Déboires 06
*****AUBIN******
Je marche comme un automate vers ma voiture me répétant encore et encore les mêmes choses dans ma tête
- Frida est enceinte, ce n'est pas moi le père, elle a osé me tromper
Je suis installé dans ma voiture, je n'arrive à démarrer, je me sens ailleurs et trop sous le choc pour démarrer, je préfère rester un moment pour récupérer mes esprits avant de bouger mais les mêmes questions ne cessent et à chacune de ses questions mon cœur est au bord de la crise.
Un bruit sur la vitre de la voiture me fait sursauté, je regarde c'est le médecin, je baisse la vitre
- Ecoutez, ce ne sont pas mes affaires mais vous pouvez rentrez vous reposer, prendre du recul avant d'agir
Silence
- Avez-vous besoin de quelque chose pour vous calmez ?
Je ferme les yeux un moment, prend un grand coup d'inspiration et expiration
- Ca ira ! Dis-je
- Ok !
- Je vais rentrer maintenant
Il se recule, je sens qu'il me laisse partir à contre cœur mais il n'a pas le choix.
Pendant que je conduisais pour la maison, je luttais contre tous les envies négatifs que j'avais, il fallait que je me concentre sur la route.
Une fois chez moi, je suis resté dans la voiture, je n'ai pas pu sortir, regardant l'appartement de l'extérieur, je ne pouvais m'empêcher de penser à Frida, à sa trahison, sa grossesse...
Mes idées se sont faites de plus en plus noirs pendant que je regardais la maison
Qu'est-ce qui m'arrive ? Depuis quand Frida est devenue si légère ? Elle pensait que je l'ai trompé ! Et même si ? Est-ce ainsi qu'elle doit régler le problème ? Et dire que moi je résiste aux nombreux appels de pieds que les femmes me font! Pendant mon voyage, je ne pensais qu'à elle ; pendant que je sortais qu'importais le temps, la zone et l'heure pour faire le tour des grands magasins afin de lui rapporter les tenues stylées qu'elle aime, Madame se la coulait douce ici ; qu'elle ne pense même pas que je peux pardonner un tel acte ; d'ailleurs, elle est enceinte ; elle n'a qu'à rejoindre le père de son batârd !
La vie est étrange quoi ! Je prends une femme, je la dote, je l'épouse, je fais d'elle ma reine et sous un prétexte fallacieux, elle fait des bêtises avec un autre homme, profanant ainsi notre union. Jamais de la vie, je ne laisserai passer ; même si Dieu lui-même descend, c'est non.
Je me sens trahi, humilié ; mon égo d'homme a pris un coup. Quand j'imagine qu'un autre homme a eu des ébats sexuels avec ma femme, mon cœur se serre et j'ai des envies de meurtre ! Donc un autre homme a vu les seins de ma femme, les a touchés, les a tripotés ! Il a vu son bijou intime et même s'en est délecté probablement dans cette maison!
Mes mains serrent de plus en plus mon volant, Oh ! J'ai envie de tuer quelqu'un !!!
Je suis resté là je ne sais combien de temps a observé notre appartement puis je suis parti, je n'avais aucune envie d'y entrer.
*******FRIDA*******
J'ai vu mon mari parti, mon cœur a lâché un moment même s'il avait le regard vide et dépassé, je sentais que je le dégoutais, ma bêtise venait de signer la fin de mon mariage.
Je ne pouvais m'empêcher de pleurer, le médecin est revenu essayant autant qu'il pouvait de me calmer
Lorsque je fus un peu plus calme
- Pourquoi avez-vous agi ainsi Madame Frida ?
- J'étais hors de moi quand j'ai pensé qu'Aubin me trompait ; ça fait mal, très mal.
- Même si c'était le cas, ce n'était pas la meilleure conduite à tenir.
- Qu'aurais-je pu faire docteur ? J'étais si déçue et je voulais faire pareil !
- Face à la découverte de l'infidélité, il est normal de se sentir mal et de voir des émotions négatives prendre le dessus. Mais il était important que vous vidiez votre colère et votre tristesse avant de faire quoique ce soit et surtout il fallait chercher à savoir pourquoi et comment c'est arrivé ? Dans votre cas, vous auriez même compris qu'il n'y avait jamais eu infidélité et que ce n'était qu'une supposition. Nous sommes en terre noire et vous êtes une femme !
