Aline fit quelques pas avant d'arriver devant la porte de chez elle alors qu'elle faillit tomber de vertige. Elle ne prêta tout de même pas attention à ce signe de mal-être.
En entrant, elle tomba plutôt sur les yeux de ses parents qui l'attendaient et dirent, "viens t'asseoir près de nous. On te sert."
"Non... non... non !"
"C'est à cause de ça que les voisins parlent mal de nous. Viens manger et prends un peu de poids."
"J'ai déjà mangé chez la voisine, papa. Elle m'a offert un repas en me racontant sa vie. J'ai juste envie de me reposer maintenant."
"C'est d'accord ! Va dans ta chambre."
"Merci."
"Une dernière question." Sifflait sa mère, Valérie.
"Oui..."
"Pourquoi ce nouveau style ? Tu te couvres tout le temps, et cela, même lorsqu'il fait chaud. Pourquoi ?"
"Ta mère a raison ! Ces crises d'adolescence commencent à causer du tort à notre réputation. Chérie... si tu veux que je t'offre un avenir de rêve... s'il te plaît, comporte-toi mieux."
"D'accord..." souffla-t-elle les larmes aux yeux.
En montant, elle pensait, faire semblant ? Je l'ai fait toute ma vie... vous voulez que je mente à quelqu'un qui vient de voir ma peine... mais comment la dépression pourrait se cacher des yeux de celui qui l'a connu autrefois ?
Allant se coucher.
Et parce qu'elle n'arrivait point à s'endormir, sur le lit, elle continuait de dialoguer avec elle-même, je rêve de m'en aller loin d'ici... je me demande juste... est-ce qu'ailleurs est mieux ? Je me demande... pourquoi sont créées les personnes malheureuses ? Il est vrai qu'il faut de tout pour faire un monde, mais n'est-ce pas cruel quand même ?
Puis son portable vibra, de nouveau, c'était perle. "Salut."
"Salut... j'espère que je ne te dérange pas. C'est juste que... la fois passée, tu as promis que tu allais me rappeler, pourtant tu ne l'as pas fait."
"Oui... désolée ! J'étais un peu trop fatiguée."
"Ah d'accord. J'ai cru que c'était parce que tu étais au téléphone avec ton mec."
"..."
"Qu'y a-t-il ? Ne me dis pas que tu n'as toujours pas de petit ami?!"
"C'est compliqué..." susurrait-elle.
"Comment ça ?"
"Il y a quelqu'un qui désire m'approcher en ce moment mais... il paraît un peu louche." Mentait-elle.
"Je veux avoir tous les détails."
"Une autre fois, s'il te plaît. Là, mes parents ont fini de me faire des discours et j'ai affreusement sommeil."
"Je te laisse alors. Dors bien."
"Bye."
Elle prétendait avoir sommeil. Or, les nuits de la jeune femme étaient bien courtes. Elle dormait juste deux ou trois heures par nuit, devenant quelque peu apeurée par le monde autour d'elle. Elle n'avait plus confiance en rien. Ni en elle-même ni en son environnement.
Le lendemain, épuisée, elle s'en allait en cours. Ana lui avait donné un câlin depuis le portail. Mais lorsque la jeune femme était allée se soulager pendant la pause, elle entendit une conversation qui la dévasta.
"Tu as vu Aline ?" Alors qu'elle était assise sur les toilettes.
"C'est qui ?"
"La fille de la classe d'à côté..."
"La meuf toujours seule et qui parle à des amis imaginaires ?"
"Oui... justement, j'ai l'impression qu'elle a un problème psychologique et puis... elle est si maigre... c'est écœurant..."
Et ces mots piquèrent la jeune femme. Elle était restée des heures à pleurer dans les toilettes. Pour la première fois, elle remarquait peut-être que son corps était une feuille d'automne, pouvant craquer très bientôt sous la force des larmes du ciel, qui allaient tomber très bientôt.
"Aline ?" Appela la voix d'Ana à l'extérieur.
"Je veux être seule, je t'en prie."
"Qu'y a-t-il ? Ouvre-moi, s'il te plaît."
Et elle ouvrit, "Pourquoi pleures-tu ?"
"Je suis moche... j'ai perdu trop de poids."
"Mais non..." la prit elle dans ses bras. "Qui est ce qui te l'a dit ?"
"J'ai entendu des filles parler de moi... et ce n'est pas la première fois. Des mecs de l'école aussi le font."
"Ils sont jaloux, c'est tout." Rétorquait Ana, "viens avec moi." La dirigeant hors de l'école.
Et pendant qu'elles avaient marché dans les couloirs, Aline prit la peine cette fois-ci d'observer le monde et des regards étaient sur elles cette fois-ci. Des regards de questionnement.
Les gens prenaient dorénavant le temps de la visionner et ces regards inquiets, elle les détestait. Elle serra donc fort la main de son amie, n'étant pas habituée à avoir autant d'attention.
Ensuite, les lycéennes arrivèrent dans la maison d'Ana. Dans sa chambre, cette dernière mit Aline face à un immense miroir, "regarde !" Commanda-t-elle, "te trouves-tu trop mince ?"
"Lorsque je me regarde... j'ai pourtant l'impression d'être en chair... " et elle mit ses mais sur ses oreilles, perdue entre la voix de la société et les voix dans sa tête.
Elle tomba sur le sol, et se réveilla alors que le soleil se couchait déjà.
"Que s'est-il passé ?" S'affolât-elle.