Chapitre 1-2

2153 Words
Je suis peut-être aussi couillon que ces deux mecs finalement. Je contemplai mon uniforme gris anthracite, soulagé qu’aucune tache de sperme ne témoigne du plaisir inoubliable que je venais de vivre. J’avais éjaculé dans mon rêve mais aucune trace de foutre sur mon pantalon, on aurait dit un ado en proie à un rêve érotique. J’ignorais comment c’était possible mais j’étais bien content de ne pas avoir à subir cette humiliation devant le docteur et mes amis. Ils avaient vécu pareille expérience lorsqu’ils s’étaient inscrits au Programme des Epouses Interstellaires. On nous avait pourtant dit qu’on ne garderait aucun souvenir de cette expérience. Alors pourquoi avais-je autant les nerfs en repensant à la douceur de sa peau ? Liam et Evon avaient-ils vécu ça aussi intensément que moi ? Ou étais-je simplement un mec bizarre qui avait tellement envie d’une femme que j’étais prêt à rompre avec la tradition séculaire et suivre l’ordre nouveau de ces trois guerriers se partageant une seule et même épouse, à l’image de nos rois. Evon avait prétexté qu’on aurait plus de chances de trouver une femme à trois. Il avait peut-être raison. Mais on était très différents tous les trois. Je ne pouvais imaginer qu’une femme nous accepte tous les trois. Ça relevait d’autre chose qu’un simple rêve de gosse. Une femme ? La joie possessive qu’éprouvait le guerrier en regardant sa femme, en la conquérant, en la baisant ? Ça n’était pas pour moi. Je savais exactement ce qui me manquait. « T’es qu’un enfoiré, Evon. J’aurais jamais dû accepter. » Je m’attendais à ce que le docteur quitte la salle mais il s’affairait sur son pupitre de commandes. On l’ignora tous les trois tandis qu’Evon répondit. « Pourquoi ? » Je contemplais ses yeux bleu clair et ceux bleu foncé de Liam et m’énervais. « Mais p****n ça marchera jamais. Aucune femme ne voudra nous épouser tous les trois. » C’était tout bonnement impossible. Liam était originaire du Secteur 1, où les femmes étaient baisées en public. Les hommes du Secteur 1 étaient obsédés par la b***e en public, ils aimaient s*******r et donner du plaisir à une femme devant tout le monde. Dans leur secteur, ce type de rapport était la meilleure façon de montrer que leurs femmes étaient soumises. La récompense dévolue à un valeureux guerrier. Un cadeau, un signe de confiance indéfectible, un consentement. L’amour à l’état pur. Voilà le portrait d’Evon, toujours à vouloir commander. Son secteur exigeait la soumission la plus totale de la part d’une femme, d’autant plus dans l’intimité. Bondage. Soumission. Les guerriers vivant ici exerçaient une forme de domination totale. Evon voudrait d’une femme docile, qui lui vouerait une confiance aveugle et comblerait ses moindres désirs. Sa vie, ses plaisirs seraient entre ses mains, elle dépendrait de lui en tous points. Moi ? J’en avais rien à foutre. Comme la majorité des guerriers du Secteur 3, j’avais tout simplement envie d’une bonne chatte dans laquelle é******r. J’avais envie de la voir me faire une f*******n, lui faire plaisir, branler sa bouche, tout comme j’aimais goûter à mon tour la chaleur toute féminine de son nectar au goût de miel. Je suis du genre patient, tout à fait capable de lécher le corps d’une femme pendant des heures, me délecter de son odeur magique, la mener à l’extase en la léchant sans relâche, avant de la pénétrer et la posséder. « Ça a bien fonctionné pour nos rois. » J’avais bien souvent entendu la voix froide et synthétique si caractéristique d’Evon sur le champ de bataille. Il était ainsi fait. L’enjeu était de taille. Une épouse pour trois ? Exit notre existence solitaire ? L’enjeu était effectivement de taille. « Sauf qu’on n’est pas des rois. On n’est pas sur Viken United. On est bloqués sur un terminal, perdu dans ce cauchemar de glace. p****n, mais quelle femme serait assez dingue pour vouloir vivre ici ? » Liam s’approcha de moi et s’appuya contre la table d’examen, il contempla le docteur, les bras croisés. « Rager a raison, Evon. C’est perdu d’avance. » Oui, il avait raison. Le Terminal Nord était entouré d’une steppe glaciale s’étendant sur des centaines de kilomètres à la ronde. Mais la planète était reliée au terminal de télécommunications et de téléportation, on