Chapitre 5 Quinze partie 1

1404 Words
Ariel Chouette mon anniversaire, au solstice d'hivers histoire de me faire comprendre dès le début que je vivrai du noir et du noir. J'avais vu le jour dans une petite clinique au fond de l’Auvergne, région jalonnée de collines et de montagnes, et dans la nuit la plus longue de l'année, mes parents avaient choisi cet endroit, ils n'en étaient pas originaires, papa voyageait beaucoup pour son travail et maman avait ouvert un petit salon d’esthétique, ils étaient amoureux et heureux jusqu’à ce que Diego pousse la porte de ce salon et face découvrir à ma mère qu'elle valait mieux qu'un mari toujours absent. Elle était restée fidèle, mais l'idylle de mes parents s'est éteint au fur et à mesure, ils ne s'aimaient plus (enfin, elle ne l'aimait plus) Mon père résigné avait accepté le divorce, mais souhaitait faire partie intégrante de nos vies à Josh et moi. Maman était restée célibataire quelque temps, mais on voyait le Rat Diego de plus en plus souvent, puis leur mariage qui fut maudit par l'arrivée de la Peste. Nous sommes le trente octobre, veille de mes quinze ans, Ji-Han m’a demandé de le rejoindre à 22h à l’angle gauche du bâtiment principal. Le Sanatorium et composé d’une grande bâtisse de trois étages en U avec un jardin d’hiver entre ses ailes. Le rez-de-chaussée est pour les bureaux d’accueil, les cabinets des médecins, salle de rééducation, classe d’activités et salle de cour et réception. Le premier ce sont les chambres ultra-médicalisées, les bureaux de surveillants ou infirmières, les cabinets médicaux pour les patients lourds, les salles de bain et de soin ainsi qu’un peu de matériel médical pour les premiers soins. Le deuxième étage ce sont principalement les dortoirs, aile gauche les filles par groupe de deux en chambres, quelques chambres individuelles pour les résidentes privilégiée. Le dortoir des garçons est dans l’aile droite, et au milieu se trouve les bureaux des surveillants pour tout ce petit monde. Le troisième étage n’est pas aménagé pour le moment, une partie sert au stockage des dossiers, le directeur souhaite faire des mini-studios pour accueillir les patients guéris qui continu leurs études dans le secteur. Du coup, je suis au premier étage aile gauche, j’ai de la chance, je ne suis pas tout au fond, la sortie est assée proche, surtout qu’un magnifique lierre grimpe le long de ma façade, et il est suffisamment solide pour supporter mon poids (testé et approuvé plus d’une fois !). Ce soir cela devrait être facile de sortir, les vacances de Toussaint aidant, ma voisine de chambre est en séjour dans sa famille. Sœur Hélène, qui me surveille comme un aigle chassant un mulot, est absente aussi, des soucis de santé dans sa famille je crois, je n'espère rien de grave quand même, elle a beau me taper souvent sur les nerfs, elle ne fait que son travail, et puis ç'a va faire cinq ans qu’elle s’occupe de moi, je l’aime bien. Du coup ce soir, c'est l’infirmière Iris qui est de surveillance, et à 22h elle a son casque sur les oreilles et regarde ses séries. La sortie s’annonce simple, la descente un peu sportive, mais faisable, ensuite, il faudra que l’on traverse le parc sans ce faire repérer, et si on épargne les fleurs de M. Gérald, il tournera la tête de l’autre côté. Après le repas de dix - huit heures trente, je monte comme les autres dans ma chambre, je prends ma trousse de toilette pour les salles de bain commune, et vais me brosser les dents comme chaque soir, je retourne dans ma chambre, mets mon pyjama et allume la petite télé. Dis neuf heures trente, l’infirmière Iris commence sa tournée pour nous faire prendre nos médicaments, là aussi gros changement, je ne prends plus qu’un cachet le soir pour éviter les crises de panique nocturne, enfin, on me le donne, mais cela fait quatre mois que je ne l’avale pas, je le recrache une fois seul. Ji-Han m'a demandé de tester de ne pas le prendre il y a six mois, donc j’ai commencé