Ava
Le seul moment où je pouvais vadrouiller en toute sécurité, c’était durant les nuits sans lune. Ses moments-là, personne ne se méfiait de ce qu’il se passait dans les bois. Les bruits, les morts, les disparitions. Rien ne les stressé. Rien ne les inquiétés. Et personne ne s’inquiétait de ne pas me voir rentré. En même temps, il n’y a que dans la forêt que je me sens bien. J’ignore pourquoi, depuis toute petite, je suis attiré par celle-ci.
_ Ava, combien de fois devrais-je te dire de ne pas dans cette fichue forêt.
_ À quoi ça serre de vivre près d’une forêt si je ne peux pas en profiter avec des belles balades.
_ Tu sais très bien pourquoi ! Tu pourrais te perdre, ou te faire attaquer par une bête ou…
_ Ou me faire kidnappé par le grand méchant loup.
_ Ne rigole pas avec ça !!
_ Maman, ça fait des années que l’on vit ici et je n’ai jamais vu l’ombre de la moindre créature. Qu’elle soit herbivore ou carnivore. Pas la moindre petite plume. La moindre trace suspecte. Ni même l’ombre de la queue du loup. Regarde la vérité en face, il n’y a pas la moindre bête sauvage dans ta, soi-disant forêt dangereuse.
_ Ces bêtes existe, je les ai déjà vues !
_ Quand tu étais petite ? Depuis le temps, elles doivent être mortes depuis longtemps.
_ Hey, je ne suis pas si vieille que ça !!
_ Mais non…
Rentrant de ma promenade, je pars en direction de ma chambre, mon deuxième havre de paix. Depuis quelque temps, je ne cesse d’entendre ma mère dire qu’elle ne me comprend plus. Qu’elle n’arrive plus à communiquer avec moi. Bref, pour elle, je suis la typique adolescente rebelle qui fait tout ce qu’il faut pour la rendre chèvre.
_ Ava, tu veux qu’on invite tes amis pour ton anniversaire ?
_ Non merci. Je n’ai pas envie de prendre le risque de t’exposer avec plus d’un ado à la fois.
_ Très amusant. Avoir 18 ans, ne veux pas dire devenir mal polis avec sa mère.
_ Je ne suis pas mal polis maman, je suis lucide. Dans tous les cas, je ne serais pas samedi.
_ Comment ça ? Dit-elle en entrant immédiatement dans ma chambre.
_ Pff, comme tu l’as dit. Je vais avoir 18 ans et j’ai passé l’âge de fêté ce jour avec un goûter d’anniversaire.
_ Mais, j’avais prévu un gâteau et tes grands-parents doivent venir.
_ Dit leur que c’est annules. Que j’ai d’autres trucs prévus.
_ Et, qu'est-ce que c'est que ses trucs prévus ?
_ …
_ Laisse-moi deviner, sortir et flâner dans les bois. À regarder l’herbe poussée.
_ Maman…
_ Non, cette fois, je dis non !! Je t’ai déjà dit mille fois de ne pas entrer dans cette fichue forêt !! Qu’elle est dangereuse !! Alors que ça te plaît ou non, samedi, nous fêterons ton anniversaire en famille !!! Avec ou sans tes amis, qu’importe !!
_ Maman…
_ Y a pas de maman !! Je n’aurais plus l’occasion de fêter ton anniversaire avec toi quand tu seras à l’université. Parce que je suis sûr que tu ne feras pas le voyage si souvent pour venir me rendre visite.
_ Je t’ai dit que je reviendrais durant les vacances.
_ Et bien laisse-moi fêté une dernière fois ton anniversaire comme je l’ai toujours fait. S’il te plaît…
_ Pff, d’accord. Mais pas besoin d’invité mes amis. On fera ça entre nous avec grand-père et grand-mère.
_ Oui, oui. D’accord…
Elle retrouve immédiatement son sourire et je sais que je me suis encore fait avoir. Maman a toujours eu le chic pour avoir les larmes aux yeux. Dès qu’elle en ressent le besoin ou l’utilité. Pouf, les larmes aux yeux… Et le pire, c’est que ça marche à chaque fois… Elle sort de la chambre satisfaite et se retient de rire. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour elle. Il est vrai que dans quelques jours, je partirais pour l’université de Stanford. Je l’ai visité avec maman en juin et bien qu’elle soit ravie pour moi. Elle comprend que la distance m’empêchera de venir la voir régulièrement… Et bien que nous ne soyons plus aussi proches que quand j’étais petite fille, ça m’attriste un peu. Mais bon, ainsi va la vie.
