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Natalie Montgomery, Centre de Recrutement des Epouses, Amérique du Nord
« Garde cette stimsphère dans ton vagin, gara. »
La voix est grave et impérieuse, j’ignore ce qu’est une stimsphère, ou ce que le terme gara signifie. Je sais que si je cesse de contracter mon vagin, cet objet lourd tombera à mes pieds sur le tapis. L’objet rond est en moi, ça m’excite, j’ai envie … de la grosse bite de mon chéri.
Je ferme les yeux, j’essaie de conserver cet objet lisse en moi. Mais je mouille trop. Je suis trop excitée. J’ai trop envie qu’il me saute. Je sais que la boule de geisha va tomber, que je serai à nouveau punie.
Je pousse un gémissement de plaisir, une grosse main descend de ma nuque jusqu’à mes fesses nues rebondies. Une chaleur cuisante me consume là où il m’a frappée, j’ai encore fait tomber la sphère. Ça me dilate, ça me pénètre, ça me comble, cette excitation sensuelle me donne envie de jouir, j’ai hâte de me contracter sur son sexe. La sueur coule de mon front, je sens la sphère glisser, ma vulve va l’éjecter. Elle va tomber. Oh non !
J’ondule des hanches, j’essaie de freiner l’inévitable chute tandis que la voix rauque située juste derrière se moque de moi.
« Vilaine femme, j’aperçois la stimsphère. Garde-la dans ta chatte humide sinon t’auras droit à une autre fessée.
— Je … j’y arrive pas. » Je suis allongée à plat ventre sur une petite table capitonnée. Je tire sur mes bras et m’aperçois que mes chevilles et mes poignets sont attachés. J’ai un coussin sous le ventre, la position — certes confortable — est parfaite pour qu’il fasse de moi ce qu’il veut. J’ai le cul en l’air, ma chatte épilée bien en vue. Impossible de me cacher.
Mon partenaire pose ses grosses mains sur mes fesses et les écarte. Je ne me suis jamais sentie aussi exposée. Aussi vulnérable.
Je m’attends à éprouver de la honte ou de la gêne. Mais le corps de cette femme se révèle suite à son inspection, il sait ce qui l’attend.
« T’es toute luisante de désir. Je comprends ton trouble, gara. » Sa voix grave est rauque de désir. J’ignore comment je le sais, comment je sais que mon partenaire ne va pas tenir bien longtemps et va me combler. Je le sais. Il est à deux doigts de jouir. Il me suffit de le pousser à bout. De l’exciter.
Frémissante de désir, je sens un métal froid effleurer l’intérieur de mes cuisses, une lourde chaîne pendouille, attachée à la stimsphère, elle la tire doucement et inexorablement vers le bas.
Je suis trop trempée, trop excitée pour la garder en moi. Mes muscles frémissent sous l’effort, mon c******s palpite de douleur et de désir. Je ne veux pas de cette stimsphère, c’est lui que je veux. Je veux qu’il me pénètre. Qu’il me dilate. Qu’il me fasse jouir. Ma vulve s’écarte, je perds la sphère qui tombe à terre.
Je pousse un cri, je me sens vide. « S’il te plaît, encore ... »
J’ai du mal à reconnaître ma voix. Elle est rauque et éraillée, comme si j’avais hurlé de plaisir. Je suis en manque mais je n’ai pas joui, j’ai dû juste pousser des hurlements de désespoir.
Cet homme, mon partenaire, quel qu’il soit, sait jusqu’où me pousser. Et j’adore ça.
Il s’impatiente, il caresse mes fesses nues.
« Doucement, gara. Tu peux te faire sauter par le premier mec venu mais je suis ton partenaire, je connais tes besoins. T’as besoin d’obéir à mes ordres, de te soumettre. Tu jouiras uniquement à cette condition. »
Sa main s’abat violemment sur mes fesses nues et je pousse un hurlement. Je sais que ce n’est pas vrai, j’ai jamais reçu de fessée mais pourtant je ressens la douleur, cette douleur qui se mue rapidement en un plaisir intense, se mêle à un désir torride et exacerbé.
« Tu vas me supplier, gara. Tu vas te lâcher. Tu vas tout oublier, sauf moi. » Son souffle chaud m’arrive dans le cou, il m’embrasse derrière l’oreille. « Après seulement je te baiserai.
Mais … C’est ça que tu veux ? » souffle-t-il, son doigt glisse à l’entrée de ma vulve.Oh oui, c’est exactement ça. Son doigt qui m’effleure me fait voir les étoiles. Mon c******s palpite. « Encore, je t’en supplie. »
Il se colle contre moi, je sens son corps musclé contre mon dos.
