Pendant que je fermais les yeux, entendant les battements du cœur de Gérald revenir à la normale, je me rappelais cet enfant à l'orphelinat qui avait perdu la vie.
Que ce fut traumatisant pour plusieurs d'entre nous.
Il était malade, née avec une malformation. Sûrement, sa mère sut dès la naissance qu'elle n'aurait pas eut les moyens de s'en occuper. Car, Cléo avait fini sur le même terrain de jeux que nous.
Oui, encore un autre. Ainsi, plusieurs adultes avaient peur de le prendre en charge, de sen attache puis de le voir partir.
Et c'est nous qui avions plus tard dû assister à cette scène.
Certainement que si la peur n'avait pas attrapé bien des personnes et même ses parents, Cléo aurait encore été en vie. Par des aides et possiblement par de l'amour.
Je n'en sais rien et je n'en saurai jamais rien.
Ces pensées me noyaient l'âme pendant que mon bon vieux Gérald continuait de ronfler près de moi.
Après Cléo, mon esprit ne trouva toujours pas la paix. Il revint. Le nom de cet homme, marchant telle une ombre dans ma mémoire. Il me hantait de nouveau. Il volait aux travers de mes idées. Mon cœur battait à l'agonie sans même avoir vu le visage de cet individu.
J'eus alors une idée, 'et si... je brisais le mur qui m'empêche de franchir la ligne d'intimité avec mes clients ?' Me levant du lit.
J'abandonnais ce charmant Gérald, allant vers mon sac à main pour dénicher une cigarette.
Je la pris, puis comme par habitude, allait sur le balcon de la chambre pour me brûler les poumons.
'Gerald ne peut pas me repousser.' Pensais-je, 'il ferait tout pour m'attirer dans les mailles de sa vie privée.' À ce moment-là, pour connaître l'identité de ce fantôme vivant, j'étais prête à briser toutes sortes de murailles.
Et alors qu'il continuait de ronfler, j'enfonçais ma clope sur le sol sans même la terminer, ensuite, je retournais aux côtés de mon compagnon.
Je le voyais bien par son corps que la fatigue était bien trop grande pour qu'il se réveille dans les minutes suivantes. De toute façon, je ne comptais pas non plus m'en aller de cet hôtel de si tôt.
Le jour allait me trouver allongée à ses côtés, car mon cœur se hâtait d'avoir certaines réponses.
Moi qui autrefois repoussais les rapprochements, allais devoir prétendre m'enivrer de quelqu'un dans le but de savoir qui se cache derrière l'identité d'Éric Croft.
Je lançais plus tard un coup d'œil vers la lune, remarquant sa beauté inégalable. On avait beau, nous les hommes, courir après la perfection, la lune, elle avait juste à marcher autour de la terre pour que l'on se prosterne face à elle.
Elle qui était amie du silence avait derrière ses lèvres les secrets de la beauté. Mais méritions-nous de les connaitre ?
Je la fixais, pendant que les étoiles avaient déserté le toit du monde. Elle était ainsi seule là-haut. Tout comme moi.
Me convainquais-je, nous étions quelque part semblable. Elle éclairait nos rêves lorsque moi, j'illuminais les souhaits et désirs des hommes qui touchaient à ma peau ou qui croisaient mon regard.
Tout d'un coup, une eau me gifla le visage. En pleine face, le vent venait de mener à moi une vague de l'océan qui s'apprêtait à déborder du ciel.
Il plut en quelques instants seulement. Je fermais alors la fenêtre et j'allais vers Gérald, me posant près de sa poitrine, pour chercher le sommeil.
Mais il m'évitait grandement cette nuit. Des détails me piquaient l'âme, ramenant mes pensées vers les troubles d'autrefois.
Qu'avais-je donc fait à la vie pour vivre de telles vanités ?
Moi qui n'eus fut qu'une jeune fillette voulant croire au prince charmant, finissais par charmer des hommes pour survivre.
Toutefois, je me disais quelque part que si mon cœur criait tant en entendant le prénom de cet homme mystérieux, peut-être était-il la pièce manquante de ce puzzle qu'était mon quotidien.