses. Une petite sphère noire était dessus, comme une petite perle. Quand je regarde de près, je remarque de minuscules points lumineux à l'intérieur de la sphère, comme un mini-univers. Je suis hypnotisé quelques secondes puis je décide de l'acheter. Le grand-père de Robert dit que je n'avais pas à payer et que je pouvais le garder, alors je le remercie et lui souris.

Robert arrive au magasin alors que je regarde la sphère qui pend maintenant à mon cou par un fin cordon noir. Nous disons au revoir à votre grand-père et bientôt nous marchons dans la rue à vélo.

Arrivés chez moi, nous allons directement à la cuisine. Oncle Jack n'a pas travaillé aujourd'hui pour que nous puissions en profiter ensemble pendant que nous cuisinions quelque chose. Robert commence à faire des sortes de pain que nous ne connaissons pas et nous donne des informations sur ce qu'il faut faire. Kali ne reste pas près de nous par peur de Robert, il lui faisait peur.

Pendant que l'oncle Jack décide d'allumer la cheminée, Robert et moi nous asseyons à la table de la cuisine.

– Tu ne m'as pas dit que tu jouais avec Matthew(2) sur l'ordinateur – dis-je en lui donnant un faible coup de coude dans le ventre.

– Il y a quelque temps, j'ai découvert qu'il jouait, alors j'ai décidé de me faire des amis. Ne sois pas en colère, mais j'essaie de savoir si tu as une chance avec lui – je le savais ! Robert était le genre d'ami qui faisait ces choses sans qu'on le lui demande. – Jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'opportunité sur le sujet, mais j'essaie.

– Merci – dis-je et souris. – Ah, je l'ai invité au bar samedi. Il ne sait pas s'il le fera, mais j'ai essayé.

– Au moins tu as agi. Matthew(2) semble être le genre de personne qui attend que les choses tombent du ciel.

Il avait raison, je devais commencer à faire quelque chose à propos de Matthew(2). Je ne pouvais pas juste attendre quelque chose de lui, j'étais celui qui était amoureux et perdu.

Après avoir mangé, nous allons dans ma chambre et écoutons de la musique. Robert passerait la nuit ici à la maison et nous irions à l'école ensemble demain. Nous avons convenu de passer tout le vendredi à regarder des films, alors nous attendions déjà le lendemain avec impatience. Je ne passe pas cette matinée à parler à Matthew(2). Il ne m'a même pas envoyé de texto.

Enfin le samedi arriva, ainsi que l'anniversaire de Robert. Nous avons passé la veille étendus sur le canapé de ma maison après l'école. Nous avons regardé tellement de films et mangé tellement de malbouffe que nous sommes presque devenus des parties du canapé. L'ambiance a changé vendredi et un soleil faible a commencé à apparaître, mais samedi il est apparu en pleine force.

Le samedi, Jack parlait avec sa mère, ma grand-mère, au téléphone. Avant, elle ne se souciait que de son fils, mais maintenant il vivait avec son petit-fils et voulait beaucoup d'informations sur la façon dont nous nous entendions ici. J'avais parlé à ma grand-mère de mon premier emploi et elle était très heureuse mais a dit qu'elle continuerait à m'envoyer de l'argent sans que ma mère le sache. J'ai trouvé cela super et je vous ai remercié pour votre aide. J'ai envoyé un message de félicitations à Robert dès que je me suis réveillé samedi, mais dans l'après-midi je me suis souvenu que je ne lui avais toujours pas acheté de cadeau.

Je travaillais un samedi et un samedi non, aujourd'hui c'était Steve qui travaillerait. Comme nous étions des pièces supplémentaires dans le magasin, John a pensé qu'il valait mieux nous séparer comme ça. Je décide d'aller à la librairie pour acheter le dernier livre d'une trilogie que Robert adore. Dès que j'arrive, je vois l'énorme voiture noire de John garée devant le magasin. L'endroit n'était pas très fréquenté et je vois bientôt Steve perdu au milieu de deux étagères.

- Pourquoi es-tu ici? - Il demande.

- Je suis venu acheter un cadeau d'anniversaire pour Robert.

– Super, maintenant on vend des CD, viens voir.

Steve m'emmène au bout de la librairie, là où se trouvait l'aire de repos des clients, et une partie de celle-ci contient d'énormes cartons. Steve me montre les CD et j'en trouve rapidement un que Robert veut vraiment. Je cherche un livre pour accompagner et je dis au revoir à Steve après lui avoir souhaité bonne chance pour la présentation d'aujourd'hui. "J'espère que vous resterez devant quand je chanterai cette chanson", a-t-il déclaré. Je n'avais aucune idée de quelle chanson il parlait, alors j'ai juste souri et suis allé à la caisse.