« Comme ça ? » Il enfonce son doigt en moi. Le retire. « Tu mouilles.
— Je t’en supplie. » Je ferme les yeux, tous les muscles de mon corps se contractent, je suis prête à jouir comme jamais.
J’ai juste besoin de … d’autre chose. J’ai besoin de lui, qu’il soit v*****t, qu’il me tire les cheveux et me pilonne comme s’il ne devait jamais s’arrêter. Je me découvre un côté sauvage. Je pousse un cri étouffé de désespoir, un grognement bestial jamais entendu auparavant.
« Qu’est-ce que tu veux, gara ? » Il me branle avec deux doigts, je me mords la lèvre pour m’empêcher de lui demander de me défoncer la chatte. Plus vite. A fond. Si j’essaie de lui faire accélérer l’allure, il va me laisser sur ma faim jusqu’à ce que je le supplie. Que je pleure. Que je me livre à lui.
« Toi. Je t’en supplie. »
Il retire sa main, ma chatte se retrouve à nouveau béante. Le vent s’engouffre sous la toile de tente, ça sent l’air sec et le cuir, l’huile d’amande douce et le sable. Et mon homme. Une odeur animale et musquée, son goût unique sur ma langue, comme si j’avais sucé son membre raidi.
Mon dieu, je suis excitée comme pas deux. J’ai envie de lui. Totalement. Partout.
Je sanglote, mes cheveux retombent en une cascade soyeuse devant mes yeux. J’en ai besoin. Aucun mot ne pourrait mieux décrire ce que mon corps ressent. J’en ai besoin.
Dans mon for intérieur, je sais que ça fait un moment que ça dure. Il m’excite, c’est une vraie torture. J’ai atteint le point de non-retour, je vais craquer, supplier, implorer, pleurer … tout, pourvu qu’il m’accorde ce que je désire …
« C’est ça que tu veux ? » Je suis excitée, il place son g***d dilaté à l’entrée de ma vulve.
« Oui. Le mot résonne en moi.
— Tu acceptes que je te possède, gara ? Tu acceptes ma protection et mon dévouement ? »
Putain, que suis-je censée répondre à ça ? Un seul mot tourne en boucle dans ma tête et mon corps, tel un mantra, je n’ai que trop envie de hurler.
« Oui ! »
Des pas. J’entends des pas sur ma droite. Je tourne la tête et aperçois une deuxième paire de bottes. Ce n’est pas mon partenaire. C’est quelqu’un d’autre …
« Afin de compléter votre dossier, pouvez-vous indiquer si vous avez déjà été mariée, fiancée ou compatible avec un autre homme ? »
Sa question ralentit le rythme de mes pensées, calme légèrement mes ardeurs. Il se passe quoi, là, exactement ? « Non.
— Vous avez des enfants ? »
Des enfants … ? « Non. »
Je me contracte, je fais en sorte que l’étranger botté qui s’approche ne me touche pas. Il a entendu mes supplications, mon plaisir. De là où il est, la vue est imprenable sur mon sexe béant.
Je plaque mon front sur la table et pousse un grognement. Bon sang, pourquoi ça me perturbe autant ? Je suis devenue dingue ? Perverse ?
Une main se pose délicatement sur ma nuque et tourne doucement ma tête avant que j’aie le temps de réfléchir. Je me cambre, mes fesses pointent vers son membre raidi.
« Parfait. Je te prends pour femme. »
Il me pilonne, me donne un long coup de boutoir.
L’étranger derrière moi parle d’une voix rauque et grave, facilement reconnaissable par rapport à celle de mon partenaire. « Je le note dans le dossier officiel et préviens le Conseil.
— Laissez-nous, ordonne mon partenaire, toujours profondément enfoui en moi.
— Mais vous n’avez pas éjaculé. D’après le protocole, je dois être témoin—
— Sors d’ici avant que je te coupe la bite et que je te la fasse bouffer. »
L’ordre de mon partenaire me donne le frisson. Les bottes s’éloignent et je ne peux réprimer un sourire. Mon partenaire a des couilles. Il est cruel. Il est respecté. Il ne me partagera avec personne d’autre.
Putain, ça m’excite vachement.
J’ai un autre o*****e, j’ondule des hanches, je suis soulagée lorsqu’il se retire pour se renfoncer encore plus profondément. Violemment. Il tire sur mes cheveux de manière à ce que mon corps se plaque contre sa grosse bite épaisse. Va-et-vient. C’est v*****t. Rapide. Brutal. Tout comme j’aime. Les bruits de b***e et l’odeur de foutre remplissent la tente.
