J’ai été bien longtemps sans comprendre ce qui se passait en moi. J’avais tellement peur de M. Olivier que je croyais parfois avoir aussi de l’éloignement pour lui. Je le trouvais froid et orgueilleux ; et cependant lorsqu’il parlait à ma tante il changeait tellement d’air et de langage, il lui rendait des soins si délicats, que je ne pouvais pas m’empêcher de le croire sensible et généreux. Une fois je passais au bout de la galerie, je le vis à genoux auprès de ma tante ; elle l’embrassait, et tous deux semblaient pleurer. Je passai bien vite et sans qu’on m’aperçût ; mais je ne saurais vous rendre l’émotion que cette scène touchante me causa. J’en fus agitée toute la nuit, et je me surpris plusieurs fois à désirer d’avoir l’âge de ma tante, afin d’être aimée comme une mère par celui qui