Cédant

1660 Words
Point de vue de Riley Quelque chose se passe. Même cachée comme je le suis, j'ai réussi à comprendre que la meute de l'Alpha Rowan se fusionne avec la nôtre. Cela me remplit de crainte. Ce que nous faisons va à l'encontre des directives de l'Alpha Jaxon et je sais instinctivement que nous allons en payer le prix. Il n'y a aucune chance que le plan de mon père fonctionne. Tout ce qu'il fera, c'est irriter encore plus l'Alpha Rowan. Il nous fera subir sa colère et nous souffrirons tous de l'arrogance de mon père. Je vais sans doute souffrir le plus, étant sa fille et ayant son sang. Peu importe que je n'y sois pour rien. Je suis assise sur mon matelas usé et je songe à m'enfuir, mais je soupçonne qu'avec la patrouille supplémentaire et les nouveaux membres de la meute, je n'irai pas loin. Damien arrive, tenant un sac en papier à la main. Mon estomac gronde. De la nourriture. Ma bouche salive alors que j'essaie de garder l'éclat d'espoir dans mes yeux. Damien n'est jamais gentil gratuitement. Il y a toujours un prix à payer ou des conditions attachées. Il éclate de rire en me voyant dans cet état, voyant l'état froissé de mes vêtements et le désordre de mes cheveux. "Qu'est-ce qui se passe, inutile ?" me dit-il en se moquant, lançant le sac si fort qu'il me frappe en plein visage. Comme d'habitude, je ne réponds pas, mais il sait mieux que d'en attendre une. Je ne peux pas parler après tout. "Je n'apporte ça que parce que Père veut que tu manges. Je ne comprends pas pourquoi il s'inquiète soudainement pour toi", a-t-il dit avec un regard noir, "et je n'apprécie pas d'être traité comme un p****n de serviteur pour te l'apporter. Cela devrait être le travail d'un oméga, mais Père veut que tu restes hors de sa vue." Je commence lentement à ouvrir le sac. Je m'attends à de la nourriture moisie, de la nourriture détrempée, ou quelque chose de complètement immangeable malgré les ordres de mon père. Au lieu de cela, je découvre quelque chose qui ressemble à un festin. Deux sandwiches au fromage et aux cornichons, qui étaient mes sandwiches préférés quand j'étais petite. Un paquet de chips. Une pomme et une boîte de jus. C'est plus de nourriture que je n'en ai mangé depuis des mois. Mon estomac gronde d'anticipation et ma bouche s'humecte. Mais je suis méfiante et je tourne les yeux vers mon frère qui hausse les épaules. "Ordres de Père", a-t-il dit avec gravité, "qui sait", a-t-il ajouté joyeusement, "peut-être que c'est un dernier repas ou quelque chose comme ça." Il plaisantait, mais cela pourrait aussi être vrai. Je jette un coup d'œil au contenu du sac, ne sachant pas si j'ai encore faim. Mais si c'est un dernier repas, alors ce serait insensé de le gaspiller. N'est-ce pas ? J'avais tellement faim que des larmes commençaient à me monter aux yeux. Mon estomac était comme un trou béant. J'ai pris une bouchée hésitante du sandwich et je n'ai rien découvert de suspect. Il n'y avait pas de goût étrange. Rien qui ne semblait pas à sa place. J'ai pris une autre bouchée, mon estomac me poussant à continuer. J'avais faim, non, j'étais affamée. J'étais en train de mourir de faim. Avant même que j'aie pu cligner des yeux, j'avais terminé le premier sandwich pendant que Damien s'asseyait et regardait avec un air impatient sur son visage. Je l'ai ignoré. Mes mains tremblaient alors que je prenais le deuxième sandwich et commençais à le dévorer. J'ai arraché de gros morceaux, incapable de me contrôler. C'était comme si j'étais envoûtée par la nourriture. Quand avais-je eu un vrai repas comme celui-ci pour la dernière fois ? Je ne m'en souvenais pas. Le deuxième sandwich était englouti. J'ai commencé à manger la pomme après, presque en soupirant alors que la douceur de son jus touchait mes papilles. La pomme était fraîche et juteuse. La peau était bien mûre et d'un rouge appétissant. Je mâchais, essayant de ralentir un peu et de profiter. "Mon Dieu, pourrais-tu être plus porcine ?" a murmuré Damien avec dégoût. J'ai fixé mes yeux sur lui. Si j'étais une truie, c'était parce que je n'étais pas assez nourrie, je voulais crier. De plus, si quelqu'un était un cochon, c'était lui. Il mangeait bien pire à la table. J'ai fini la dernière bouchée de la pomme, mettant à contrecœur le trognon dans le sac. Je ne pouvais pas le manger, le trognon. J'avais la bouche sèche. J'ai commencé à siroter le jus et puis j'ai ouvert le paquet de chips, plaçant soigneusement le premier dans ma bouche et écoutant le bruit de croquant fort lorsque je mordais dedans. Le paradis. La délicieuse salinité. Je mangeais beaucoup plus lentement maintenant, mon estomac commençant à se sentir rassasié et, pour être honnête, ballonné à cause de ne pas avoir mangé autant depuis longtemps. Je me sentais comme un écureuil en hiver essayant