CHAPITRE I Je dois à mes chers parents (tous deux à cette heure dans le ciel) des habitudes d’ordre et de précoce régularité qui m’ont été inculquées dès mon bas âge. Dans ces temps heureux, on m’apprenait à avoir mes cheveux bien lisses à toutes les heures du jour et de la nuit, et à plier soigneusement chacun de mes vêtements, dans le même ordre, sur la même chaise au pied de mon lit, avant de me livrer au repos. Je ne me couchais qu’après avoir régulièrement noté dans mon petit journal les faits de la journée ; je répétais ensuite invariablement dans mon lit l’hymne du soir à laquelle succédait, toujours aussi uniformément, le doux sommeil de l’enfance. Plus tard, hélas ! de tristes et amères méditations ont remplacé l’hymne du soir ; au lieu du doux sommeil, j’ai connu les veilles