*** Dans la peau de Sarah ***
Ça fait plus d'une heure que je me suis enfermée dans la chambre, je pense
qu'il s'est enfin calmé, je n'entends plus aucun signe de lui, ce soir je vais
dormir sans dîner car je ne veux plus sortir de la chambre.
Je prends mon téléphone et je me mets à regarder une photo de mon père avec
moi avant qu'il ne décède.
Je revois ce visage là, il me manque terriblement mon papa, s'il était là, les
choses ne seraient pas passées de cette façon. Je ne me retrouverai pas dans
cette merde car c'est suite à sa disparition que j'ai sombré dans cette merde de vie, dans une profonde dépression.
J'étais tellement mal au point que j'ai commencé a dérapé, je me suis
retrouvée à faire des mauvais choix, Joaquim était là pour m'aider à passer le
cap et c'est ainsi que nous avons commencé notre relation qui devient peu à peu mon pire cauchemar.
J'entends le bruit du poignet, c'est sûrement Joaquim qui deverouille la porte car je l'avais verrouillée.
Je me précipite d'éteindre le téléphone, je me couche sur le lit, je fais
semblant de dormir. J'attends des pas avancés vers moi, je continue toujours de faire semblant. Je le sens près de moi, je sens sa main passer sur mes cheveux.
Je laisse mes yeux à mi-clos, je le vois assis près de moi, il tourne sa tête
vers moi et je referme immédiatement.
Joaquim : Je suis désolée bébé, crois moi j'essaie de me maîtriser mais
souvent tu me pousse à bout.
Je l'écoute sans broncher. Il me donne un b****r sur mon front, ensuite je
sens une couverture sur moi. Je continue mon jeu, il va se coucher à côté de moi.
Je me lève et je ne le trouve pas sur le lit, je vais prendre ma douche. Je
sèche mes cheveux, je me regarde dans le miroir et je vois la trace du gifle.
Je camoufle ça avec du maquillage, je sors de la chambre et j'apperçois
Joaquim dans la cuisine, je sais pas ce qu'il trame. Je vais le rejoindre.
Joaquim : Ah c'est toi ? Bonjour mon amour !
Sarah : Bonjour !
Joaquim : Assieds-toi, je vais servir le petit déjeuner.
La table à manger, il est bizarre lui. Joaquim qui cuisine ? C'est du jamais
vu ça. Je m'asseois et je le regarde mettre la table. Il sert le petit-déjeuner
et s'assoit à son tour.
Joaquim : Bon appétit !
Sarah : Merci !
Joaquim : On ira faire un tour à la plage, ça te dit !?
Sarah : Pourquoi pas ?
Nous mangeons dans le silence, je sens parfois qu'il m'observe, j'imagine
qu'il est gêné mais c'est pas sa première fois de lever la main sur moi.
Nous finissons de prendre le petit déjeuner, je débarasse la table, il va
prendre quelques trucs pour la plage, je profite pour rincer ces quelques plats
sales.
Il revient me trouver toujours entrain de laver les assiettes mais j'ai
presque fini.
Joaquim : J'suis prête, vas prendre ce qui est important et rejoins moi dans
la voiture.
Je finis de faire la vaisselle, je prends avec moi un maillot de bain avec un
cache-maillot pour femme cordonn pompon transparent au couleur bleu indigo et un chapeau. Je vais le rejoindre dans la voiture, direction la plage !
Le silence est trop pesant.
Joaquim : Écoute Sarah, J'suis... Je m'excuse pour ce qui s'est passé hier
soir, j'sais pas c'qui m'a pris mais j'te jure que je le regrette sincèrement.
Je sais pas trop quoi lui dire, je suis fatiguée de ses excuses, qu'il me
cogne et après revient s'excuser.
Il tourne la tête vers moi et je fais semblant de lui sourire. Nous arrivons à
la plage, nous nous posons pour profiter du soleil.
Après un bout de temps, je décide d'aller me baigner, je laisse mes affaires
avec Joaquim qui ne veut pas nager aujourd'hui. Tant mieux, je vais pouvoir
respirer un seul instant sans l'avoir dans mes pattes. Qu'il fait du bien de
nager en cette période du mois d'avril.
J'observe Joaquim, allongé entrain de me guetter, il n'a rien à faire ce type
hein. Au bout de trente minutes, je sors de l'eau et je le rejoins. Il me
ramène deux cocktail, un pour lui et l'autre pour moi.
Sarah : Vas te nager, ça te fera un grand bien crois moi.
Joaquim : J'ai pas envie.
Sarah : Comme tu veux ! Tu as trouvé un boulot stable ?