de cacher de la nourriture pour l'hiver. Damien a simplement secoué la tête en me lançant un regard dégoûté. "Honnêtement, je ne peux pas croire que nous soyons parfois liés." Moi non plus. Damien ressemblait plus à mon père tandis que je ressemblais à ma mère, ou du moins c'est l'hypothèse que je faisais. Je préférais cela. Pourquoi voudrais-je ressembler aux personnes qui faisaient de ma vie un enfer, jour après jour ? Pourquoi voudrais-je être associée à eux ? Je préférerais être liée à quelqu'un qui était gentil et compatissant. Mais cette meute était remplie de membres cruels et inhumains. Honnêtement, pensais-je avec une soudaine méchanceté, ce ne serait pas la pire chose au monde si l'Alpha Jaxon prenait de force cette meute. Cela pourrait être horrible de penser cela, mais il n'y avait aucune gentillesse à trouver ici. Cette meute était vicieuse et froide. Tout comme mon père. Je mâchais méthodiquement les chips. Mon frère s'est déplacé sur son derrière en faisant la moue. "Tu peux te dépêcher un peu ?" a-t-il aboyé. Je l'ai fixé en levant un sourcil. Je devrais être reconnaissante qu'il ne brandisse pas la télécommande du collier de chien contre moi. Soit il l'avait oubliée, soit il n'était tout simplement pas d'humeur à l'utiliser. Dans tous les cas, j'étais contente. J'ai essayé de manger un peu plus vite pour montrer ma gratitude alors qu'il grognait et détournait le regard. Mais manger cette nourriture salée ne faisait qu'assécher ma gorge et augmenter ma soif. J'ai commencé à boire le reste du jus. J'avais fini. J'ai jeté un regard regrettable au sac en papier, souhaitant avoir gardé de la nourriture pour plus tard, mais je soupçonnais que Damien ne me le permettrait pas. "Tu es vraiment une truie" a lancé Damien, tendant la main et prenant les déchets que j'avais sur moi. J'ai attendu qu'il parte. Ce n'était pas habituel pour lui de rester avec moi, mais il semblait hésitant à partir. Étrange. Je l'ai regardé. Il avait un air sournois. Que se passait-il ? Pourquoi il agissait comme ça ? Je lui ai fait un signe. "Tais-toi" a-t-il grogné "Je partirai quand je serai prêt." Je me sentais comme un animal exposé alors qu'il était assis là. On aurait dit qu'il attendait quelque chose. Mais quoi ? J'ai cligné des yeux. Mon corps commençait à se sentir un peu étrange. Comme si je flottais. Mes yeux se sont écarquillés et j'ai tendu une main pour essayer de me stabiliser. Je suis tombée au sol, sur le dos, mes yeux fixant le plafond. "Enfin, ça commence à faire effet. Je n'ai pas dû mettre une dose suffisamment élevée pour que ça fonctionne assez vite" la voix de mon frère était d'une froideur glaciale alors qu'il se levait puis se déplaçait, me donnant un coup de pied dans les jambes et provoquant une vive douleur qui me traversait. Que m'arrivait-il ? J'ai essayé de bouger mes bras et mes jambes, mais ils refusaient de coopérer ou de m'obéir. Ils se sentaient comme des poids de plomb. Damien avait fait ça, ai-je réalisé avec une horreur grandissante. La boîte de jus avait été droguée avec une sorte de médicament ou de poison. Pas étonnant qu'il ait attendu là. Il s'assurait que ça prenne effet. Je me sentais stupide. Je n'aurais jamais dû manger cette nourriture, mais s'il ne l'avait pas fait, il m'aurait sans doute forcée à le faire. Damien se tenait au-dessus de moi, son visage dominant le mien alors que je le regardais. Il avait un sourire vicieux. "Je pensais que le truc du dernier repas aurait été un indice, mais ça t'a sûrement échappé, n'est-ce pas Riley ?" s'est-il moqué, ses yeux brillant "tu es vraiment pathétique" a-t-il ricané. Dernier repas ? Avais-je consommé du poison ? Était-ce enfin la fin pour moi ? Mon père se débarrassait enfin de ma présence ? Pourquoi maintenant ? Je voulais former des mots, mais ils ne venaient pas. Au lieu de cela, ma vision devenait floue alors que Damien inclinait la tête vers moi. "Au moins, tu prouveras que tu peux être utile avant de mourir" a-t-il murmuré, "donc tu sers à quelque chose au moins." Ma vision commençait à s'assombrir. Je l'ai senti me donner un coup de pied v*****t dans le ventre, mon corps se repliant instinctivement sur lui-même. L'obscurité m'enveloppait. Damien s'est agenouillé près de mon oreille, sa voix glaciale. "J'ai hâte que tu te réveilles et que tu réalises à quel point nous avons besoin de toi. Alpha Rowan va être éliminé et il est aussi fou et stupide que toi. Mon père et moi allons avoir la meute la plus forte du pays et ce sera grâce à toi et à ce pauvre, pathétique, Alpha Rowan. Comme c'est ironique, n'est-ce pas ?" a-t-il dit en riant sombrement, se redressant alors que je le fixais avec horreur. J'ai succombé à l'obscurité et je n'ai plus rien entendu.
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