Chapitre 1-2

2129 Words
Stefano La beauté dans mes bras – enfin, pas tout à fait dans mes bras, plutôt à ma merci – croisa mon regard avec courage. Je ne vis ni peur ni défi dans ses yeux bleu vif, simplement une curiosité brute, presque une touche de fascination. De même, bella. J’avais choisi sa table pour une bonne raison, et ce n’était pas parce que qui que ce soit la soupçonnait de tricher. Bien au contraire. Le responsable de la salle disait qu’elle attirait toujours une foule de gentlemen, qu’elle gagnait de gros pourboires. Elle était rapide et flamboyante, dégageant pile le bon équilibre entre la professionnelle froide et l’invitation chaleureuse dans tous les jeux qu’elle gérait. Je l’avais testée parce que nous avions besoin d’un croupier pour des parties privées à l’étage. Mais maintenant, je voulais jouer à toutes sortes de jeux privés avec elle et aucun d’eux ne comportait de jeux de cartes ni de roulette. — Je n’aime pas être humiliée, intervint-elle. Pendant un instant, je crus qu’elle parlait à mes pensées, puis je me rendis compte que c’était sa justification pour avoir essayé de me gifler. Elle fit pivoter son poignet dans ma main, tentant de se libérer. Je ne le permis pas, attirant sa petite main jusqu’à ma bouche pour frôler ses jointures de mes lèvres. — Je m’en souviendrai, murmurai-je. Elle s’immobilisa, sa gorge remuant alors qu’elle déglutissait. Elle était si proche de moi que je sentais la chaleur de son corps longiligne, et remarquais le léger tremblement de ses doigts, malgré la fermeté de son regard. Et revoilà le rougissement la trahissant. Je voulais continuer à la garder serrée contre mon corps, à regarder ses yeux d’un bleu électrique se dilater à chaque fois que je parlais, mais si je l’avais fait, j’aurais fini par la plaquer contre le mur et faire leur affaire aux nichons qu’elle utilisait comme des armes. Aucune autre croupière ne lui ressemblait. Le nouvel uniforme se composait d’une chemise oxford blanche, d’un gilet écarlate et d’un nœud papillon, bon sang ! Mais Corey réussissait à rendre cette tenue immorale. La courte jupe noire moulait chaque courbe de ses fesses, de ses hanches et de sa taille, soulignant une paire de longues jambes élancées. Sa chemise était déboutonnée et ouverte jusqu’au gilet, le nœud papillon porté à même la peau comme le collier d’un amant. Comme j’aurais aimé attacher un collier et une laisse à cette magnifique créature et la mettre au pas ! Il lui faudrait de l’entraînement, en plus. Le coup de grâce1 de cette tenue était son gilet. Elle en avait choisi un de deux tailles trop petit, ce qui lui donnait davantage l’apparence d’un bustier ou d’un corset, sanglant ses seins et les comprimant vers le haut jusqu’à ce qu’ils supplient de s’échapper de sa chemise. Avec le gilet, je ne pouvais pas dire si ses mamelons étaient durs, mais à en juger par ses lèvres entrouvertes et son souffle court, je supposais que oui. Je savais que j’avais eu une érection rien qu’en la malmenant. Ce qui était probablement une bonne raison de la lâcher. Je me forçais à avoir un peu de self-control et la libérai. — Viens dans mon bureau, discutons un peu. J’agitai le bras pour indiquer mon nouveau bureau. Encore une fois, elle garda la tête haute, lançant ses longues boucles épaisses par-dessus son épaule alors qu’elle me précédait vers la porte fermée. Elle attendit que je l’ouvre, vraisemblablement parce que c’était mon bureau, mais j’éprouvais une certaine satisfaction à passer le bras derrière elle pour lui ouvrir, comme si nous avions un rendez-vous classe plutôt qu’un entretien. — Assieds-toi, Corey. Elle me lança un regard méfiant alors qu’elle prenait place en face de moi à mon bureau. — Est-ce que Nico vous a lâché après moi ? J’arquai un sourcil. — Tu appelles mon frère par son prénom ? — M. Tacone, se corrigea-t-elle en rougissant légèrement. J’adorais ses rougissements parce qu’ils étaient vraiment en décalage avec son assurance naturelle. — Non, désolée, pas du tout. Il sort avec ma cousine, alors je… — Ah, oui. Cette femme. La raison pour laquelle Nico m’a fait revenir de Sicile. Corey sembla décontenancée. — Que