pouvait envoyer des messages à la Flotte de la Coalition et à d’autres planètes membres. L’appellation purement technique était ‘Communication Interstellaire Quantum’, ou ‘CIQ’. Nous étions des gardes royaux, des officiers CIQ, ce terminal était le seul lien Viken avec le reste de l’univers. Sans lui, nous serions bloqués sur une mer de glace dans l’espace, sans possibilité de contacter le monde extérieur, d’envoyer nos guerriers affronter la Ruche, de recevoir nos épouses. Pas de téléportations. Pas de télécommunications. Rien, hormis le vide sidéral. On pouvait survivre, en théorie. La planète y pourvoirait, là n’était pas le souci, on survivait ici depuis des millénaires, bien avant que la Ruche ne menace l’unité des planètes et des guerriers de Prillon Prime. Les guerriers Prillon avaient été les premiers à affronter la Ruche, c’est eux qui s’étaient battus le plus longtemps. La Ruche constituait une menace et le CIQ, nos installations de télécommunications et téléportations étaient cruciales pour que notre planète reste à l’écart de la Ruche. Notre mission était importante ici, chaque guerrier assigné au CIQ avait été scrupuleusement choisi parce que nous connaissions exactement les enjeux. On avait tous fait la guerre, on avait tous affronté la Ruche et ses horreurs de nos propres mains. Le fait que Liam soit d’accord n’apaisait pas mon humeur pour autant. Ni celle d’Evon apparemment. « Vous verrez que j’ai raison, vous me supplierez de la toucher. » Le désir qui se lisait dans le regard d’Evon me portait à sourire. « C’est une menace, Evon ? T’adores tout régenter, j’imagine que c’est pas maintenant que tu vas changer. » Je rigolais, ma déclaration fit rire Liam, lui qui n’avait pas le rire facile. « Il a raison. » Liam se borna à sourire en gardant son sérieux. Quand Liam nous jetait ce regard ténébreux, je voyais clair dans son coeur. Evon était le stratège, Liam était réaliste. Il avait perdu sa famille, avait grandi à la dure, c’était le fils d’un chef SSV. Les maudits SSV. Notre ennemi juré. Pire que la Ruche, d’une certaine manière, puisque c’étaient des Vikens—des traîtres—qui aspiraient à la guerre civile, à séparer les nations unies par les trois rois. Ils avaient déjà essayé d’assassiner leur héritière, la Princesse Allayna, et semer le chaos sur Viken. Le père de Liam était le chef des Séparatistes du Secteur sur Viken, un des hommes ayant fomenté le complot contre la petite princesse. Liam n’était plus sous le joug et l’influence des SSV depuis fort longtemps. Il avait échoué en prison lorsqu’il était ado pour ensuite se porter volontaire et servir la Flotte de la Coalition dans son combat contre la Ruche. Sa famille l’avait répudié. Il n’avait plus aucun lien avec eux ou sa mère, ça faisait des années qu’il ne lui avait pas parlé. La famille était primordiale dans le Secteur 1. Nous étions sa seule et unique famille. Liam posa sa main sur l’épaule d’Evon. « On te connaît par coeur, Evon. Tu vas commencer à aboyer tes ordres dès que t’auras vu cette femme, comme lorsqu’on était sur Noerzen 5 face aux berserkers de la Ruche. » On avait tous failli périr au combat mais Evon avait su garder l’équipe soudée. On avait combattu comme des bêtes Atlan parce qu’il nous l’avait ordonné. Il avait mené l’assaut, c’était grâce à lui qu’on avait survécu. « Je m’adapterai. On s’adaptera. » L’argument d’Evon ne tenait pas la route, on en avait tous conscience. Je poussai un grognement désapprobateur, Liam prit la parole. « Non. On s’adaptera pas. » Liam était agacé, sa longue chevelure noire ondoyant sur ses épaules masquait son expression. Je sentais le désir dans sa voix, le désespoir aussi. « On est trop différents, frérot. Si tu veux une partenaire, t’as qu’à te trouver des guerriers comme toi. On a tous des besoins différents, bordel. Je b***e en pensant au cul de ma future femme, à ses fesses écartées pendant que je la pénètrerai en douceur. J’ai hâte de voir la marque de mes mains sur son joli p’tit cul. » Liam me décocha un coup de coude dans les côtes, censément pour m’encourager à abonder dans son sens mais je l’ignorais. Je faisais une demi-tête de plus qu’eux, j’étais également plus baraqué. Mon bataillon m’avait surnommé la Bête de Bronze à cause de