Le soleil commençait à apparaître et je voulais sentir l'air chaud qui circulait maintenant dans les rues. J'espère que le froid ne reviendra pas si tôt, j'aime mieux la chaleur. Une lumière orange a inondé le magasin à travers la vitre et je voulais que cela dure depuis longtemps, mais je sais que bientôt la nuit viendrait et que la fête d'anniversaire de Robert viendrait avec.

– Ce n'est pas ton jour de congé aujourd'hui ? – Demande Eve, l'une des caissières.

– Oui – je réponds en souriant. – Je suis venu acheter ces cadeaux pour un ami.

– Laisse-moi m'occuper de ça – John apparaît en disant derrière le comptoir.

Il portait une chemise bleu foncé et un pantalon de costume noir. Sa manche de chemise était légèrement relevée et un de ses boutons était ouvert, je ne pense pas qu'il s'attendait à cette chaleur. Il a un grand sourire sur son visage et j'en ai un comme le mien.

– Présent, hein ? – John lit le titre du livre et hoche la tête. – C'est une grande trilogie. – Alors regardez le CD que j'ai choisi. – Je n'ai tout simplement pas beaucoup aimé le CD.

– Je n'aime pas trop ce chanteur non plus, mais Robert est un grand fan.

- Robert est le garçon qui a failli t'écraser le premier jour d'entraînement ?

– Vous ne l'oublierez jamais, n'est-ce pas ? – Je ne suis plus gêné par cette histoire, elle en parle tellement que mon cerveau s'y est habitué.

– Je n'oublie généralement pas les choses, Matthew – Il me regarde sérieusement, comme si j'avais fait quelque chose de mal. Puis il sourit et rétablit tout. – Et c'est une bonne histoire.

Une fois acheté, il me demande si je veux tout emballer dans du papier cadeau. Je dis oui puis me dirige vers le côté du comptoir, où il commence à emballer le livre et le CD.

- Et comment va fêter cet anniversaire de Robert ? Les adolescents dans cette ville ont tendance à avoir des grands partis que la police sont souvent appelés.

– Non, ce ne sera pas ce genre de fête ! Je n'aime même pas trop les fêtes, je préfère rester à la maison. » Il rit de ce que je dis et hoche la tête. – Mais allons dans un bar où Steve se produira avec son groupe.

– Steve a un groupe ? - John demande ceci alors qu'il finit par tâtonner avec le ruban qui tiendrait l'emballage cadeau.

- Oui il y a. Je n'y vais que parce qu'il m'en a beaucoup parlé et pourquoi Robert était excité par l'idée – John semblait ne pas savoir comment emballer un cadeau. - Alors, tu nous diras pourquoi notre pause du vendredi ?

- Ce n'était pas grave, mais oui, on peut en parler avec toi autour d'un café ou autre.

Je suis d'accord et j'oublie l'histoire. John finit par accrocher ses doigts dans l'emballage, alors je l'aide. Dans une minute, j'emballe les cadeaux de Robert et les montre à John.

- C'est comme ça que c'est fait.

- Impressionnant. Je ne regrette pas de t'avoir engagé. » Il croise les bras et hausse les sourcils. - C'est un excellent emballage cadeau.

« Merci », dis-je en retenant un rire. Je garde le paquet dans un sac de magasin et prends la main de John, qui est tendue vers moi. Il le serre faiblement et je ressens à nouveau la chaleur du moment où il m'a ramené à la maison. – A plus tard, John.

– A bientôt, Matthew (2) – Je relâche ma main, essayant de terminer la séparation de la main, mais il continue de la tenir fermement alors qu'il me regarde au fond des yeux. – Faites attention plus tard, s'il vous plaît.

Il le pensait très sérieusement, semblait vraiment s'en soucier. J'acquiesce et fais un sourire qui le sort de cet état, faisant apparaître un autre petit sourire sur son visage. Je dis au revoir et quitte le magasin. Je m'arrête devant la porte et j'ai un léger vent chaud dans mon corps. La chaleur devait continuer jusqu'à plus tard. Je ne veux pas d'une nuit froide. Je veux une nuit chaude comme l'étreinte de Matthew(2), ou la poignée de main de John.