On se prépare tous, maman a voulu que je mette une robe noire, on se demande pourquoi ??
Moi, une robe, ben, elle a dû se rappeler que jetait une fille.
Je ne parle plus, enfin, je crois.
Je suis toujours dans mon trou et je regarde la vie comme un film.
Je me lève, me lave les dents, prend les petits déjs, répond par oui, non et hum !
Depuis ce vendredi, je ne suis que spectatrice, j’entends, je vois, je réponds, mais ce n’est pas moi, j'ai pas pleuré, je pleure pas, j'ai pas mal, je n’ai plus rien.
— Comme tu es jolie ma chérie !! Me dit doucement maman, tient avec une barrette ça serra mieux.
Je vois mon reflet, je suis pâle avec mes cheveux de garçon, elle ma fichue une barrette rose pour tenir une petite mèche rebelle.
(Du rose !! je déteste ça non mais franchement)
Je vois les cernes noirs sous mes yeux et ce regard vide, complètement vide, y a plus personne la-haut, ça se voit, je ne suis pas là.
— Aller faut y aller Ariel, m’indique-t-elle
On se lève, arriver dans l'entrée Josh me pose une capeline noire sur les épaules, je vois qu'il est inquiet, je ne pleure pas, on arrive à l'église.
Plein de monde, trop de monde, trop que je ne connais pas, et puis la messe, les fleurs, les bougies.
Le petit curé cliché ventripotent un visage doux qui parle de poussière, d’amour de souvenir de paradis.
Des mots encore d'autres mots et on transporte la grosse boite de façon solennelle vers le cimetière.
Y a qui dans la boite ? Pourquoi tout le monde pleur,
Pas moi. Pourquoi tout le monde nous regarde ? Ma mère a l'air vraiment triste, Diego la soutient, pour une fois la peste ne dit rien.
Tout le monde en noir.
C’est qui dans cette fichue boite ????
Je sens une goutte fine qui tombe sur mon front puis une autre, les gens parlent, le curé invite tout le monde à jouer avec son petit maillet, je bouge pas, ils bénissent le corps (je m'en fous, je veux mon père, pourquoi il n'est pas là ??)
Je ne veux pas bénir leur boite, je refuse, ma mère passe devant la boite, mon frère, mon beau-père et moi, je recule, je ne veux pas être devant leur fichu boite.
La colère, beaucoup de colère, elle monte en moi, elle me réchauffe, je ne comprends rien de ce qui se passe, je boue, je ne supporte plus tous ses regards faut que je parte, loin de ça.
De cette boitte, de toute cette tristesse.
Je recule encore, un pas, puis deux, recule ,sauve-toi.
Je cours loin de tout ça, une goutte, une goutte encore une goutte.
J'entends Josh qui crie, il m'appel.
Je ne veux pas de leur boite, je ne vois rien, j'ai fermé les yeux pour éteindre le film qui passe, et le choc!!
Je viens de percuter quelque chose violemment, je bascule en arrière, on me rattrape, je rouvre mes yeux sonnés et je vois une soutane, ben oui, je viens de percuter un curé!
Logique dans un cimetière.
Il me tient ferment pour que je ne retombe pas.
— Courage petite sirène, bientôt, tu seras mieux, je te le promets…
Sa voix et douce avec un accent bizarre, c'est mélodieux, il me parle avec des mots que je ne comprends pas, ce n'est pas ma langue mais je comprend ce qu'il me dit, surprise, je lève mon regard vers le sien, deux océans nuit étoilée me regardent, on dirait les aurores que mon père me montrait.
Il me sourit, il est gentil, ses yeux me fixent et rentrent dans ma tête, loin où je me suis caché.
Ils me tirent de la boite.
La boite !! qui est dans la boite? il me sourit toujours tristement, il ne parle plus.
Qui est dans la boite ???
— Pardon ma petite sirène, me dit-il doucement, et là la mer se déchaîne, tous arrive comme un ras de marré.
La boite, le cercueil, papa est dans la boite, il ne sera plus là… toute l'eau de mon corps à décider de passer par mes yeux, ça déborde, le curé bizarre me retient dans ses bras, il m’empêche de tomber, je pleure, je crie, je le frappe…
Je veux aller dans la boite avec papa.........
" Coucou ma douce, déjà dix ans que j'ai dû te laisser., ils ne doivent pas te trouver,
C'est dure de te voir souffrir".
Il faut que je l'aide, elle souffre, toute sa colère va la consumer.
— Tu es encore trop jeune, je ne pourrai pas rester longtemps.
Je suis choisi un corps robuste, il faut qu'il me supporte, un curé!!!
Je rigole du cliché mais je ne pourrai l’approcher qu'au cimetière, là, ils ne pourront pas détecter ma présence.
Je l'observe de loin, elle a grandi, elle est superbe, son corps en pleine transformation annonce toutes ses forces futures, un port de tête royale, elle est fine grande, élancée.
Elle recule doucement, doucement, elle va fuir, je me prépare, je ne pourrai peut-être pas avoir de meilleurs moments pour l'approcher.
Elle court vers moi, je me place devant sa trajectoire et me prépare à la bloquer, malgré son jeune âge, je sens la force de l'impact, elle rebondit contre moi et je la rattrape avant la chute, elle est sonnée, je croise son regard, il est vide ,si vide, où te caches-tu, ma petite sirène. Je laisse mon pouvoir prendre possession de mes yeux, il faut que je la retrouve, il faut la libérer, doucement, je la cherche dans ce regard marron glacé et je la vois au plus profond, je lui parle dans notre langue doucement, elle m'a reconnu, mon cœur s’emballe, si seulement je pouvais la réconforter, mais pas maintenant, elle n'est pas prête.
Elle a lâché son chagrin enfin, elle s’écroule dans mes bras, vas-y pleur ma douce bientôt, nous serons enfin réunis bientôt !! »