_ Ava, tu pourrais aller à l’épicerie me chercher des œufs.
_ Maman, il est 18 heures 30. Ça ferme dans vingt minutes.
_ J’ai téléphoné pour les prévenir de ton arrivée.
_ Maman, t’abuse là…
_ C’est pour le repas de ce soir. J’en ai besoin.
_ Oui, oui. J’y vais. Pas la peine de me faire le coup des larmes.
Elle se retient de sourire alors que j’enfile ma veste. Elle finira par avoir ma peau… Elle a de la chance d’être bien vu parler proprio de l’épicerie. Je suis même sûr qu’il a le béguin pour elle. Mais comme à son habitude, elle n’y voit que du feu… Pourtant, ça me rassurerait s’il se passait quelque chose entre eux. Au moins, je serais sûr de partir sans la savoir seule. Mais bon, ce n’est pas moi qui jouerai les entremetteuses…
_ Bonsoir Ava, voici les œufs tant attendus.
_ Merci Henry… Son repas aurait été foutu sans ça.
_ Et que va faire t-elle de bon ?
_ Si elle voulait autant d’œufs, ce doit sûrement être pour faire des quiches lorraines…
_ Oh, ça fait des années que je n’en ai pas mangé.
_ Et bien, vous n’avez cas vous joindre à nous. Je suis sûr que ça lui fera plaisir.
_ Oh, je ne vais pas m’incruster sans qu’elle soit au courant.
_ Mais si voyons. Elle en fait toujours trop pour nous deux et ça nous fera un peu de visite. Venez vers 19 heures, elle devrait être prête et chaude. Juste bonne à manger.
_ Mais, elle n’est même pas au courant et…
_ Puisque je vous dis qu’il n’y aura aucun problème. Et puis comme j’ai encore des choses à faire pour mon départ, vous pourrez lui tenir un peu compagnie. Elle est un peu triste à l’idée de se retrouver seule.
_ Oh… Si vous insistez. Dit-il en rougissant.
Oui, je suis sûr qu’elle sera entre de bonnes mains avec Henry. Enfin, si j’arrive à la décoincer un peu. Depuis le départ de mon père, elle s'est toujours renfermée dans sa bulle. J’avais quatre ans quand il est parti sans donner la moindre explication. J’ai reçu des lettres de temps en temps pour mon anniversaire et à Noël… Mais plus depuis trois ans. Je ne m’en plains pas, car je n’ai que très peu de souvenir de lui. Mais c’est plus ma mère qui a du mal à tourner la page. Alors invité Henry permettra peut-être de lui changer les idées et surtout de lui ouvrir les yeux.
_ Alors, on fait comme ça. 19 heures à la maison.
_ On fait comme ça. Merci de m’invitè. Pour une fois, je ne mangerai pas un plat réchauffé.
_ Ah ah, et la cuisine à maman est délicieuse.
Il semble plus heureux qu’il ne le laisse paraître et semble ravi de ce simple dîner en famille.
Je le salue et m’éloigne pour rentrée à la maison. La nuit est tombée depuis longtemps et je reste dans les zones éclairées pour rentrer. Car entre vous et moi, je dois vous avouer que j’ai une peur bleue du noir… Et en apercevant ce type au loin, je suis loin d’être rassuré. Prenant mon courage à deux mains, je passe comme si de rien était et regarde partout sauf vers lui…
_ Ava ?…
Je tourne la tête vers lui étonner qu’il connaisse mon prénom. L’homme reste dans la pénombre et je ne vois pas du tout son visage. Fronçant les sourcils, je regarde un instant vers lui.
_ On se connais ?
_ … Non…
_ D’où vous connaissez mon nom ?
_ On me la dit.
_ … Qu’est-ce que vous me voulez ?
_ Rien… Pour l’instant…
_ Vous êtes taré. N’essayez pas de me suivre ou j’appelle la police !! Dis-je en montrant mon téléphone portable.