voulez-vous dire ? Je lui lançai un clin d’œil. — Je suis là parce qu’il courait le risque de la perdre… il travaillait beaucoup trop. Je ne l’ai pas encore rencontrée, ta cousine. Je laissai mon regard errer sur le visage de Corey, descendant vers son décolleté attirant avant d’y revenir. — Je peux voir pourquoi il est sous le charme. Pas de rougissement cette fois. En fait, je pensai qu’elle réprimait un roulement d’yeux. J’aimais vraiment bien cette fille. La dompter serait si amusant ! — Comment s’appelle-t-elle ? Elle croisa ses longues jambes, l’aisance revenant lentement dans sa posture. — Sondra. Et vous ne la rencontrerez probablement pas. Elle est partie. Je le savais déjà. C’était une bonne chose que je sois arrivé à ce moment-là, parce que Nico avait complètement déraillé depuis que sa nana l’avait quitté. Je ne l’avais pas encore vu, mais je savais qu’il avait pris l’avion pour rentrer à Chicago et régler son mariage arrangé et d’autres trucs avec notre père. Elle essaya de reprendre les rênes de la conversation. — Alors pourquoi me prendre pour cible ? Je suis une bonne croupière. Je me tiens à carreau. Mes lèvres tiquèrent. J’adorais sa détermination. Elle serait parfaite pour l’étage. Je devrais simplement m’assurer que personne ne la touche parce que je commençais déjà à me sentir un peu propriétaire de ce canon. — Tes responsables t’apprécient, oui. Ceux qui ne sont pas jaloux. J’avais remarqué que la responsable l’avait beaucoup moins bien évaluée que ses collègues hommes. Le coin des lèvres de Corey remonta. J’appréciais l’acceptation simple qu’elle donnait à ma déclaration. Elle avait d’emblée interprété correctement mes paroles et ça ne la dérangeait pas. J’avais déjà pris ma décision : elle était intelligente. Assurée. Agréable à regarder. Elle était parfaite. — Nous te déplaçons sur des parties à enjeux plus élevés. Privées. Je ne demandais pas, je lui annonçais. C’était comme ça que les Tacone faisaient des affaires. Maintenant, je l’avais prise au dépourvu. Ses lèvres écarlates s’entrouvrirent, et pendant un instant, aucun son n’en sortit. — Ça semble dangereux. Sa voix s’étrangla légèrement sur le dernier mot. Je levai un sourcil, à la fois curieux et impressionné par ses conclusions. — Ça ne l’est pas. Je serai là à chaque partie. Je ne laisserai rien t’arriver. Comme elle restait immobile, j’ajoutai : — Ou est-ce moi qui t’inquiète ? Un léger rougissement m’annonça qu’elle était assurément intéressée, mais elle secoua la tête. — Non. Oui. Je suppose que je voulais dire que ça semble… illégal. La voilà. J’appréciais tant les gens qui pouvaient être directs. J’écartai les mains. — Nous sommes à Las Vegas. Nous avons une licence de jeu. C’est la raison pour laquelle mon frère a emménagé ici. — D’accord. Bien sûr. Elle hocha la tête, baissant les yeux. Bon sang, j’adorais ces petits signes de soumission chez une femme autrement dominante. Comme lorsqu’elle s’était excusée d’avoir essayé de me gifler. Elle savait quand se défendre et quand s’écraser. Cela me donnait envie de démontrer ma domination de toutes sortes de manières obscènes… la mettre à genoux et l’étouffer avec ma queue. L’attacher à mon lit et la faire hurler toute la nuit. Gagner son obéissance avec un fouet et une carotte. Elle ne me croyait pas, ce qui, encore une fois, démontrait qu’elle était intelligente. Parier n’était peut-être pas illégal, mais il y avait toutes sortes de choses sordides et clandestines qui se passaient en périphérie. Comme parfois la collecte par la force de paris inhabituels effectués par des hommes désespérés. C’était le jeu que mon frère Nico avait appris de la Famiglia. C’était génial de sa part de l’amener à Las Vegas, où l’essentiel était légal. Ouais, ça signifiait qu’il payait des impôts, mais croyez-moi, pas autant qu’il l’aurait dû. — Ça ne sera pas tout le temps. Trois ou quatre nuits par semaine. Nous doublerons ton salaire de base et les pourboires devraient monter aussi. — Vous ne me donnez pas le choix. C’était une déclaration, pas une question. Je lui lançai un clin d’œil. — Tu as remarqué ça, hein ? J’ai besoin de toi pour les