Joaquim ( haussant les sourcils ) : C'est pas le moment de parler de ça !
Sarah : Joaquim, je ne veux pas qu'on continue de mener cette vie. La drogue,
ça rapporte rien de légitime, je veux pas me retrouver à l'avenir avec un gosse
sans père...
Joaquim : Hein !? Je serai toujours là.
Sarah : Arrête de vendre de la drogue, c'est pas un taf ça.
Joaquim : Si je ne gagnais pas bien ma vie, je ne serai pas en mesure de
prendre soin de toi. Je te donne tout ce que tu veux, alors sois reconnaissante
en fermant ta gueule.
Sarah : J'ai essayé de te trouver du boulot, un vrai boulot qui va te...
Mon téléphone se met à sonner, il le prend et voit que c'est Thomas. Il fronce
les sourcils et me lance un regard questionnaire. Joaquim c'est le mec le plus jaloux sur cette terre, il m'interdit d'être en communication avec des mecs que ce soit des amis ou parfois des cousins à moi.
Thomas c'est un ami d'enfance, ses parents sont très amis avec les miens, j'ai perdu contact avec lui mais on a commencé à se parler depuis quelques temps et je lui avais demandé de l'aide pour trouver du travail à Joaquim.
J'essaie de récupérer le téléphone de sa main mais il m'esquive.
Joaquim : C'est qui Thomas ?
Sarah : Un ami à moi.
Joaquim : Ah un ami ? Tu te fous de ma gueule maintenant ? RÉPONDS MOI !
QU'EST CE QUE TU FOUS AVEC UN MEC COMME AMI ? TU COUCHE AVEC LUI ?
Ça y est il hausse le ton et tous les regards sont sur nous.
Sarah : Calme toi, c'est pas ce que tu crois.
Joaquim : Ah ouais ? La p****n de ta race, je t'ai bien dit que je ne te veux
pas avec d'autres mecs et qu'est ce que tu me fais là ? Tu parles avec un
certain fils de p**e derrière mon dos.
Sarah : Mais calme toi s'il te plaît. Les gens nous regardent là Joaquim.
Joaquim : J'en ai rien à foutre que les gens nous observent. On va régler ça à
la maison.
Il me tire par le bras et nous rentrons à la maison. Nous voilà une fois encore à la maison avec une atmosphère tendue.
Joaquim : Maintenant, tu vas me dire qui est réellement ce fils de p**e qui
t'a appelé.
Sarah : T'en as pas marre de crier sans raison ? Je t'ai dit qu'il s'appelle
Thomas, je lui ai demandé de m'aider avec du taf, il m'a appelé pour ça
sûrement.
Joaquim : Tu ne travailleras pas, c'est clair ?
Sarah : Ce taf c'est pour toi ! Je suis fatiguée de mener cette vie, imagine
que tu te fasses chopper par la police, tu vas te retrouver derrière les
barreaux.
On a commencé à s'engueuler et cette fois ci il a commencé à me rouer de
coups, je pense que Joaquim a encore fumé des joints. Il me donne des coups un peu partout et même dans le ventre, je m'écroule, je commence à vomir du sang, je le supplie d'arrêter mais il continue de me donner des coups de pieds dans le ventre, je tords de douleur. Je perds conscience.
*** DANS LA PEAU D'HELENA ***
J'ai reçu un appel de Thomas, il m'a dit qu'il essaie de joindre Sarah depuis
un moment, j'ai moi aussi essayé de la joindre mais sans réponse. Sarah n'est
pas du genre à être loin de son téléphone, je me dépêche de me rendre à son domicile.
Avec Joaquim, tout est possible et la vie de Sarah est en danger à tout
moment. Je regagne son domicile, je me dépêche de rentrer et à ma grande
surprise je vois Sarah allongée, inconsciente et elle baigne dans son sang. Ce connard de Joaquim est assis à côté d'elle, les mains sur la tête, il est comme paranoïaque.
Je me jette rapidement auprès de Sarah, j'appelle l'ambulance.
Helena : Sarah... Sarah... Reveille toi... SARAH..
Joaquim ( en marmonnant ) : Je l'ai tué... J'ai tué Sarah !
Quoi ??? Je me retourne vers lui et je lui prends les colles, il n'arrête pas de répéter la même phrase.
Helena : S'il lui arrive un malheur, je te jure sur la tête de ma mère que tu
finiras toute ta p****n de vie derrière les tôles.
L'ambulance ne tarde pas à venir.