Mon partenaire me lâche les cheveux et dépose un b****r sur mon épaule. Sa voix est rauque, son souffle court.
« Et maintenant partenaire, tu vas comprendre ce que m’appartenir veut dire. »
Il bouge sa main, il porte une bague à l’auriculaire. Ma chatte se contracte à l’idée. Je me pose la question une fraction de seconde, il appuie sur l’insigne gravée sur la bague.
Des vibrations envahissent mes tétons et mon c******s, je ressens un léger choc, comme une petite décharge électrique.
Je pousse un hurlement tout en m’arcboutant sur la table, mon partenaire m’attire vers lui en empoignant mes hanches, il me pilonne profondément sans relâche, je n’entends plus rien hormis le bruit de son corps qui se frotte contre le mien.
Putain de merde, on dirait une espèce de télécommande pour … quoi faire ? Un vibromasseur spatial. Qui agit à la fois sur mes tétons et mon c******s ?
Inlassablement. Mes tétons communiquent avec mon vagin. C’est si puissant, je jouis si violemment que j’ai peur d’y rester. Mon sexe palpite, se contracte sur sa queue, je perds le contrôle de mon corps, je me cambre et me contorsionne comme un animal sauvage, ses grosses mains empoignent mes hanches, il me force à endurer ce supplice. Mon o*****e va crescendo, j’en ai presque la tête qui tourne, je sais plus qui je suis.
J’ai la bouche sèche à force de crier.
Soudain, tout devient noir. La sensation s’amenuise, comme si je me réveillais d’un rêve, un rêve que j’aimerais vraiment recommencer.
C’est la meilleure partie de jambes en l’air de toute ma vie, j’ai envie de recommencer.
D’après mon expérience, le réveil est toujours difficile.
« Mademoiselle Montgomery ? » Une femme à la voix sévère m’appelle.
Je secoue la tête, j’ai pas envie de répondre. Je veux mon partenaire, je veux sa bite, je veux cet incroyable o*****e. p****n de merde.
« Natalie ! » Elle hausse le ton, l’air inquiète. J’ai peut-être pas appris grand-chose durant mes années au collège mais il m’est tout à fait impossible d’être impolie. J’ai les bonnes manières chevillées au corps, des années d’enseignement prodigué par des professeurs stricts et parfois sans pitié.
« Excusez-moi. Oui ? » J’ai la voix rauque, comme si j’avais pas parlé depuis longtemps.
« Ouvrez les yeux, ma chère. Revenez avec moi, sur Terre. »
J’ouvre les yeux à contrecœur, j’ai l’impression d’avoir du sable sous les paupières. Ça me revient. Les murs blancs d’une froideur clinique. Le fauteuil étrange sur lequel je suis ligotée, comme une malade mentale. L’étrange blouse d’hôpital frappée de l’insigne bordeaux franchement moche du Recrutement des Epouses Interstellaires. Jusqu’à l’expression sérieuse et solennelle de la jolie petite brune chargée du test. Elle n’a pas l’air bien plus âgée que moi, son regard sombre en dit long sur son passé.
Je veux vivre. J’en ai marre qu’on me traite comme de la porcelaine précieuse. J’ai joué le jeu pendant vingt-quatre ans, voilà où ça m’a menée. J’ai été élevée dans une prestigieuse école privée, mes parents me voyaient deux fois par an grand maximum et mon fiancé accro au sexe préfère se payer des putes plutôt que de coucher avec moi.
Ok, il ne m’a jamais excitée comme dans ce rêve mais il n’a rien fait pour tenter sa chance.
Je devais toujours attendre une plombe avant qu’il se décide à m’amener dîner au resto. Il était du genre à me sauter à la va-vite et à se barrer après. J’ai pris mon mal en patience pendant dix-huit mois pour essayer de faire plaisir à mes parents. Non, mais franchement ? C’est quoi mon problème ?
Et pour couronner le tout, ma meilleure partie de jambes en l’air s’avère être un simple rêve. A moins que j’accepte le deal, le rêve deviendrait dans ce cas réalité.
« Mademoiselle Montgomery, vous m’entendez ?
—Oh, pardon. » Je cligne des yeux à plusieurs reprises et m’ôte Curtis Howard Hornsby III de l’esprit. Milliardaire, enfant gâté, aucune envergure, couilles molles, méprisant. « Oui. Je vous écoute, Gardienne. Excusez-moi.