parties à l’étage, Corey. Fin de l’histoire. La colère apparut sur son expression mais elle la cacha rapidement. — Pourquoi moi ? Je haussai les épaules d’un air décontracté. — Tu es professionnelle. Froide et réservée. Fiable. Magnifique. En bref, tu es exactement ce que je recherche. La méfiance dans son regard devint plus apparente. Son aversion pour mon offre apparut sur son visage, mais elle dit : — Enfin. Je suppose que je n’ai pas mon mot à dire. J’étais légèrement surpris. Je savais qu’elle n’était pas une bimbo qui se mettrait en quatre, flattée, mais je ne pensais pas lui offrir un mauvais deal. Et si sa cousine fricotait avec Nico – si vous voyez ce que je veux dire –, je ne pensais pas qu’elle avait des blocages importants avec notre famille. Mais peut-être que si. — Oh, il y a toujours un choix, Mlle Simonson. Vous pouvez prendre la porte. Hé, j’étais peut-être celui qui était jeune et charmant, mais je pouvais être autant un stronzo que mes frères. Peut-être plus. Ses lèvres vivement colorées se comprimèrent. — Je ne vais pas faire ça, M. Tacone. Ses yeux bleus flamboyaient quand elle releva le défi de mon regard. — Bien, dis-je en me levant puis en lui tendant la main. Bienvenue dans la cour des grands. Elle se leva et je remarquai sa brève hésitation avant qu’elle prenne ma main, mais je lui adressai un sourire chaleureux quand elle la serra. — Demain soir. Sois là à vingt heures. — Oui, monsieur. Ici… dans votre bureau ? Je hochai la tête, même si c’était une terrible idée. J’aurais dû la refiler à Sal ou à Leo, lui donner un autre endroit où se rendre, mais je ne pouvais pas rejeter l’idée de l’avoir ici, dans mon espace. Ma croupière personnelle. — Porte une robe… quelque chose de sexy. Elle marqua une pause à la porte et se retourna, de nouveau totalement méfiante. — Je ne laisserai personne te toucher, dis-je en levant trois doigts. Parole de scout. Ses yeux s’étrécirent, ses lèvres s’incurvant en un sourire suffisant. — Vous n’avez jamais été scout. Il y avait une note moqueuse et entendue dans sa voix qui fit glisser quelque chose dans mon ventre. L’envie d’effacer ce dédain de son visage par le sexe se combinait avec le besoin de frapper quelque chose. Elle avait raison. Je n’étais pas un boy-scout. Je ne l’avais jamais été. Mes frères aînés nous administraient des raclées à Nico et à moi avant que nous ayons perdu nos premières dents de lait. Nous avions appris l’art de la violence en même temps que nous apprenions notre alphabet. Nico avait perfectionné l’art subtil de la stratégie – comment manipuler et gagner contre toute attente – le temps qu’il atteigne la puberté. Il m’avait montré les ficelles, m’avait protégé. Ma vie avait été plus facile que la sienne et je n’étais pas amer, mais je n’allais pas non plus m’excuser, surtout pas auprès de cette bombasse effrontée. C’étaient les cartes qu’on m’avait distribuées, la famille dans laquelle j’étais né. Mais je ne permis à rien de tout ça de transparaître. À la place, je lui lançai un autre clin d’œil et un sourire de tombeur. — Tu m’as démasqué. Je tendis la main derrière elle pour ouvrir de nouveau la porte. — Fais ce qu’on te dit… porte une robe. Je m’assurerai que tu seras récompensée. Pour parler plus franchement, je sortis un jeton de cinq cents dollars de ma poche et le fis sauter en l’air. Elle l’attrapa, puis soutint mon regard alors qu’elle le rangeait lentement dans son décolleté. Ce fut tout juste si je pus me retenir de claquer la porte et de la plaquer contre, pour lui faire une fouille à nu minutieuse et voir ce qu’elle cachait d’autre entre ou autour de ces seins fermes. — Je vous verrai demain alors. Sa voix était un peu voilée, me disant qu’elle n’était pas insensible à l’ardeur de mon regard. Je me raclai la gorge. — À demain. Je voulais lui donner une tape sur les fesses alors qu’elle passait la porte en se déhanchant, mais je réussis à me retenir à temps. Mais le lendemain, il se pouvait qu’elle n’ait pas autant de chance. J’avais trop hâte de la voir dans une robe. Je savais déjà que cette vue illuminerait ma soirée.
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