III Le temps reculait, et les événements auxquels avait été mêlé le pseudo Neyrial redevenaient présents au vieillard jusqu’à l’hallucination. Il se retrouvait à cinq ans en arrière, celui qui, rentrant vers les neuf heures après son dîner dans son cabinet de travail, se frottait les mains en disant : « Quelle bonne soirée ! Je vais la passer avec mes deux meilleurs amis, Montaigne et. La Bruyère. » Martial Jaffeux n’était pas seulement le fin lettré que dénoncent de pareilles préférences. Il était aussi un bibliophile passionné, non pas à la manière des spéculateurs d’aujourd’hui, qui rêvent de la grande vente et constituent des placements à cinquante et cent pour cent en éditions rarissimes avec autographes et gravures. Il aimait vraiment ses livres, lui. Il les lisait, moins souvent,