Jusqu’à l’hiver dernier, ma vie fut la vie tranquille et studieuse dont j’ai taché de te donner une faible image. Dans les premiers jours du mois de décembre 1829, je rencontrai Rastignac, qui, malgré le misérable état de mes vêtements, me donna le bras en s’enquit de ma fortune avec un intérêt vraiment fraternel. Pris à la glu de ses manières, je lui racontai brièvement et ma vie et mus espérances. Il se mit à rire, me traita tout à la fois d’homme de génie et de s*t. Sa voix gasconne, son expérience du monde, l’opulence qu’il devait à son savoir-faire, agirent sur moi d’une manière irrésistible. Il me fit mourir à l’hôpital, méconnu comme un niais, conduisit mon propre convoi, me jeta dans le trou des pauvres. Il me parla de charlatanisme. Avec cette verve aimable qui le rend si séduisan