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Il faisait beau. Le ciel était magnifique. Un bleu ni trop foncé, ni trop clair. Et il faisait bon, constatai-je, sur les marches du perron de ma maison. Ouais, un temps idéale pour courir. D'ailleurs, des coureurs passèrent justement devant moi. C'était mes voisins. Je leur fis signe par pure politesse.
En regardant ma montre, je constatai que j'étais très très en retard. m***e. J'étais vraiment dans le pétrin, aujourd'hui. Surtout qu'un Alpha venait nous rendre visite à l'école. Je crois que c'était un Alpha Suprême ou quelque chose comme ça. Je ne retenais que ce qui m'intéressait après tout. J'avais une mémoire sélective. Et vu que j'étais en retard, j'allais être dans le collimateur du Canada.
Je pensai à ma cousine Laly. Son âme-sœur était un loup-garou. Un beta plus précisément. Elle était partie dans sa meute et nous ne la voyons plus qu'une à deux fois par an. Je la plaignais mais elle n'avait pas l'air de se plaindre, la dernière fois que je l'avais vue. Elle avait dix-neuf ans, et elle attendait son premier enfant. Etant devant une louve à son tour, son existence serait plus longue que des humains comme moi.
J'envoyai un message à Célia. Ma meilleure amie. Elle avait seize ans comme moi.
/ Moi à Célia/
-Coucou ma petite dinde! J'arrive dans pas longtemps. Réserve moi une place dans le réfectoire s'il te plait. Je suis super en retard.
/Célia à grenouille/
- Impossible, je serai aussi en retard ma grenouille <3
Je souris et pris le bus qui était aussi en retard. C'était vraiment le karma. Je marchai jusqu'à la gare pour attendre Célia qui arriva seulement quelques secondes après.
- Tu es en retard, chantai-je à tue-tête avec un grand sourire sur le visage.
- Et toi, grenouille ? T'as pris le bus ou quoi ? Rigola mon amie en m'empoignant le bras pour marcher.
Elle ne se doutait pas un seul instant que c'était la vérité.
- Je vais être honnête. Oui, j'ai pris le bus. Et ... pour la première fois de ma vie.
On se tapa un fou-rire en se remémorant des souvenirs inoubliables.
***
Célia ouvrit brutalement la porte du réfectoire, comme une sauvage. Tout le monde nous regarda. Les jalouses et celles habillées comme des putes nous dévisagèrent longuement. Nous regardant de haut en bas. Bon, c'est vrai, on avait pas fait d'effort pour s'habiller parce qu'on s'en fiche comme de notre première culotte.
- Je suis vraiment désolée...Bégaya Célia avec stress. On pensait vraiment pas arriver en...
L'Alpha la coupa brusquement, me faisant sursauter. Il se tenait devant nous. Je ne l'avais même pas vu, tellement j'essayais de me faire toute petite. C'était raté parce que j'étais une girafe. Je mesurais un mètre septante quatre.
- Assez, dit-il de sa voix rauque et envoûtante.
Je frissonnai et rentrai en transe. Je levai les yeux vers lui, ce que je n'aurais jamais du faire. Je ressentis du bonheur, du désir, de l'amour. Je voulais le prendre dans mes bras, l'embrasser. Qu'il me marque et remarque encore et toujours. Cette sensation est indescriptible. Je reçus une vision de nous.
Notre première fois, quand je le nargue en boite, enceinte, la marque...
Je relevai les yeux vers lui et je devinai aisément qu'il avait vu la même chose. Son regard brillait de mille feux et en disait long sur ce qu'il pensait. Je sentis le regard de tout le monde sur moi. Je baissai les yeux et jouai avec mes doigts.
- Mienne.
Il s'approcha de moi mais je reculai en me levant à une vitesse fulgurante qui m'étonna moi-même. Les larmes me viennent au coin des yeux. Je reniflai, me levai et sortis dehors.
Je couru aussi vite que je pouvais. J'étais déjà exténué après 10 minutes de course. J'arrivai devant mon magasin préféré et rentrai à l'intérieur en vérifiant que personne ne me suivait. La vendeuse d'une quarantaine d'année m'accueillit en souriant, mais resta très surprise de me voir à cette heure là.
- Alexa ! Quelle surprise ! S'exclama-t-elle en me faisant la bise.
- je sais que je devais venir toute à l'heure, mais j'ai un énorme problème et je n'ai plus d'issue possible, lâchai-je.
je lui expliquai rapidement la situation et elle m'engueula en me disant que ma place était à ses côtés. je lui racontai tout, mes peurs, mes angoisses. elle décida de m'aider. elle réfléchit mais ne me demanda pas plus.
- viens, j'ai des vêtements pour toi. tu te changes et tu te pars par derrière, je te couvre. mais c'est la dernière fois que je fais ça, dit-elle en me pointant du doigt.
je lui souris et filai dans une cabine d'essayage. j'enfilai le short blanc qu'elle me donna ainsi qu'un pull noir. je gardai mes baskets et aspergeai mes anciens vêtements du parfum que me tendit cammie, la vendeuse.
elle fourra mes anciens vêtements dans une caisse et la mit derrière. j'entendis soudainement une voix pas si inconnue que ça. je sortis discrètement et me cachai derrière une grosse armoire. sa voix est tellement merveilleuse que je n'avais plus envie de partir. je le vis partir pour aller je-ne-sais-ou.
Il fallait que je décampe et tout de suite. L'Alpha était en colère et il pouvait sentir mon odeur. Je sortis par la porte de derrière en soupirant. Je me retournai en fermant les yeux et m'appuyai contre la porte.
J'ouvris les yeux en entendant du bruit devant moi. Les loups se trouvaient devant moi, ils me regardèrent bizarrement. Mes yeux s'ouvrirent comme des soucoupes. Je devais fuir, ce n'est pas mon destin.
- m***e, dis-je en jurant.
- Tu peux le dire, confirma Cammie qui venait d'arriver à mes cotés, les poings sur les hanches. Je te l'ai bien dit que ça ne servait strictement à rien de faire ce que tu as fait.
Je tentai de bouger mais un grognement m'en dissuada immédiatement. Je ne bougeai plus d'un pouce. L'alpha se rapprocha de moi et me tourna autour avec un regard bestial. Il devait évaluer la marchandise. J'eus envie de rire tellement ma phrase état ridicule.
Soudain, je reçus un coup sur la tête. Je m'effondrai dans les bras de l'Alpha.
- Désolé... j'entendis avant de sombrer dans l'inconscience.