- Docteur, vous êtes un homme ; selon vous, comment faire pour gérer la situation ?
- Je ne vais pas vous mentir ; je suis un homme mais tous les hommes ne se ressemblent pas ; si c'était moi votre mari, je vous quitte sans hésiter.
Je regarde avec étonnement ce Médecin qui ne me ménage même pas avant de parler aussi cruellement ; il remarque mon abattement puis me dit :
- Calmez-vous Madame Frida ; je ne voulais pas vous choquer ; je voulais juste dire ce que j'aurais fait, moi, en tant qu'homme ; mais ne vous découragez pas je ne suis pas votre mari, essayez de dialoguer avec lui ; on ne sait jamais ! Même si le dialogue aurait du intervenir dès vos soupçons.
- Je regrette, c'est la colère et je me suis emportée.
- Ah ma chère, la colère ne fait jamais rien de bon ; elle est très mauvaise conseillère.
Je me mets encore à pleurer. Le docteur ordonne qu'une infirmière prenne soin de moi. Je ne peux plus rester ici ; je dois partir.
****MARIE-LYNE*****
Je suis on ne peut plus soucieuse ; ma sœur est en train de devenir folle ; si ce n'était pas le cas, comment peut-elle raconter que mon mari a voulu la v****r ? Je ressens un tumulte à l'intérieur de moi-même. Que se passe t-il avec ma sœur ? C'est Max hein, c'est Max ! Oh Max, jamais tu ne trouveras la paix dans le séjour des morts ; vois ce que tu as fait de ma sœur ! Et regarde ce que ta famille lui fait subir !
Jamais Honorat ne peut faire ce que dit Marie-Ange ! Mon mari est tout simplement parfait. Il m'adore et me respecte ; pourquoi irait-il vers Marie-Ange ? Cela n'a aucun sens. Ma pauvre sœur ! J'espère qu'elle acceptera de se faire suivre par un psychiatre. Elle en a fortement besoin. Sa situation me préoccupe au plus haut point. J'y réfléchissais quand Honorat entre et pause sa met sur mon menton en me faisant une petite caresse :
- A quoi penses-tu mon amour ?
- A ma sœur ;
- Elle devient folle ! il faut la faire interner !!!
- Ah non ! Toi aussi ! Pas à ce point !
- Ah oui ? Une femme qui accuse ton mari de vouloir la v****r ? Tu ne trouves pas qu'elle a totalement perdu la raison ?
- Mais elle raisonne bien sur d'autres sujets ;
- Elle a perdu son mari et elle veut que tu perdes la tienne ; sois vigilante ;
- Honorat !!! c'est de ma sœur que tu parles, ma sœur jumelle, elle c'est moi ; elle ne peut me vouloir du mal ;
- En tout cas, j'ai dit pour moi ;
Je comprends Honorat pour être accusé d'un fait qu'il n'a pas commis, mais en même temps Marie-Ange est ma sœur jumelle. Jamais je ne peux cautionner que l'on l'interne dans un asile ! Elle est juste bouleversée, qui ne le serait pas en subissant tout ce qu'elle a vécu ces derniers temps.
*****LEON******
Le docteur me fait tellement peur par son attitude que je ne sais pas quoi imaginer ; je commence à m'agiter dans tous les sens
- Mais où est ma femme ?!!! Dis-je de toutes mes forces
- Calmez vous et faites attention, vous venez de subir une opération
- Je m'en fou, ça ne répond pas à ma question, où est Blandine ?
Il essaye de me maintenir, se fait aider d'infirmier et lorsque je suis plus stable, il se rapproche doucement de moi
- Votre femme est dans un état critique ; nous espérons qu'elle va s'en sortir.
- Quoi !? (je ferme les yeux essayant d'être fort, de rester un homme) Qu'a-t-elle eu ?
- Le don qu'elle a fait à entrainer certaine complication sur sa santé
- Le don ? Quel don ?
