Discrimination
— Maman, attends encore un peu. Je vais te sauver ! murmura-t-elle.
— Monsieur, s'il vous plaît, attendez-moi ici pendant quelques minutes. Je vais bientôt sortir.
La voiture arriva dans le quartier résidentiel. Comme il n'était pas facile de prendre un taxi dans ce quartier, Shenie avait demandé au chauffeur de l'attendre.
— Très bien, répondit-il.
Shenie descendit avec hâte et courut vers le manoir.
Elle devait récupérer l'argent le plus vite possible et se rendre à l'hôpital.
— Mademoiselle, êtes-vous... La servante avait ouvert la porte joyeusement. Mais dès qu'elle la reconnut en se basant sur ses vêtements, son expression changea :
— Cherchez-vous notre maître ?
Ses mots étaient froids et distants.
Shenie n'avait pas le temps de faire des histoires à ce sujet. Elle se contenta de grogner en guise d'accord.
La servante commença à prendre des airs et à lui parler de haut :
— Notre maître est très occupé. Je vais ...
— Je l'avais déjà appelé, l'interrompit Shenie.
La servante se sentit mal à l'aise d'avoir été interrompue :
— Entrez donc, dit-elle d'un ton mécontent.
Shenie entra rapidement.
Le manoir était immense et magnifique, avec des décorations exquises de style européen.
Jacob Yales était assis sur le canapé et lisait le journal. Il la vit entrer mais il se contenta de la regarder sans rien dire.
En revanche, la femme à côté de lui était très anxieuse :
— As-tu terminé ta tâche ? demanda-t-elle.
Shenie hocha la tête.
La femme demanda à nouveau :
— As-tu été exposée ?
Shenie secoua la tête.
La femme poussa un soupir de soulagement et prit le bras de Jacob avec un sourire :
— Mon maître, c'est génial. Notre petite Yanie va enfin devenir Mme Hanks !
La femme avait une peau lisse et brillante. Malgré un large sourire sur le visage, elle ne montrait pas beaucoup de rides aux coins de ses yeux.
Jacob posa le journal et tapota la main de la femme :
— De bonnes choses arrivent. J'ai toujours su que notre petite Yanie ne nous déceverait pas.
— C'est vrai. Une fois que Yanie sera mariée dans la famille Hanks, notre fils sera aussi à l'aise !
Le sourire sur le visage de son père devint encore plus éclatant :
— Oui, nous devons nous emparer de la famille Hanks !
— Où est mon argent ? s'empressa de demander Shenie, qui se tenait à leurs côtés. Elle n'avait pas le temps d'écouter leurs bêtises.
Voilà la raison pour laquelle ses parents avaient divorcé à l'époque.
C'était à cause de la liaison adultérine de ces deux personnes en face d'elle.
De plus, la maîtresse avait donné naissance à un fils que Jacob cajolait. C'était comme un trésor pour une personne comme lui qui préférait les fils aux filles. Il voulait un fils pour porter le nom de la famille.
Yanie, sa sœur, avait grandi avec eux et les avait traités comme sa propre famille. Par contre, elle traitait sa propre mère et Shenie comme de la m***e.
Jacob fronça les sourcils. Il n'était pas satisfait de Shenie et se moquait d'elle :
— Regarde-toi. Tu es si pauvre et dégoûtante, et tu continues à demander de l'argent.
Shenie serra les poings en faisant de son mieux pour réprimer sa colère.
— Mon maître, pourquoi avez-vous besoin d'être si furieux contre cette rustre de la campagne ? Elle a été élevée par des villageois. Comment peut-elle se comparer à notre petite Yanie ? dit la femme avec sarcasme.
— Ha ! Shenie ne put s'empêcher de laisser échapper un rire moqueur.
— Qui était celui qui me suppliait, moi une paysanne, de lui faire une faveur hier ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Êtes-vous si vieux que vous ne vous souvenez de rien ? Avez-vous besoin que je vous le rappelle ?
Elle desserra le poing. Il était inutile qu'elle se mette en colère contre une telle personne.
— Est-ce ainsi que ta mère t'a éduqué ? Jacob s'était soudainement levé, les yeux grands ouverts et pleins de colère.
— Me respectes-tu toujours comme ton père ?
Shenie lui lança un regard froid.
Un père ? Elle n'en avait pas eu depuis longtemps.
— Shenie, sale g***e maléfique ! Jacob criait. Il était extrêmement exaspéré. Il fit quelques pas en avant et leva sa main, étant sur le point de la frapper.
Shenie n'esquiva pas. Au lieu de cela, elle redressa son dos, leva son menton et le regarda fermement :
— Allez, frappez-moi. Je n'ai jamais été ta fille de toute façon.
La main de Jacob s'arrêta en l'air. Il ne pouvait pas la frapper, quoi qu'il arrive.
— Très bien, très bien, prends l'argent et pars. Ne salis pas notre maison et ne gâche pas l'humeur de mon maître ! disait la femme avec dégoût, tout en jetant un chèque devant Shenie.
Elle baissa les yeux sur le montant. Il était écrit 200 000 dollars.
C'était le prix à payer en échange de sa virginité. 200 000 dollars. Elle ne savait pas si c'était trop bon marché ou si ça valait le coup.
C'était la première somme d'argent que la famille Yales lui donnait.
C'était aussi probablement la dernière.
Elle ricana froidement, en partie parce qu'elle se moquait d'elle-même et en partie parce qu'elle trouvait cela ridicule.
Satisfaite, elle plia le chèque et le mit dans sa poche avant de partir.
— Dégage d'ici. Que nos chemins ne se croisent plus ! lui dit Jacob.
Et la femme ajouta :
— Oui ! La famille Yales n'a besoin que d'une seule fille ! Tu peux retourner d'où tu viens !
Le corps de Shenie se figea et elle serra à nouveau les poings.
Est-ce qu'ils craignaient qu'elle ne gâche leurs bons plans ?
Quelle paire de personnes malveillantes !
Mais, comment elle pourrait partir cette ville maintenant ?