Ji-Han
La nuit a été mouvementer, la mutation à commencer avant minuit, plutôt que prévu, son corps s’est réchauffé à un point que même moi, j'ai eu du mal à la tenir dans mes bras. Son rire résonne encore à mes oreilles, je lui expliquais ce qui allait se passer, je lui ai demandé de me faire confiance, que tous se passerai bien, et au lieu de la protéger, je l’ai regardé subir, se consumer dans mes bras.
Elle a ri, c'étaient surement les nerfs, après tous, nous n’avons que quinze ans dans cette vie, puis elle a commencé à se déshabiller, là, j'ai su qu’il fallait faire vite, la plonger dans l’eau, je l’ai vécu il y a un mois, cette sensation que notre peau va se décoller de notre corps, avoir si chaud que l’on bout de l’intérieur, sentir l’épiderme qui cloque en se décollant, la douleur absolue de se retrouver à vif.
Je l’ai vite prise dans mes bras et couru au lac, l’eau était glacée, nous sommes au début d’hivers, ça aidera, enfin, j'espère.
L’eau m'a saisi par le froid, mais cela n’a pas duré, j’ai déjà eu ma première mutation, je résiste mieux, mais elle, ça la glacer, son rire s'est coupé d’un coup, elle s’est raidie entre mes bras, ses yeux m’ont regardé, choqué, puis j’y ai vue apparaitre la douleur, que j’ai moi-même ressenti, il y a un mois.
_Respire, Ariel ! je t’en supplie respire.
Je vois ses lèvres devenir complètements bleus, j’ai beau lui parler, elle ne m’entend pas, la panique commence à me prendre aux tripes. Bon sens, je ne vais pas être à la hauteur.
_Ji-Han !! Ji-Han, tu ne lui parles pas la bonne langue, ressaisi toi mon garçon, il faut qu’elle te reconnaisse bon sens.
Je me retourne pour apercevoir Gérald au bord du lac qui me crie ses instructions.
Je ne lui parle pas la bo... Quoi ? Mais oui, il a raison.
Je ferme mes yeux et me connecte à mon véritable moi. Je sens la transformation s’opérer, je sais que ma peau se renforce, je sens mes cheveux pousser, mes muscles s’allonger, je sens mon pouvoir afflué par vague en moi, j’ouvre les yeux et regarde ma Créatrice, je sais que mes yeux sont obsidienne, je la vois par un nouveau prisme de couleur, la nuit n’as plus d’effets sur ma vision, je vois les vagues de son pouvoir courir sous ça peu, elle a toujours les yeux ouverts et me fixe, sans être là. Je lui parle notre langue, cette langue que seul, nous parlons encore, je plonge mon regard au fond d’elle, je dois faire émerger son être primaire, l’aider à se réveiller.
Je sais que la petite compagne de ce matin va être englouti par la Créatrice, mais je n’ai pas le choix, nous le savions, elle doit redevenir la Créatrice.
Je l’ai trouvé ! un point lumineux au fond de son âme. Je l’appelle encore et encore ? elle me répond doucement, je ressens sa venue je sais qu’elle n’est pas loin, le temps me semble suspendu, je ressens son pouvoir avant même de la voir émerger, subitement, deux immenses yeux mauves me fixent, j’entends un rire, cristallin, violant et amère ? Ho, elle va me faire payer ça ! je le sens.
Un éclat de lumière noir enveloppe tout son corps, que je maintiens toujours dans l’eau glacée, des tourbillons se forme à la surface de l’eau, et je vois apparaitre dans l’eau, une tête, au loin, qui se rapproche de plus en plus vite !
_Sort immédiatement de l’eau Ji-Han ! me crient Gérald.
_Je ne peut pas la laisser ! elle va ce noyé. Je lui réponds, je sens la panique me prendre aux tripes, je sais qui s’approche, je sais que ça va me faire mal si je reste là.
_ C’est elle qui fait ça tu le sais ! laisse-la dans l’eau et sort tout de suite !! me hurle-t-il.