- c'est elle qui vous a donné son rein;
- Oh non ! (je n'arrive plus à me contenir, la rage m'envahir avec quelques larmes au passage) Je lui ai dit de me laisser mourir !
Blandine n'aurait pas dû ; je le lui ai pourtant interdit et elle a semblé comprendre ; sa famille ne voulait pas ; en plus, sa santé ne le permettait pas. Je sais que Blandine s'est sacrifiée par amour ; je ne suis pas étonnée ; elle est ainsi ; mais si elle ne s'en sortait pas ! Comment ferais-je ? C'est d'elle que notre fille a besoin et non de moi.
Je demande au docteur :
- Docteur, si on lui replace son rein, sera-t-elle hors de danger ?
- Comment cela !?
- Opérez-moi à nouveau ; replacez-lui son rein afin qu'elle vive ; moi je peux mourir mais elle non ; notre fille n'a que trois ans ; elle a besoin d'elle.
- Monsieur Léon, ce que vous avez à faire maintenant, c'est de prier pour elle ; ses chances de survie sont très minces ; mais même étant du corps médical nous croyons au miracle, votre femme est assez croyante et confiante envers Dieu alors allez également vers lui pour lui demander d'opérer ce miracle.
Lorsque le docteur me laisse seul, je ne sais même pas quand est-ce que je commence à pleurer comme si j'étais une femme.
Prier ! Comment le faire ? Bien que ma femme était pieuse, je ne m'intéressais pas à Dieu ; je me disais même qu'il n'existe pas et qu'elle perdait son temps ; mon opinion est qu'il vaut mieux réfléchir à comment solutionner un problème et se retrousser les manches pour y parvenir plutôt que de se mettre à chanter et à prier. Je n'aurais jamais pensé que je croirais en Dieu un jour. J'ai grandi en tant qu'athée, mon but dans la vie était de trouver des vérités objectives au travers de la science. Si ce Dieu peut sauver Blandine, alors, il deviendra le mien et je croirai en lui.
****MARIE-ANGE******
J'ai l'impression que ma vie est un calvaire ; je perds mon mari ; je découvre qu'il m'a toujours trompé ; sa famille me chasse de la maison ; mon propre beau-frère tente de me v****r et ma famille ne me croit pas ;
Je me sens si seule et troublée ; c'est dans ces moments que je comprends que rien ne vaut la paix et la tranquillité d'esprit. C'est même quel malheur qui s'abat sur moi ?
Je pleure un bon coup puis je sèche mes larmes ; il faut que je réfléchisse à quoi faire ? En un quart de tour, ma vie a été bouleversée. Je me réfugie dans la chambre que j'occupe chez ma mère. J'essaie de m'occuper l'esprit à autre chose mais c'est difficile et plus fort que moi. J'essaie de me déstresser en surfant sur f*******: ; je lis des chroniques sur f*******:, un réseau social bien populaire ; ce monde de chroniqueurs m'aide à me détendre après une dure journée ; en les lisant, je passe du rire aux pleurs, de la tristesse à la joie, de la révolte à la paix, ce qui me fait généralement oublier mes soucis.
Je m'évade un moment et j'oublie vraiment tout autour de moi ; malheureusement, une fois ces lectures finies, je reviens à ma réalité ; je ne sais vraiment pas de quoi mon lendemain sera fait. Je me sens vide et perdue.
*****FRIDA****
J'insiste pour sortir de l'hôpital ; il faut que j'aille rejoindre Aubin pour qu'on en parle. Je ne dois pas traîner là-dessus ; je vois maintenant comment les choses peuvent être source de malentendus si on n'en parle pas. J'aurais dû parler de cette lettre depuis longtemps. Aubin m'aime ; il comprendra et me pardonnera. Devant mon insistance, le Médecin n'a pas eu d'autre choix que de me laisser partir.
Une fois à l'appartement, je ne retrouve pas Aubin ; je l'appelle mais c'est éteint. Jusqu'à la tombée de la nuit, il n'était pas revenu ; le lendemain matin tôt, j'eus l'idée d'aller vérifier dans la nouvelle maison s' il y est.
