Chapitre 11 Accident

1219 Words
Iris Je viens de raccompagner Ariel au réfectoire, j’aperçois Ji-Han à une table qui l’attend. Il a un regard plein de tendresse. Ce qu’il y a entre eux est unique et fera des jaloux, mais je sais par où ils sont déjà passés tous les deux. Même si j’envie leur relation, je ne subirai jamais tout ce qu’ils ont vécu. J’en mourrais sûrement, et mon âme deviendrait folle. Mon téléphone me signale un message. Je le consulte : ce sont les résultats de la prise de sang. Parfait, Miranda ne pourra plus les faire disparaître. Je les transmets au directeur par mail avec un petit mot de confirmation : la jeune Ariel est clean ! J’en souris bêtement. Quel plaisir de coiffer au poteau cette sorcière. Il faut être folle et désespérée pour faire confiance au Grow. — Eh bien, quel sourire, Iris ! Je relève brusquement la tête et tombe face à face avec Gérald. Il a le coin de la bouche légèrement relevé, et je vois le sourire dans ses yeux. — Oui, j’aime gagner contre le méchant. Je viens de transmettre les résultats de l’analyse à M. Popsy. — Excellente nouvelle, me répond Gérald. Je vois son sourire s’agrandir. Le jeune Ji-Han a écopé d’une soirée en ma compagnie et de cent heures à bosser dans les studios avec moi. Ça l’occupera pendant ses vacances, me dit-il, toujours joyeux. — Bien joué, Gérald. Pour Ariel, c’est une soirée avec vous et Ji-Han, cent heures de travaux avec vous ou moi, et la convocation de sa maman pour parler de son inscription au lycée après les vacances de fin d’année. Fin de la psychothérapie, et je récupère ses soins. Je sautille presque sur place tellement je suis fière de moi. — Bravo ! Vous m’avez battu. Il se tourne vers la vitre du réfectoire et aperçoit notre couple atypique, assis à une table, prenant leur petit-déjeuner comme un vieux couple. — Ils ont réussi cette fois, hein, Iris ? Elle va rester en vie, cette fois ? Je ne veux plus perdre les gens que j’aime, et que Gaya m’en soit témoin, je l’aime, cette petite. Je vois ses yeux s’embuer, une lourde peine vient se fixer dans son regard. — Oui, ils ont réussi. Je ne sais pas si elle restera en vie cette fois, mais je serai à ses côtés jusqu’au bout. Je ne flancherai pas comme la dernière fois. — Bon, maintenant il faut que j’annonce la nouvelle aux deux sorcières. Je souffle très fort. Je déteste ces bonnes femmes. — Pas besoin de faire Miranda tout de suite, me dit-il. Je pense qu’elle fulmine dans le bureau du directeur. Je l’ai croisée en arrivant, et je l’ai prévenue. Il resourit comme un gamin fier de sa blague. — Ok, je vais voir sœur Hélène alors. — Bon courage, Iris, et à plus tard, me dit-il en se dirigeant vers le parc. Oui, c’est ça, du courage. Je vais me la bouffer, la grenouille de bénitier, oui. Je prends mon téléphone et envoie un message à sœur Hélène pour lui dire que j’ai besoin de la voir urgemment pour l’organisation de la sortie de ce soir. Je n’ai même pas le temps de ranger mon portable que je reçois sa réponse. Elle m’attend dans la salle de repos des infirmières au premier étage. Je rentre dans la salle de repos. Elle est assez grande et bien éclairée. Une table et quelques chaises sont sur la gauche pour les petites pauses café, et des fauteuils sur la droite sont posés avec quelques livres. Sœur Hélène est assise à table, une tasse devant elle. Je me dirige vers elle. — Bonjour, infirmière Iris. La nuit a été un peu mouvementée, de ce que l’on m’a raconté ? — Oui, comme vous dites, certains patients ont été un peu turbulents. Je vois qu’elle brûle d’envie de me poser un tas de questions, mais elle préfère rester vague. — M. Gérald en a attrapé certains qui se retrouvent privés de la sortie de ce soir, et j’ai attrapé une patiente aussi. Le directeur a décidé qu’ils auraient tous la même punition. Elle me regarde, les yeux ronds, et demande : — Ah bon ? C’est un peu cruel, non ? Certains attendent cette sortie depuis longtemps. Et puis cela fait quelque temps que certains de nos patients se portent volontaires pour accompagner les plus jeunes. Comment faire s’ils manquent du monde ? Je vois la panique s’installer sur son visage. — Rassurez-vous, ma sœur. Pour le moment, juste deux participants sont punis. Cela sera très simple à remplacer. Il s’agit du jeune Ji-Han et de mademoiselle Ariel. — Ariel ? me dit-elle, catastrophée. Mais elle est mon accompagnatrice pour les jeunes en fauteuil ! Je ne pourrais pas les gérer seule, et... — Pas de panique. Je vais vous accompagner. En tant qu’infirmière, je vous serai plus utile. Nos deux rebelles seront punis avec M. Gérald. Donc, on se retrouve à dix-sept heures comme convenu, et nous pourrons sortir nos patients. Après en avoir parlé avec le directeur, on s’est rendu compte que nous vous donnions beaucoup de travail. Mille excuses. Du coup, je récupère le petit Timy et Melle Ariel. Cela vous soulagera un peu. — Non, non, pas besoin. Je n’ai pas trop de travail, me répond-elle. Et puis Ariel, je m’en occupe depuis si longtemps. — Oui, justement. Vous l’avez eue enfant. Maintenant, c’est une jeune fille, ma sœur. Elle va au lycée à la rentrée des vacances de janvier, donc je prends le relais. Je termine notre discussion là-dessus et m’excuse, car je dois faire ma dernière tournée et rentrer me reposer pour la sortie de ce soir. Je rêve de rentrer et me plonger dans un bon bain chaud, avec quelques bougies au jasmin. La tournée des patients me prend quinze minutes. Les enfants attendent avec impatience la sortie de ce soir. Je croise le petit Timy qui, malgré la déception de ne pas être accompagné par Ariel, est ravi de pouvoir sortir en ville et admirer les décorations d’Halloween. Je souris en me dirigeant vers ma petite voiture. Vu l’heure à laquelle je rentre, je sais qu’il n’y aura pas beaucoup de monde sur la route. Je devrais mettre vingt minutes, grand max… Je monte derrière le volant et rigole en repensant aux remarques des petits pour la sortie de ce soir. Ils sont adorables. Je sors du parc du sanatorium, repasse en tête toutes les choses qui se sont passées aujourd’hui, ce qu’il reste encore à accomplir. Je tourne sur la droite pour m’engager sur la première avenue. Comme prévu, le trajet est très fluide. Je peux déjà sentir l’odeur du jasmin. Je me demande s’il me reste du sel de bain. Et ai-je encore du blanc au frigo ? Je secoue la tête en souriant. Je tourne à gauche, à trois rues de mon bain chaud. En plus, les feux sont au vert. L’univers veut que je prenne mon bain. Au moment où je m’engage sur ma dernière ligne droite, j’entends un énorme coup de frein, un choc de métal qui s’entrechoque. Lorsque je tourne la tête vers le bruit, à ma gauche, je vois un énorme bus venir s’écraser contre ma voiture. Bon, plus tard, le bain ? Dommage.

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