Isalys
Je suis en retard, comme toujours. Essoufflé, j'essaye de courir le plus vite possible dans les rues bondées de New York. Une fois arrivé devant le petit café où je travaille, je peux enfin reprendre mon souffle et vérifier l'heure. Il est 10h40 et j'ai 40 minutes de retard.
La gérante ne va pas apprécier.
Dès que j'ouvre la porte, l'odeur familière du café et des cookies m'accueillent. Thaïs -ma meilleure amie- me saute dessus. Ses longs cheveux blonds me chatouille le visage. Elle porte un sweat-shirt gris assorti à son pantalon.
-Isa j'ai eu trop peur qu'il te soit arrivé quelque chose. Me dit-elle en me prenant par les épaules, en plus j'ai entendu dire que la mafia italienne serait ici, à New York.
-Ne t'inquiète pas je vais bien, j'ai juste eu du mal à me réveiller. Lui répondis-je en enlevant mon manteau pour enfiler ma tenue et attacher mes cheveux en queue de cheval.
Je me précipite vers le comptoir avant que la gérante ne s'aperçoive de mon retard si ce n'est pas déjà fait.
-La gérante n'est pas là aujourd'hui donc tu peux te détendre ma belle. Me prévient une nouvelle serveuse que je n'avais jamais vu auparavant.
Elle m'adresse un clin d'oeil et s'en va apporter les plateaux qu'elle a dans sa main vers les tables des clients
Ses cheveux noirs flottent derrière elle et camouflent sa tenue. Elle est d'une beauté à couper le souffle.
Attention ta jalousie reprend surface.
-Tu sais qui c'est ? Demandais-je à Thaïs qui revient d'une table.
-C'est la nouvelle qui est arrivée ce matin.
J'ai un mauvais pressentiment, mais peut-être que je m'inquiète pour rien.
A la fin de mon service, il doit être plus de 19h et la nuit est déjà tombée depuis un moment.
J'enlève ma tenue de travail et enfile mon manteau qui commence vraiment a devenir usé avec le temps. Thais m'attend déjà dehors devant la porte du café.
Une fois à l'extérieur, je ferme le café à clef et je rejoins Thaïs qui se plaint du froid.
-Bon moi j'y vais. Me dit-elle une fois arrivé devant son immeuble, t'es sur que tu veux pas rester dormir ce soir chez moi?
-Non je vais rentrer chez moi,je dois m'occuper de ma mère mais ne t'inquiète pas je ferais attention. Lui dis-je en la prenant dans mes bras pour lui dire au revoir.
-Ok mais fais attention, tu sais que apparemment la maf...
-Oui je sais, c'est la 50eme fois de la journée que tu me le répète. Lui coupais-je, bonne nuit Thais.
-Bonne nuit Isa et fais attention!
Je m'engouffre dans les rues sombres et plus silencieuses de New York. Le quartier ou je vis est un quartier assez dangereux mais je n'est pas assez pour payer le loyer quelque part d'autre. Avec les médicaments et les soins de ma mère, c'est assez compliqué à gérer.
Je me sens soudainement observé, comme si quelqu'un me suivait.
En me retournant je ne vois personne. Ça doit surement être la fatigue qui me joue des tours.
Au moment où je traverse un passage piétons, ce sentiment d'être observé est de plus en plus fort. Je tourne la tête pour me convaincre que ce n'est rien, mais mes yeux s'attardent sur une chose... non quelqu'un qui est dissimulé dans l'obscurité.
Mon cœur fait un bond dès que je croise des yeux vert captivant et d'une beauté déstabilisante. Je me noie dans ses yeux et me fige, oubliant tout ce qu'il y a autour.
Un klaxon me fait revenir à la réalité, je me rends compte que je suis en plein milieu du passage piéton et me précipite vers le trottoir en m'excusant auprès du conducteur.
J'étais maintenant en face de mon immeuble et quand je voulais tourner la tête pour voir si la personne était encore là. L'endroit était vide, laissant place au silence et un frisson de froid me prit tout le corps.
Je rentre enfin dans mon immeuble pour me réchauffer et je monte les marches jusqu'à arriver devant le palier de mon petit appartement.
Une fois à l'intérieur, je vois ma mère endormie sur le canapé et la télé allumée sur un film d'époque.
Je me suis habitué à cette routine, la journée je suis à l'université ou au café et le soir quand je rentre chez moi. Je retrouve toujours ma mère endormie sur le canapé, c'est comme si je ne la voyais jamais à part mes jours de repos.
Je peux comprendre que ça soit difficile pour elle entre le départ de mon père, sa maladie et ses traitements. Mais c'est moi qui gère tout du mieux que je peux.
On vit dans un appartement miteux et dépravé dans les quartiers bas de New York et on vit qu'avec l'argent que mon père nous envoie tous les moins et l'argent de mon travail au café.
Quand j'ai mis ma mère dans son lit et que j'ai éteint la télé, je peux enfin aller me coucher.
Emmitouflé dans ma couverture, je repense à ma rencontre avec yeux verts. Ils avaient été si envoûtants que rien qu'en y repensant un frisson parcourt mon corps.
Un tas de question règne dans ma tête. Et si il faisait partie de la mafia italienne? Tu es trop parano Isalys.
La fatigue me prend de cours et mes yeux se ferment tout seuls.