VI Le huitième voyageurLe 20 juillet, à sept heures et demie du soir, M. Bitterlin et sa fille roulaient en fiacre vers la gare de l’Est. En montant le boulevard de Sébastopol, le capitaine, qui semblait bien radouci, dit à l’enfant : « Tu vas faire un beau voyage, mais apprends à te conduire. Je suis bon ; je vais te montrer la Suisse, le grand-duché de Bade et Strasbourg, où j’ai tenu garnison quand tu n’étais pas encore née. Nous nous arrêterons un mois à Lunéville : tu verras le parterre et le château ; tu verras aussi l’humble toit où ton père a reçu le jour. En revenant à Paris, il est possible que je te paye une promenade au camp de Châlons, si toutefois tu as su t’en rendre digne. Songe à répondre à mes bontés par une sagesse exemplaire. Je ne regretterai pas l’argent que tu me c