À CONSTANCE-VICTOIRE
Voici, madame, une de ces œuvres qui tombent, on ne sait d’où, dans la pensée, et qui plaisent à un auteur avant qu’il puisse prévoir quel sera l’accueil du public, ce grand juge du moment. Presque sûr de votre complaisance à mon engouement, je vous dédie ce livre : ne doit-il pas vous appartenir comme autrefois la dîme appartenait à l’Église, en mémoire de Dieu qui fait tout éclore, tout mûrir, et dans les champs et dans l’intelligence ?
Quelques restes de glaise, laissés par Molière au bas de sa colossale statue de Tartuffe, ont été maniés ici d’une main plus audacieuse qu’habile ; mais, à quelque distance que je demeure du plus grand des comiques, je serai content d’avoir utilisé ces miettes prises dans l’avant-scène de sa pièce, en montrant l’hypocrite moderne à l’œuvre. La raison qui m’a le plus encouragé dans cette difficile entreprise fut de la trouver dépouillée de toute question religieuse qui devait être écartée pour vous, si pieuse, et à cause de ce qu’un grand écrivain a nommé L’INDIFFÉRENCE EN MATIÈRE DE RELIGION.
Puisse la double signification de vos noms être pour le livre une prophétie ! Daignez voir ici l’expression de la respectueuse reconnaissance de celui qui ose se dire le plus dévoué de vos serviteurs,
DE BALZAC.