— Je comprends. Prenez le temps de vous remettre. Le protocole de recrutement peut s’avérer intense. »
Je rougis. « J’ai pas crié trop fort ? »
Elle sourit et détourne le regard. « Non, pas trop fort, » je ne la crois pas. J’ai joui si fort dans mon rêve que tout le centre de recrutement m’a forcément entendue.
« Ouais. Désolée mais c’était … mon dieu. » Les mots me manquent.
« Oui, je comprends. » La gardienne se prénomme Egara. Je m’en souviens. C’est son prénom ? Son nom de famille ? C’est bizarre ce prénom pour une femme, l’autre jour, les autres recrues du centre racontaient que la Gardienne Egara était mariée non pas à un mais deux guerriers d’une planète nommée Prillon Prime. Ils sont morts tous les deux. Elle est veuve à double titre.
C’est triste. Trop triste.
La Gardienne Egara regarde la tablette dont elle ne se sépare jamais et hoche vivement la tête. « Excellent. Vous êtes compatibles à quatre-vingt-dix-neuf pour cent.
— Pour de vrai ? » Oui, cette voix pathétique est bien la mienne. Ma mère me reprocherait cet étalage superflu de sentiments. Qu’ils aillent tous se faire foutre, elle, mon banquier de père le milliardaire et leur décision d’avoir un enfant pour coller au sacro-saint modèle parental. J’ai été élevée par des gouvernantes et des nounous dans un internat. J’ai appris à rester de marbre et à garder mon flegme dès l’âge de trois ans, sans être pour autant un sujet britannique.
L’avis de ma mère n’a plus aucune importance. Je dois m’en souvenir. Je fous le camp de cette stupide planète. Je vais vivre ma vie avec un homme, un extraterrestre, mon partenaire, peu importe, compatible à quatre-vingt-dix-neuf pour cent. Je me fiche de son nom tant qu’il est prévenant. Pour la première fois de ma vie, j’ai envie qu’on pense à moi.
Cette donnée pourtant simple n’est pas l’apanage de mon ex fiancé ou de mes parents. Merde alors, ils se désintéressent tous tellement de leur fille unique qu’ils ne s’apercevront certainement de ma disparition qu’à Noël, soit dans quatre mois.
« Oui, Natalie. Vous partez sur Trion. » La gardienne me regarde avec bonté, je me détends quelque peu sur le fauteuil d’examen. Je me croirais presque chez le dentiste. Je suis pas là pour un plombage mais pour trouver un mec. Un partenaire. Une vie.
« Ok. » Je connais pas cette planète et d’ailleurs, je m’en fiche. Ce sera toujours mieux que de rester sur Terre ; quand mes parents et Curtis se préoccupent de moi, c’est dans le seul but de me surveiller et de me dicter ma conduite, ce que je porte, qui je fréquente.
J’ai souvent voulu faire la maline et la jouer rebelle mais ça n’a jamais marché. On me changeait alors d’internat ou on me forçait à rentrer au bercail. L’année dernière, j’ai fait une croisière en Alaska, un larbin agissant pour le compte de Montgomery est venu me récupérer à Juneau. La croisière était d’enfer, mais j’ai pas eu le droit d’en profiter.
Le seul moyen de m’en sortir est de ficher le camp de cette planète, d’aller là où ils ne viendront pas me chercher. Une bague de fiançailles avec un diamant gros comme le Ritz scintille à mon annulaire gauche. Je lève les yeux, la Gardienne Egara était en train de me contempler. « Vous arrivez à l’enlever ? »
Impossible avec les poignets attachés. Je vais pas partir dans l’espace à la rencontre de mon partenaire extraterrestre sur Trion avec la bague de fiançailles de Curtis. Elle est énorme, splendide mais j’en veux pas. Je veux mon astronaute. « Vous pourriez m’aider ? J’y arrive pas. »
Elle hoche la tête, se place à côté de moi, pose la tablette près de mon genou et retire doucement la bague. Ça y est, j’éprouve un sentiment de liberté infinie. Je vais vraiment sauter le pas, quitter tout et tout le monde ?
Je me dégourdis les doigts et soupire ... « Merci. »
Elle me tend la bague et arque un sourcil. « Que voulez-vous que j’en fasse ?
— Je m’en fiche. Vendez-la. Gardez l’argent. Donnez-la. Jetez-la. Faites-en ce que vous voulez.
— D’accord. » Elle glisse la bague dans sa poche. Je crains qu’elle ne la jette pour de vrai. « Elle coûte au moins trente mille dollars. Pas un sou de moins. »
Elle hoche la tête et reprend sa tablette. Elle n’a pas l’air impressionnée par la bague, je l’apprécie d‘autant plus. Comme moi, elle est plus attirée par l’amour que par le matériel. Cette bague n’a aucune signification puisque je ne compte pas aux yeux de Curtis. Je me réinstalle dans le fauteuil.