en le prenant un soir sur deux, puis un soir sur trois et ainsi de suite jusqu’à ne plus le prendre du tous. J’avais peur, car le docteur Miranda a déjà essaillé de me les faire arrêter, mais au bout de trois à quatre nuits, je finissais soit par me réveiller en hurlant soit au milieu du parc sous la pluie. De mes dix à douze ans, je suis resté cloîtré dans le bâtiment, je ne marchais plus, ne vivais plus jusqu’à ma sortie avec M. Gérald, au vu du résultat, il a eu le droit de me sortir de plus en plus souvent, et l’infirmière Iris a soulagé la pauvre sœur Hélène, en s’occupant de mes escarres et de ma toilette, j’ai eu un an de Kiné avec M. Vince, il était sévère, mais efficace. J’ai pu reprendre des cours aussi pour rattraper mon retard, et Ji-Han m’a dit que si je tenais sans médicament jusqu’à mes quinze ans, je pourrais le rejoindre dans son lycée. Donc quatre mois sans médicament, je tiens bon, et je les donne à M. Gérald pour qu’il s’en débarrasse discrètement. Infirmière Iris toque une foi à ma porte et rentre, toujours avec son sourire, elle s’approche de mon lit le petit gobelet blanc dans une main et le gobelet d’eau dans l’autre ? _Bonsoir Ariel, aller hop on avale, me dit-elle en me tendant le gobelet blanc. Je le prends la porte à ma bouche et le renverse d’un coup sec pour faire tomber le cachet dans ma bouche, je glisse le cachet en dessous de ma langue et le coince contre ma molaire. Elle me tend le verre d’eau, que je vide en deux fois pour déglutir. Elle me fait un grand sourire, et reprend les gobelets en me souhaitant une bonne nuit, elle vérifie ma chambre d’un coup d’œil rapide et sort, je ne la verrai plus jusqu’à demain matin six heures. Je me dépêche de recracher le médicament dans une petite serviette en papier blanc et le cache sous mon oreiller. Je sais qu’elle va finir sa tournée à 20 h 30, je patiente jusque-là pour me lever et me changer, j’enfile un leggins noir, des chaussettes noires aussi, un T-shirt bleu marine à manche longue, et j’enfile mon gros sweat a capuche noire par-dessus, je remonte dans mon lit et attends 21h pour éteindre ma télé. Je suis plongé dans le noir de ma chambre, je vois la lumière des couloirs qui passe sous la porte, il faut que je tienne encor une petite heure sans m’endormir. Je repense à ma rencontre avec Ji-Han il y a deux ans, je commençais à me déplacer avec mes béquilles et profitais de la roseraie, sous la surveillance de M. Gérald. Nous parlions des projets d’aménagement qu’il préparait pour le jardin d’hiver. Tout en marchant pour me raccompagner M. Gérald nous a fait faire un petit détour, il voulait des nouvelles d’un jeune pensionnaire qui était déjà là à mon arrivée. _Tu sais Ariel, quand je vois ce gamin mon cœur se brise, il est là depuis quatre ans, sort de son coma reprend vie deux voire trois mois et replonge dans le coma, et là cela va faire un an qu’il n’a pas émergé. J’aperçois des larmes au fond de ses yeux, c’est touchant et triste à la fois, comment un si grand gaillard qui terrifie tout le monde, et en fait un si gros nounours de guimauve. Arrivé devant la porte de la chambre, on voit un infirmier sortir avec son chariot de soin. _Bonjour Tim, le salit M. Gerald, comment va-t-il aujourd’hui ? _Ho bonjour Gérald, pas de changement, on a l’impression qu’il rêve et ne veut pas revenir parmi nous. _C’a dérange si on va le voir deux minutes avec ma jeune amie ? Je vois le fameux Tim se penchait pour mieux m’observer, il me dévisage avec un grand sourire _ Enchantée la jeune amie de Sieur Gérald, me salut-il. Je réponds timidement d’un mouvement de tête. Tim nous ouvre la porte en s’adressant à M. Gérald. _Pas trop longtemps sinon je vais me faire remonter les bretelles. Nous nous dépêchons de passer la porte, la pièce est assée grande, une forte odeur de désinfectant et de médicament me monte au nez ? puis le bruit des machines empli mes oreilles.
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