Sans plus attendre, je reprends mon chemin et je dois bien avouer que je marche un peu plus vite. Jetant quelques regards derrière moi pour être sûr que le type ne me suit pas. Quand j’arrive au pas de ma porte d’entrée, j’ouvre et entre soupirant de soulagement…
_ Maman ?
_ Dans la cuisine. Apporte-moi les œufs, j’ai presque fini les préparations des quiches.
_ Ouais, en parlant de ça… J’ai invité quelqu’un à manger.
_ T’as invité qui ??? Me demande-t-elle les yeux grand ouvert.
_ Henry.
_ Henry, le type de l’épicerie ???
_ Bah oui, t’en connais d’autre qui porte ce prénom ?
_ Oh non… Non, non, non… Mais pourquoi tu l’as invité ??
_ Parce qu’il était seul. Qu’il n’a pas mangé de quiche depuis des années et parce qu’il est gentil.
_ Gentil… Mais après, je n’arriverai pas à me débarrasser de lui.
_ Pourquoi tu dis ça ?
_ Enfin Ava. Ce type à des vues sur moi. Il me fait souvent des avances que j’ignore exprès !!
_ Attends, tu savais qu’il avait le béguin pour toi ?
_ Évidement que je le savais… Il faisait un peu trop souvent de belle promotion quand je faisais les courses chez lui.
_ Et alors, il ne te plaît pas ?
_ Ava… Non… Non, je ne suis pas intéressé.
_ Enfin maman, tu ne vas pas rester seule le reste de ta vie.
_ Non, mais…
_ Papa est partie il y a 14 ans. Si ça se trouve, lui a refait sa vie depuis longtemps.
Quand je vois ses yeux se baisser, je regrette mes paroles. J’avoue que j’aurai pu utiliser un peu plus de tact…
_ Pardon maman… C’est juste que… J’aimerais te savoir heureuse et avec quelqu’un avant que je m’en aille. Tu mérites d’être heureuse et… Papa ne reviendra pas. Il nous a abandonnés depuis des années, et même si on s’en est sortie tous les deux… Tu mérites d’être heureuse.
_ … Tu crois que je devrais sonner une chance à Henry ?
_ Je crois que cet homme un quelqu’un de bien. Et qu’il est vraiment intéressé par toi. Tu lui plais, ça y a aucun doute là-dessus. Et je suis sûr que si tu y penses un peu… Toi aussi, tu peux le trouver à ton goût.
Je tapote sa main et m’éloigne jusque dans ma chambre. La laissant finir de préparer le repas. Fermant la porte derrière moi, j’allume ma musique et le mets en sourdine. Puis, je continue de ranger mes affaires. Je ne prends pas tout avec moi, juste le nécessaire… Le reste restera ici pour les moments où je reviendrais voir ma mère. Pendant les vacances, comme promis. Fermant un carton, je perçois un mouvement à l’extérieur. En m’avançant vers la fenêtre, je vois quelqu’un en bas de chez nous… Je reconnais l’ombre du type de tout à l’heure. J’hallucine, ce c*****d m’a suivie jusqu’ici !! Il faut que j’aille prévenir maman et surtout que je ne me fasse pas…… Repéré. Alors que je pense ça, le regard de l’homme donne l’impression de regard pile vers moi. Et plus étrange encore, ses yeux… Ses yeux semblent brillé comme ceux d’un animal.
_ MAMAN !!!!
_ Qu’est-ce qu’il y a ? Me demande-t-elle en arrivant au bout de quelques minutes.
_ Y a un homme dehors qui fait le pied de grue !!!
Fronçant les sourcils, elle s’avance jusqu’à ma fenêtre et regarde au travers…
_ Je ne vois personne.
_ Mais si, il est près des arbres.
_ Ava, y a personne dehors.
_ Mais… Il était là... Sous le sapin...
Je regarde à nouveau et effectivement. Il n’y a plus personne…
_ Pourtant, j’étais sur… Il était là !!
_ Peut-être qu’il cherchait quelque chose.
_ En restant debout sans bouger ?
_ Ava, que veux-tu que je te dise. Il n’y a personne. Tu es à l’abri à la maison et les portes sont fermé…
Elle sort de ma chambre et je regarde à nouveau dehors… Plus personne… Peut-être que je me fais des idées. Faudrait que j’arrête un peu de lire mes thrillers…