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Frankenstein ou le Prométhée moderne

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"Frankenstein ou le Prométhée moderne" est un roman gothique épistolaire publié anonymement en 1818 par la jeune britannique Mary Shelley. En réalité, "Frankenstein" est né deux ans plus tôt sur les bords du Léman, un jour où Lord Byron proposait à quelques amis, dont le poète Shelley et son épouse Mary, que chacun écrivît une histoire de spectre."Frankenstein" a été considéré a posteriori comme le précurseur de la science-fiction.Victor Frankenstein, scientifique genevois, est recueilli sur la banquise par un équipage faisant route vers le Pôle Nord. Très tourmenté, il livre son histoire au capitaine du bateau : quelque temps auparavant, il est parvenu à donner la vie à une créature surhumaine. Mais celle-ci sème bientôt la terreur autour d'elle...

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PRÉFACE
PRÉFACE L e fait sur lequel est fondé ce récit imaginaire a été considéré par le Dr Darwin et par quelques auteurs physiologistes al-lemands comme n’appartenant nullement au domaine de l’impossible. Je ne voudrai pas que l’on me suspecte le moins du monde d’accorder à une telle hypothèse une adhésion sans res-trictions ; néanmoins en échafaudant ma narration sur ce point de départ, je considère ne pas avoir créé un enchaînement de faits terrifiants relevant foncièrement du surnaturel. L’événement dans lequel l’histoire puise son intérêt ne pré-sente pas les désavantages qui s’attachent aux simples récits trai-tant de fantômes ou de magie. Il s’est imposé à moi par la nou-veauté des situations auxquelles il pouvait donner lieu, car, bien que constituant physiquement une impossibilité, il offrait à l’imagination l’occasion de cerner les passions humaines avec plus de compréhension et d’autorité que l’on pourrait le faire en se contentant de relater des faits strictement vraisemblables. Je me suis donc efforcée de conserver leur vérité aux princi-pes élémentaires de la nature humaine, tout en n’hésitant pas à innover dans le domaine des combinaisons auxquelles ils pou-vaient donner lieu. Cette règle se retrouve dans L’Iliade , le poème épique de la Grèce ancienne, dans La tempête et dans Le Songe d’une Nuit d’Eté , de Shakespeare, et plus particulièrement encore, dans Le Paradis Perdu , de Milton. Ce n’est donc pas faire preuve de présomption, même pour un humble romancier aspirant à distraire le lecteur ou à tirer de son art une satisfaction personnelle, que d’apporter à ses écrits un licence, ou plutôt, une règle dont l’emploi a fait éclore dans les plus belles pages de la poésie tant d’exquises combinaisons de sentiments humains. Le fait sur lequel repose mon histoire m’est venu à l’idée, à la suite d’une simple conversation. La rédaction en fut entreprise, en partie par amusement, et en partie parce qu’elle offrait un moyen d’exercer les ressources latentes de l’esprit. Mais, à mesu-re que l’ouvrage prenait corps, d’autres motifs sont venus s’ajouter aux premiers. Je ne suis aucunement indifférente à la manière dont le lecteur réagira devant l’une ou l’autre des ten-dances morales dont mes personnages font preuve. Cependant, ma principale préoccupation, dans ce domaine, sera d’éviter les effets énervants des romans actuels, et de montrer la douceur d’une affection familiale ainsi que l’excellence de la vertu univer-selle. Les opinions du héros, découlant naturellement de son ca-ractère et de la situation dans laquelle il se trouve, ne doivent nullement être considérées comme reflétant nécessairement les miennes. De même, aucune conclusion ne devrait être tirée de ces pages, qui soit de nature à porter préjudice à une quelconque doctrine philosophique. L’auteur a puisé un intérêt accru dans la rédaction de cette histoire, du fait que celle-ci a été commencée dans le cadre majes-tueux où se déroule la plus grande partie de l’action, et cela en compagnie d’amis qu’il lui serait impossible de ne pas regretter. J’ai, en effet, passé l’été de 1816 dans les environs de Genève. La saison fut froide et pluvieuse, cette année-là, aussi nous ré-unissions-nous chaque soir autour d’un grand feu de bois, nous complaisant parfois à nous conter mutuellement des histoires allemandes de revenants, que nous avions glanées, ici et là. Ces récits nous donnèrent l’idée d’en inventer à notre tour, dans le seul but de nous distraire. Deux amis — dont l’un eût, assurément, écrit une histoire in-finiment plus apte à séduire le public que tout ce que je pourrais jamais espérer imaginer — ces deux amis et moi décidâmes donc d’écrire chacun un conte basé sur une manifestation d’ordre sur-naturel. Mais le temps se rétablit soudain, et mes amis me quittèrent pour entreprendre un voyage à travers les Alpes. Les sites splen-dides qui s’offrirent à eux leur firent bientôt perdre jusqu’au sou-venir de leurs évocations spectrales. Le récit que voici est, par conséquent, le seul qui ait été mené jusqu’à son achèvement. Marlow, septembre 1817.

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