Une fois là-bas, je fonds encore en larmes en me rappelant que je devais bientôt habiter cette belle maison. Oh ! Qu'ai-je fait ? Je sonne longtemps et personne ne m'ouvre. Je regarde par la clôture et j'aperçois sa voiture. J'insiste de nouveau jusqu'à ce que je sente ses pas ; il ouvre le portail et me fusille du regard dès qu'il me voit et me lance :
- Retournes d'où tu viens Madame;
- Aubin, je t'en supplie écoute moi ; (je me glisse à l'intérieur)
- Frida...(il ferme les yeux, les réouvrent) ou comment on t'appelle, si tu ne t'en vas pas d'ici, je risque de commettre un crime, tellement je vais te battre !
Aubin semble enragé. Il s'avance vers moi et m'intime l'ordre de partir de là ; mais je continue de le supplier. Aubin me traîne par le bras et me mets dehors puis il ferme le portail en me lançant que je le dégoûte. Je ne l'ai jamais vu aussi énervé de ma vie.
Je m'assois sur un banc en ciment qu'il a fait devant le portail pour évacuer le reste des larmes emmagasinées dans mes yeux. Après un moment, je décide de me rendre chez ma mère ; elle va me passer un savon d'enfer mais si elle peut réussir à parler à Aubin, ce serait tant mieux.
*****GAETAN*****
Lorsque nous avons lancé avec les cérémonies de veuvage après l'enterrement de Max je fus plus qu'heureux, enfin ! Enfin les acquis de Max, ses femmes, ses biens seront miens !!!
Marie Ange a refuser de faire ces cérémonies, ce n'est pas grave au moins il reste Julie, dès que je l'ai vu au coté de mon frère elle m'a tout de suite intéressé semblant bien plus facile à atteindre que Marie Ange.
Julie a eu droit à presqu'un mois de rite, ces rites se seraient prolongés si elle n'avait pas accepté que je succède valablement mon frère c'est-à-dire m'occuper de ses biens et ses femmes, dans son état je n'ai pas pensé un seul instant qu'elle aurait refusé que je la prenne comme épouse, si elle avait refusé où serait-elle partir avec son fils, l'enfant à venir ? Sans boulot ? Elle avait tout intérêt à l'accepter !
Marie Ange croit y avoir échappé hmmmm, elle oublie que nous sommes africains, nous avons des rites et traditions que ce que les autres taxent de modernités ne nous l'a pas enlevé, heureusement, sinon je n'aurais pas eu droit au bonheur qui me remplis aujourd'hui.
Je continue de rendre visite à Marie-Ange pour lui montrer mon soutien ; on ne sait jamais, elle peut un jour tomber dans mon filet. Max, paix à ton âme ; repose-toi bien là-bas pendant que je gère Julie, tes biens et maybe Marie Ange.
Maintenant que c'est décidé, je vais déménager. Georgette habite déjà là-bas mais elle va devoir se contenter d'une chambre ; si elle refuse, je la mets dehors. Dès la semaine prochaine, après les cérémonies d'union avec Julie, je l'installe dans la maison et je m'y installe. Ma femme n'est pas contente mais a-t-elle le choix ? Elle ne peut que supporter ; c'est à prendre ou à laisser. D'ailleurs, je suis même fatigué d'elle. Toujours la même sauce ! Pfff ! Le bonheur est à ma porte et je compte bien en profiter.
******LUCIE******
Je reste seule dans la chambre avec Brigitte qui s'écrie :
- Lucie, tu m'as déçu ; désormais, ne te plains plus jamais auprès de moi ;
- Tu es mon amie et tu sais que tu peux compter sur moi Brigitte ; mais si je m'étais même imaginée une seconde la vie que tu menais, jamais je ne t'aurais suivi jusqu'ici.
- De toute façon, pour aujourd'hui c'est raté ; ils vont te v****r ;
Je tombe des nu fasse à son langage, est-ce mon amie qui parle ainsi ?
- Tu es méchante Brigitte ; mais tu verras que ces hommes ne vont pas me v****r ; ils ont un cœur ;
- Un cœur ? Hahaha ! Vraiment tu m'étonnes ; ta naïveté est remarquable, tu vas mourir de faim dans ce pays.
