Chapitre 11 : La Rencontre

1002 Words
La Rencontre Samuel La nuit était tombée, enveloppant la ville d’un manteau d’obscurité. Les rues étaient tranquilles, presque désertes, comme si l’air lui-même attendait quelque chose. L’odeur de l’asphalte humide se mêlait à celle des arbres voisins, et la lumière des réverbères dessinait des ombres étranges sur les pavés. C'était la ville que je connaissais, mais ce soir-là, elle semblait différente, plus menaçante, comme si elle cachait des secrets que je n'étais pas prêt à découvrir. Je me trouvai devant l’adresse inscrite dans les carnets d’Alexandre. Un petit immeuble ancien, à l’architecture discrète, presque invisible parmi les autres bâtiments. L'endroit semblait tranquille, mais tout en moi me disait que je m’aventurais dans un territoire inconnu, un terrain miné. J’étais sur le point de rencontrer quelqu'un qui aurait peut-être la clé de tout ce qui m’échappait. Le temps d’un instant, je m’arrêtai devant la porte d’entrée. Je pris une grande inspiration et appuyai sur la sonnette. La vibration de la cloche résonna à travers l’immeuble, un bruit sec et tranchant. Je n'avais pas réfléchi à ce qui se passerait après. Tout ce que je savais, c'était que je n'avais plus le choix. La vérité m’appelait, et je n’étais plus qu’un pion dans un jeu dont les règles m’échappaient. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrit lentement, révélant une silhouette dans l'embrasure. Une femme. Elle me fixa un instant sans dire un mot. Son regard perça l’obscurité, tout comme Damien l’avait fait plus tôt, avec cette même intensité, ce même calcul froid. Mais contrairement à lui, cette femme ne semblait ni hostile ni amicale. Elle semblait… indifférente. Comme si elle savait déjà pourquoi j’étais là. — "Tu es Alexandre, c’est ça ?" demanda-t-elle d’une voix basse, presque rauque, comme si elle n’avait pas l’habitude de parler à des inconnus. Je hochai la tête, bien que l’inconfort me tenaillait de l’intérieur. Comment pouvait-elle savoir qui j’étais, si ce n’était qu’à travers les yeux d’Alexandre ? — "Oui, c’est moi," répondis-je, ma voix plus tremblante que je ne l’aurais voulu. "Je suis ici pour... pour comprendre ce qui est arrivé à mon frère." Elle me scruta un instant, comme si elle évaluait ma sincérité, ou peut-être ma solidité. Puis, sans un mot, elle se décala pour me faire entrer. Je n’avais pas le choix, et je n'avais pas le temps de douter. L’intérieur de l’appartement était austère. Pas de décoration superflue, juste l’essentiel : un canapé usé, une table basse, et quelques étagères chargées de livres. Il y avait une étrange atmosphère qui émanait de l’endroit, une sensation d’urgence mêlée de calme glacé. J'avais l'impression d'entrer dans l'antre de quelqu’un qui savait beaucoup plus que ce qu’elle laissait paraître. La femme me fit signe de m’asseoir. Elle se déplaça en silence, alluma une lampe, puis se tourna vers moi. — "Je m’appelle Eva," dit-elle enfin, en se posant sur une chaise, les yeux toujours fixés sur moi. "Et ton frère... il m’a contactée quelques jours avant... son accident." Je me tendis immédiatement à l’évocation de ces mots. Accident ? Ce n’était pas un accident. Je le savais. La mort d’Alexandre n’avait rien d'accidentelle. C’était un meurtre, un acte délibéré. Mais Eva semblait connaître des choses que je n’avais pas encore comprises. — "Mon frère n’a pas eu d’accident," répondis-je d'une voix ferme, malgré la montée de l’angoisse. "Il a été tué. Il savait quelque chose. Et il a payé pour cela. C’est pour ça que je suis ici." Eva ne réagit pas tout de suite. Elle se contenta de croiser les bras, ses yeux toujours plongés dans les miens, comme si elle attendait que je lâche quelque chose. Puis, enfin, elle parla, sa voix presque chuchotée, comme si chaque mot était une pièce d’un puzzle trop dangereux pour être compris en une seule fois. — "Tu as raison, il n’a pas eu un accident. Mais tu n’es pas prêt pour ce que tu vas entendre." Elle se leva lentement et s’approcha de l’étagère. "Ton frère... il s’est attaqué à des choses que même moi je ne pouvais pas comprendre à l’époque." Je ne savais pas quoi dire. Chaque mot qui sortait de la bouche d’Eva me conduisait plus profondément dans un univers que je n’étais pas prêt à explorer. Mais je n’avais pas le choix. Si je voulais la vérité, il fallait que j'écoute. Elle prit un vieux dossier posé sur une étagère et le posa devant moi. Il était épais, jauni par le temps, mais il portait un nom : Luca Vallon. — "Tu veux savoir ce qui est arrivé à ton frère ? C’est à lui que tu dois t’intéresser." Eva me lança un regard intense, avant de se laisser retomber dans son fauteuil. "Luca Vallon... c'est lui qui a causé la mort d'Alexandre. Mais il n'est pas le seul responsable. Ce qui est bien plus dangereux, c’est ce qu’Alexandre a découvert. Et ce qu'il a voulu empêcher." Je pris le dossier dans mes mains, mon cœur battant plus fort à chaque seconde. Si tout ce qu’Eva disait était vrai, cela voulait dire qu’Alexandre était mort à cause de sa recherche de la vérité. Il n’était pas une victime innocente, mais un homme qui s'était attaqué à des puissances qui le dépassaient. Je me sentais envahi par une étrange sensation de vertige. Je tenais entre mes mains la clé de la vérité, mais en même temps, j'avais l'impression qu’elle m’échappait déjà. — "Qu’est-ce qu’il a découvert ?" demandai-je enfin, la voix tremblante. Eva fixa longuement le dossier, comme si elle hésitait à me donner la réponse. Puis elle soupira. — "Il a découvert une organisation secrète, une organisation qui s’étend bien au-delà de ce que tu pourrais imaginer. Luca Vallon est l’un de leurs hommes-clés, mais il y a bien pire que lui dans l’ombre." Je n’avais toujours pas toutes les pièces du puzzle, mais une chose était sûre : je venais d'entrer dans un jeu beaucoup plus grand que ce que j'avais prévu. Et il n’y avait plus de retour en arrière possible.
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