mes cheveux cuivrés et ma stature. Je suis grand pour un Viken et impulsif. Il m’arrivait de perdre mon sang-froid, comme une bête en rut. Un guerrier costaud, plutôt mauvais garçon et bardé d’armes. Pas vraiment l’homme idéal. Ça m’avait valu pas mal de problèmes quand j’étais encore une jeune recrue. Je comptais désormais sur Liam et Evon pour m’aider à garder la tête froide. Lorsqu’on me poussait à bout et que je perdais la tête - en de rares occasions - ils étaient toujours là pour m’éviter les ennuis. « Ça veut dire quoi ce coup de coude ? Je sais très bien ce qui t’excite. Un joli p’tit cul ça se refuse pas, disons que j’ai des goûts plus simples. » Evon rigola et me donna une tape sur l’épaule. « C’est ça. Tout est question de goût. Tu boufferais de la chatte matin midi et soir. » Je ne pus m’empêcher de réprimer un sourire. « T’as fichtrement raison. » Je repensai à mon rêve, au cunni qui l’avais fait jouir, à ma bite. p****n. Elle était attachée, j’ai pas besoin qu’une femme soit attachée pour qu’elle écarte les cuisses, après qu’Evon lui aura donné du plaisir. Je bandai à nouveau et me vois contraint de remettre ma bite en place dans mon uniforme. « Attachée au lit, elle sera à ta merci. » Evon approuva. « Elle m’accordera sa confiance. La plus haute récompense. – Ça marchera jamais, grommela Liam. La femme de nos rêves devra se montrer quelque peu déjantée. Nous satisfaire tous les trois ? Impossible. » Je me levais en soupirant. On avait tous passé les tests. J’étais le dernier. Y’avait plus qu’à attendre. Et on risquait d’attendre longtemps, y’avait peu de chance qu’une telle femme existe sur Viken ou sur n’importe quelle autre planète dans l’univers, une femme susceptible d’aimer se faire b****r, s***r, commander et s*******r en public. Aucune femme ne serait capable de supporter mon impulsivité, la morosité et les silences boudeurs de Liam et le besoin impérieux d’Evon de toujours tout maîtriser, à tout moment, dans les moindres détails. Sans relâche, implacable, il ne s’arrêtait jamais, ne se reposait jamais. A supposer qu’une femme soit réellement en mesure de combler nos appétits sexuels, il faudrait un vrai miracle pour tomber sur la femme qui voudrait de nous en tant qu’hommes et maris. Aucune femme ne pourrait nous aimer tous les trois. S’en persuader serait une grossière erreur. Je venais de m’en apercevoir. « Retournons bosser, » dis-je. J’avais envie de rentrer dans mes quartiers et me branler afin d’évacuer ce trop-plein de tension. J’aurais bien besoin d’oublier tout ça mais c’était impossible. Le devoir nous appellait. « Oui, on a fait le test mais quid de la fameuse épouse ? p****n, c’est impossible. On devrait se trouver une nana chacun. Je risque de tout faire foirer. » Evon me sapait le moral. Il aimait tout régenter, c’était peut-être lui l’homme idéal au final. C’était dans l’ordre des choses pour un homme de son âge. Une femme. Des enfants. Une vie bien rangée. C’était pas chose facile dans le Nord pour un trio de Vikens. Liam, Evon et moi avions le même âge. Oui, nous aussi aimerions bien avoir une femme à partager à trois, forcément parfaite puisqu’issue du Programme des Epouses Interstellaires. J’avoue qu’on était tous quelque peu désabusés. Sans blague ? Ce rêve d’accouplement s’estompait, la perspective d’un mariage s’évanouissait. « Fais chier, marmonnais-je. – Impossible ? dit le docteur. Je ne pense pas. » On avait complètement oublié sa présence. Il nous regardait, tout content. « Vous êtes toujours persuadés qu’aucune femme dans l’univers n’est apte à combler vos désirs ? Vous vous trompez. Il y en a une. » Il regarda Liam. « Disposée à tout accepter venant d’un mari issu du Secteur 1. » Il regarda Evon. « Une femme qui voudra bien accéder aux demandes d’un homme du Secteur 2. » Ce fut à mon tour « Qui se fera un plaisir de s‘allonger et bénéficier de vos attentions, Rager, du Secteur 3. » Mon coeur s’arrêta tandis que mon esprit essayait d’enregistrer ce qu’il venait de dire. « Docteur ? » à ma grande surprise, mes mains tremblaient. Il sourit. « Félicitations, guerriers. Vous voici mariés. »
Free reading for new users
Scan code to download app
Facebookexpand_more
  • author-avatar
    Writer
  • chap_listContents
  • likeADD