CHAPITRE III Séjour à VeniseMa mère m’avait emmené passer quelques semaines à Venise et – comme il peut y avoir de la beauté aussi bien que dans les choses les plus humbles, dans les plus précieuses – j’y goûtais des impressions analogues à celles que j’avais si souvent ressenties autrefois à Combray, mais transposées selon un mode entièrement différent et plus riche. Quand à dix heures du matin on venait ouvrir mes volets, je voyais flamboyer, au lieu du marbre noir que devenaient en resplendissant les ardoises de Saint-Hilaire, l’Ange d’Or du campanile de Saint-Marc. Rutilant d’un soleil qui le rendait presque impossible à fixer, il me faisait avec ses bras grands ouverts, pour quand je serais une demi-heure plus tard sur la piazzetta, une promesse de joie plus certaine que celle qu’il p