Brigitte commence à m'insulter mais je ne lui réponds plus. Plutôt que de lui en vouloir, je la plains car elle est en pleine descente aux enfers. Trente minutes s'écoulent puis la porte s'ouvrent, les hommes refont surface dans la chambre, mon cœur s'accélère tellement, il bat de plus en plus fort pendant que Brigitte elle sourit.
****FRIDA*****
J'ai beau supplier Aubin, il ne voulait rien entendre ; il m'a jeté dehors ; je n'ai jamais vu mon mari aussi furieux. Il m'a repoussé si violemment ! Pourtant Aubin s'est toujours montré gentil. Après avoir bien pleuré, je me rends chez ma mère. Elle est étonnée de me voir le matin :
- Frida, n'es-tu pas allée au travail ?
Sans lui répondre, je m'effondre dans un fauteuil. Elle reprend :
- Mais tu as pleuré ! Tes yeux sont enflés ; que se passe-t-il ma fille ?
Sanglotant, je lui raconte mes bêtises
- Frida, Frida, Frida ! Toi aussi ! hmmmmm (ntap !)
Silence
- Quelle est cette honte que tu viens de nous faire dans la famille ?
- C'est la colère, maman ; je te jure que je n'ai pas beaucoup réfléchi ;
- Waaaaa l'enfant ci me faire quoi eeeehhhh hmmmm (ntap !)
Silence
- Mais je t'ai demandé d'être patiente et de te maîtriser. Ce n'est pas ce que je t'ai dit lorsque tu es venue m'en parlé ici ? Pourquoi tu me souille comme ça ? Pourquoi tu as fais ça ?
Je ne faisais que pleurer
- La colère ôte l'esprit et la raison. La colère est une bête cruelle et furieuse, l'être en colère n'a plus aucune retenue. Une personne en colère ressemble à un esclave : il ne se possède pas. Voilà maintenant la bêtise que tu as faite ! Il a fait, toi-même tu dois faire ! Ne sais-tu pas que les théories d'école ne fonctionnent pas dans le foyer ?
- Il faut que tu parles à Aubin maman ; il t'écoutera toi.
- tu es enceinte d'un autre homme ; que veux-tu que je lui dise ?
- je vais avorter maman ;
- Aubin est un homme calme, compréhensif et sans histoires. Il t'a toujours bien traité ; il a beaucoup de respect pour moi, pour ton père et ton frère ; il n'y aurait donc pas de problème dans ce mariage si ce n'était pas ta mauvaise conduite (elle me lorgne, je baisse la tete pour fuir son regard). Aucune idée de résolution de ce conflit ne me vient à l'esprit sur le champ. Tu dois patienter. Ton père ne peut même pas apprendre cela ; c'est toute la famille qui va se moquer de toi.
- Ne lui dis rien maman ; gérons cela toutes seules.
- Et l'imbécile qui t'a enceinté ? Il est comment ?
- il est marié maman et je ne l'aime pas ;
- hein ! Marié ? Mais c'est quoi ça ? C'est quoi ça Frida ? eeeeehhhhh !!!
silence
- Tu ne l'aimes pas mais tu sais ouvrir tes cuisses ! Fille insensée ! Djantra ; je vois que tu n'as aucune idée de ce qu'on appelle mariage, surtout chez nous. Pourtant je ne cesse de t'en parler. Le mariage est le lieu par excellence des compromissions et des concessions ; dans le mariage, tu vivras de bonnes expériences mais aussi de très mauvaises. Et c'est à toi la femme qu'il revient le plus lourd des sacrifices. C'est la réalité de notre pays ; si tu ne vois pas les choses de cette façon, tu ferais mieux de partir vivre chez les blancs. Fille indigne ! Tu fais tout pour que l'on se moque de moi ou quoi ?
Dépassée, ma mère bavarde sur moi un long moment en me traitant de tous les noms. Est-ce que je pouvais parler ? J'encaissais seulement les injures. Après s'être bien vidée, ma mère réfléchit un moment et me dit :
- Si Aubin refuse de revenir à la raison, nous n'aurons pas d'autre choix que d'avoir recours à un marabout pour le faire changer de décision.