Elle sortit de la chambre et une odeur si délicieuse l'accueillait.
Laura avait trouvé dans le salon Mosé, vêtu d'un pyjama bleu et semblant être concentré sur un programme télévisé.
« Viens ! » Disait-il en détournant le regard de l'écran.
Elle marcha donc lentement vers lui afin de s'asseoir à ses côtés.
Et, le poids de son corps sur le sofa remplissait ce lieu d'une chaleur qui était inégalable. Elle lui demanda tout de suite, 'que regardes-tu ?'
« Une émission sur les chiens. » Répondait-il, « J'aime énormément les animaux ! »
« Tu en as un ? »
« Non... malheureusement ! »
« Pourquoi ? »
« Le travail… J'ai peur de ne pas pouvoir lui donner le temps qu'il mérite d'avoir ! »
« Je suis sûre que tu sauras t'en occuper... »
Il la regarda frileusement, prit par le froid de ces paroles et rétorquait « Merci ! »
La jeune dame souriait alors tendrement avant que son ventre ne réponde à l'odeur des spaghettis bolognaise qui se baladait dans la maison.
« Désolée. » Disait-elle un peu embarrassée.
« Tu n'as pas à l'être ! Après avoir passé trois jours à l'hôpital, c'est bien normal que tu veuilles sauter sur tout ce qu'il y a à manger autour de toi, je suppose ! »
Il se leva donc puis tint sa main vers elle 'Viens... on va se régaler ! » La menant vers la salle à manger où la table était déjà dressée et ils s'y étaient assis.
Surprise, elle s'écria « Waouh ! » Faisant face à Mosé. 'C'est toi qui as aussi bien rangé les plats ? »
« Non ! » Répondit-il avant qu'un homme vêtu tel un cuisinier n'entre dans la pièce pour les servir. 'C'est lui… Julio ! » Lui pointant du doigt.
Et, ce dernier parla donc 'Bonsoir mademoiselle ! » S'adressant élégamment à Laura.
« Bonsoir ! »
Puis, une fois les plats servis, Laura s'empressa de sauter dans les assiettes sans même détourner un regard de ces baguettes de pain si craquants, de ces spaghettis qui nageaient si bien dans la bolognaise et de ce dessert ; un magnifique fondant au chocolat.
Mosé la regardait tellement qu'il mangeait très peu.
Il la voyait là et avait l'impression de revivre des scènes de sa vie dans un film.
On aurait même dit qu'il se retenait de pleurer.
Cachait-il dans un coin de sa bouche des mots qu'il ne voulait pas dévoiler ?
Était-ce en rapport avec le fait qu'il n'avait aucune photo de sa famille ?
Qui était-il devenu ?
L'ombre voulait-elle finalement prévenir Laura d'un danger ?
Était-il possiblement là pour son bien ?
Rien de cela n'était encore révélé, mais pour l'instant, le temps passait. Ainsi, après le repas, la jeune femme se sentait beaucoup trop fatiguée pour pouvoir profiter de la présence du jeune homme.
Alors, elle se leva de table et murmura 'Pourrais-je aller me coucher, s'il te plaît ?' Baillant follement, la tête un peu sur la lune.
« Bien sûr. » Répondait Mosé, comprenant sûrement la fatigue qu'elle pouvait ressentir.
Ensuite, elle se dirigea vers la chambre et sauta sur le lit.
Il n'avait pas fallu que beaucoup de temps passe d'ailleurs pour qu'elle s'endorme dans ce lit très grand format.
Des minutes après, Laura était déjà bien loin dans un univers parallèle, endormi dans le nôtre lorsque minuit courait vers le monde.
L'heure à laquelle les chants de batailles criaient victoire ou pleuraient de défaite.
Minuit courait vers ce monde, et malheureusement pour elle, ce n'était pas le nombre de kilomètres qu'il y avait entre sa maison, et celle de Mosé qui pouvaient la séparer de l'ombre.
Ce dernier comptait bien faire son retour sous les draps de la jeune femme, peu importe le sacrifice à faire.
Les lumières extérieures qui éclairaient la chambre qu'elle occupait, s'éteignirent soudainement.
Il faisait ténèbre dans la pièce, mais elle était beaucoup trop affaiblie pour remarquer quoi que ce soit à ce moment-là.
Les ténèbres, c'était alors là la mère de notre très cher monsieur de la nuit.
Il s'invita donc dans la demeure et l'on pouvait voir derrière la noirceur qui y régnait, son ombre immerger entre les quatre murs où dormait la jeune femme.
Il se rapprocha de son corps, puis à son oreille chuchotait des mots.
La sentant insoumise à la voix qui aurait dû réveiller l'esprit de Laura, il emprunta à bien des dommages la voix et l'apparence de l'homme que la jeune femme désirait fort à ce moment-là.
Ensuite, prise de naïveté, ne se posant plus aucune question, elle se laissa balader dans ses bras.
Elle abandonna complètement son corps épuisé, dans les bras de l'ombre.
La nuit était là pour elle un autre jour. Elle ne pouvait donc y voir que le visage de Mosé.
Cet imposteur la caressait du bas vers le coup, puis l'embrassa.
À ces instants, les yeux fermés, elle se doutait bien qu'il y avait une différence dans le goût des lèvres de son amour de jeunesse. Pourtant, elle se laissa faire, abandonnant le bénéfice du doute dans le nombre d'années qui avaient pu passer et faire cette différence.
De plus, les baisers de cet imposteur étaient si profond. Il l'embrassait avec une telle passion, décrivant le temps qui avait passé et le retenait impatient, qu'elle pensait être entre les griffes de son adorable ours, Mosé.
Malheureusement pour l'ombre et heureusement pour elle, l'enfant du néant ne savait pas rester doux, il ne savait pas rester en amour très longtemps.
Malgré ses efforts, son côté animal le rattrapa assez vite.
Ainsi, en quelques secondes, il était passé d'une huile d'amour à un feu de destruction.
Un souffle inconfortable se faisait entendre dans les oreilles de Laura.
Il rugissait de plus en plus fort et se faisait de plus en plus furieux.
« C'est lui ! » Se dit-elle.
Néanmoins, elle était là, ne le repoussant pas. Ne voulant plus le repousser.
Elle y était déjà, en train de manger ce fruit amer, qui était devenu normal au touché de sa langue.
Ce goût amer, comme du chocolat noir qui pourrait paraître trop fort à la première barre, mais addictif par la suite, se trouvait entre ses dents.
Cette eau pétillante qui avait le goût amer d'un antidouleur maintenant, était délicieuse à sa bouche.
Elle se laissait faire et parlait désormais le même langage que lui.
Sa langue goûtait et sa bouche disait des mots que l'ombre comprenait très bien.
Il était chaud, mais il n'y avait que la jeune femme qui semblait faire un marathon.
Et, lorsqu'il donna le dernier coup, elle tomba en éveil. De si haut, et si fort.
C'était pour lui dire au revoir avant la prochaine fois, mais la douleur était si grande qu'elle ne pouvait se retenir de crier.
Elle beugla si fort.
Sûrement qu'elle avait l'habitude de se lâcher autant seule dans son appartement, mais ce soir-là, elle était chez quelqu'un d'autre.
Elle poussa un cri qui ne la fit pas que tomber en éveil, mais réveilla aussi Mosé.