Je lâche le corps inerte d’Ariel dans l’eau et la vois s’enfoncer sous les eaux toujours entourées de son halo de lumière, la bête arrive très très vite, je ne le voyais pas si proche, j’ai à peine le temps d’arriver au bord du lac, je sens un coup de fouet tranchant balafré le bas de mon dos et me projeter en avant. Gérald me rattrape au vol.
_HO ! l’anémone ! il ne t’a pas loupé mon garçon ! Me dit Gérald en inspectant mon dos.
Je me suis vite retourné vers le lac, je ne veux voir où est Ariel. Je sais que cette bête sortie des enfers ne lui ferra rien, il lui appartient, son pouvoir lui as donné vie.
_S’il est là, c'est que la mutation est finie non ? demande Gérald
_Je ne pense pas, il est apparu pour faire ce que je suis incapable de faire.
Je suis conscient de mes limites, je peux détruire une armée entière avec mes dents et arracher des cœurs sans aucun remord, mais je suis incapable de faire le moindre mal a Ariel, même pour lui sauver la vie.
Elle le savait, elle l’a anticipé il y a plusieurs milliers d’années, et elle a dû souffrir encore plus en choisissant de faire intervenir ce fichu dragon d’eau, dès le début de sa mutation.
_T’en veux pas gamin, me dit Gérald, tu la connais, elle a tout prévu, elle nous connaît mieux que nous même, et comme elle le dit souvent, « sans difficultés et douleurs … »
_ « Le pouvoir n’est pas complet », mais pourquoi garde-t-elle toute la douleur pour elle à chaque fois ? Gérald, c'est injuste, personne ne peut l’aider comme ça.
_Ho petit bonhomme, tu es une partie d’elle, même lui, me dit-il en me montrant le dragon qui revient doucement vers la rive.
_Nous ne sommes que ses créations, mais vous deux faites partie d’elle, vous êtes plus important que tous pour elle, tu le sais !
_Oui je sais. Mais ça ne rend pas les choses plus simples à accepter pour autant.
Gérald me tape doucement l’épaule en réconfort, et s’éloigne. Je me mets face au lac, m’accroupis et mets ma tête dans mes mains, je surveille les allées et venu de ce fichu dragon d’eau. J’attends, impuissant, qu’il me la ramène enfin. Je ne peux qu’attendre, pendant ce qu’il me semble une éternité. La surface du lac devient telle un miroir, plus une seule vague, plus de remous, tout est calme, trop calme, le vent, les arbres et les animaux ne font plus aucun bruit, j’attends.
Je voie au loin ses yeux sortir de l’eau, enfin il revient, il s’approche vers moi, se déplace sans remuer la moindre goutte d’eau, arrivé au bord, je le vois émerger, sa tête en premier, puis une patte, massive, la seconde patte sort, il avance doucement, il est moins joueur que tout à l’heure.
Il me regarde avec une certaine crainte, il sait qu’en dehors de son élément, je peux lui faire mal, il avance en baissant sa tête massive, il me regarde vers le haut et ferme à demi des yeux, il essaie de se faire pardonner son tour de cochon de tout à l’heure.
_Bonjour Fénhir. Dis-je d’une voix que je veux en colère. Tu t’es bien amusé ?
Il me répond par un couinement (ho oui, il est énorme puissant et cruel, mais c’est un bébé dragon qui couine lorsqu’il fait de mauvaises blagues)
_Ne ne t'excuse pas, je te ferai payer ton coup de fouet mille fois, si tu ne me la rends pas immédiatement en bonne santé.
Mes yeux sont noirs de colère, je sais que la mutation est finie, je le sens au fond de mes tripes, mais j’ai besoin d’elle, il faut que je la voie.
Fénhir continu de sortir de l’eau et commence à m’entourer, il met son ventre devant moi, et là, je la vois, il l’a protégé dans son propre corps, elle a l’aire de dormir, suspendu dans son ventre. Je plonge mes bras dans le flanc de son abdomen et saisis le corps inerte de ma créatrice, je la tire contre moi, Fénhir souffle bruyamment, nous renifle, et se frotte contre mes jambes en retournant dans le lac.
Maintenant, il va falloir qu’elle ce réveil !