*****
Ça fait plus de deux heures que je suis entrain d'entendre des nouvelles et
toujours rien. Je sais pas qui appelé, Sarah et sa mère ne sont pas en bons
termes, elle ne me le pardonnera jamais si je contacte sa mère. Son père est
décédé et quand à Thomas, il est à l'autre bout de la ville.
Je vois le docteur sortir, je me dirige rapidement vers lui.
Helena : Des nouvelles ?
Docteur ( en soupirant ) : Mlle Sarah a perdu énormément de sang, nous avons
pu stoppé l'hémorragie.
Helena : Okay... Et ? Elle va bien ? Elle va s'en sortir ?
Docteur : Je l'espère oui mais malheureusement elle a perdu l'enfant qu'elle portait.
Helena : Je peux la voir ?
Docteur : Attendez encore quelques instants, une infirmière vous conduira à sa chambre.
Merci mon Dieu, si Sarah n'avait pas survécu je n'imagine pas comment serai-je
en ce moment. J'espère que la police réussira à mettre la main sur Joaquim. Il
a assez fait du mal à Sarah, il doit payer pour ses crimes. Je n'ai pas hésité
une seule seconde à le dénoncer. La grossesse c'était la seule chose qui liait
Sarah à ce s******d maintenant qu'il n'y a plus d'enfant, mon amie est enfin
libre de cette maudite union.
Infirmière : Suivez moi s'il vous plaît !
Elle me conduit à la chambre de ma soeur, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer en la voyant encore une fois dans cet état. L'infirmière nous laisse toutes les deux.
*** DANS LA PEAU DE SARAH ***
J'ouvre lentement les yeux et je constate que je suis sur un lit d'hôpital, je
vois faiblement Helena, j'essaie de lui sourire pour la rassurer. Elle me
sourit avec une perle de larme sur les joues.
Sarah : Ne pleure pas, je vais bien moi.
Helena : Je ne pleure pas, je suis juste appeurée.
Sarah : Comment suis-je arrivée ici ?
Helena : Je suis passée pour te voir car Thomas et moi, n'arrivions pas à te
joindre et quand je suis arrivée...( En pleurs ) .... Je t'ai trouvé sur le
sol... J'ai pas traîné à appeler l'ambulance.
Sarah : Ohhh ma mère, allez viens dans mes bras. Je sais que je t'ai fait peur.
Helena et moi, notre amitié date de longtemps, c'est plus qu'une question
d'amie mais de sœur souvent je la taquine en lui appelant ma mère.On se prend légèrement dans les bras, elle essuie ensuite ses larmes.
Helena : J'ai appelé la police et j'ai dénoncé Joaquim, je voudrai que tu en
fasses de même.
Sarah : Et mon bébé ?
C'est pas facile de dénoncer le père de son enfant. Je vois que Helena a le
visage crispé. J'ai vite compris pourquoi elle fait cette mine.
Sarah ( en touchant mon ventre ) : Non... Mon bébé...
Helena : Je suis vraiment désolée copine... Tu l'as perdu.
Non pas ça ? Je me mets à agiter mes mains, je voulais tellement ce bébé.
Helena ( en me prenant la main ) : Écoute, je sais que ce n'est pas facile
mais je pense que tu as perdu cet enfant pour une bonne raison. Rien ne te lie
plus à ce s******d, pour le moment il est recherché et je sais qu'on ne tardera
pas à lui mettre la main dessus. Dès que tu sors d'ici, on va quitter cette
ville, on trouvera du taf ailleurs et on laissera tout ceci derrière nous.
Quelques semaines plus tard
Je suis sortie de l'hôpital et je suis allée faire ma déposition. Helena m'a
proposé de vivre avec elle en attendant qu'on trouve un appartement et du
travail à Lisbonne. Je n'ai plus revu Joaquim.
Helena ( en me montrant quelques images des appartements dans son ordinateur ) : Regarde celui ci, il est joli non ?
Sarah : Ouais mais t'as vu le prix ? On a pas encore du boulot là, c'est vrai
qu'on a passé quelques entretiens mais on sait même pas si on sera recrutée.
Helena : Ohhh tu penses trop, on aura ce boulot alors cesse de te stresser. Et
si on sortait ce soir, histoire de se vider la tête.
Sarah : J'suis d'avis. Ça fait un bail qu'on a pas fait la fête, ça ne nous
coûtera rien d'aller en boîte ce soir. Danser comme des dingues.
On se met à rire car nous savons déjà ce qui va se passer. À chaque soirée,
nous finissons avec une gueule de bois, on fait trop de bêtises en vrai et ça
me manque tout ça. C'est peut être le moment de revivre ce moment.