« À des fins statistiques, Mademoiselle Montgomery, êtes-vous où avez-vous déjà été mariée ?
— Non. » On m’a déjà posé ces questions, mais cette fois, c’est la dernière fois. Maintenant, j’ai un partenaire. Mon alter ego. Un mec censé être compatible avec mon profil psychologique. Ce questionnaire revêt encore plus d’importance, sachant que mon mec m’attend.
« Vous avez des enfants ?
— Mon dieu, non. » Jusqu’à aujourd’hui, j’en voulais pas. J’ai pas eu envie d’avoir des enfants avec Curtis, mon enfance ne m’a pas donné envie d’en avoir. Si je veux un bébé, il faudra que je prenne des cours pour être une bonne mère. Il faudra que je fasse tout ce que ma mère n’a jamais fait, comme apprendre les comptines et savoir jouer à plein de jeux. Les bases. Le b-a.ba.
Ils ont un alphabet sur Trion ? J’ai trop hâte d’y être. Je suis sûre qu’ils ont des chansons spéciales pour les enfants. Je vais les apprendre, je les chanterai à mon bébé. Avant même sa naissance. Ils peuvent entendre, non ? Je leur chanterai les deux versions, en anglais et en Trion.
Ouh la. Je veux un bébé. C’est une première. Ils m’ont administré un truc pour booster mes ovaires pendant le test ou quoi ?
« Natalie ? »
Je cligne des yeux et regarde la gardienne Egara. « Oui.
— Je sais que c’est difficile mais essayez de vous concentrer. C’est bientôt terminé. Vous acceptez les résultats du protocole de recrutement ?
— Oui. » Oh, p****n oui, gara les accepte. Je rigole. C’est plus fort que moi. Je suis euphorique, j’ai chaud, je bouillonne. Je suis … heureuse. Enfin, un truc qui m’excite, que j’ai fait toute seule comme une grande. « Désolée, je suis toute excitée. »
La gardienne me tapote l’épaule et s’éloigne à l’autre bout de la pièce, son tailleur gris anthracite ajusté me fait penser au personnage extraterrestre sexy Seven of Nine dans Star Trek. Curtis adorait cette stupide actrice blonde sexy dans sa combinaison argentée moulante. Elle joue le rôle d’une cyborg à la télé. Comment un robot peut-il être sexy ? J’arrive pas à comprendre mais Curtis ne tenait pas en place dès qu’elle apparaissait à l’écran, même lorsque j’étais assise à côté de lui sur le canapé.
Rira bien qui rira le dernier. Curtis va moisir sur Terre, se payer ses putes et trimer à la banque quatre-vingts heures par semaine comme un robot. À moi les aventures spatiales torrides.
Mon dieu, j’espère que mon partenaire Trion est canon. Bandant. Je mouille, comme dans mon rêve.
Le mur sur ma gauche s’éclaire d’une vive lumière bleue, le fauteuil pivote.
La gardienne Egara me sourit, je suis perplexe. « Essayez de vous détendre. Les planètes ont toutes des caractéristiques différentes. Les modifications effectuées en vue de votre arrivée sur Trion font partie du recrutement. Vous vous réveillerez sur Trion. Vous ne serez plus Terrienne. Votre nouveau partenaire sera là pour vous accueillir. »
Je m’allonge, prête à n’importe quelle folie. Pour le moment, je me borne à essayer de ne pas vomir.
Je quitte ma planète. Pour toujours. J’ai lu leur manuel. Je sais pertinemment dans quoi je me fourre, je sais qu’il n’y a aucun retour en arrière possible. Mais il y a une sacrée marge entre le dire et le faire.
J’essaie de me dérober en voyant l’aiguille géante approcher. L’aiguille s’enfonce juste derrière mon oreille, je fais abstraction de la douleur, la gardienne m’explique qu’ils m’implantent des neuro-processeurs qui me permettront de comprendre la langue parlée sur Trion.
Cool.
Le fauteuil s’enfonce dans une baignoire remplie d’eau chaude bleutée, une sensation de calme m’envahit. Ils m’ont probablement droguée, je m’en fiche. L’essentiel étant que je gerbe pas sur cette tenue d’hôpital hyper sexy.
« Le processus débutera dans trois … deux … un. » La gardienne Egara me salue, le mur coulisse derrière moi.
Et puis … plus rien.