– Joliment tragique ce soir ! s’écria Émile. – Eh ! laisse-moi condamner ma vie, répondit Raphaël. Si ton amitié n’a pas la force d’écouter mes élégies, si tu ne peux me faire crédit d’une demi-heure d’ennui, dors ! Mais ne me demande plus compte de mon suicide qui gronde, qui se dresse, qui m’appelle et que je salue. Pour juger un homme, au moins faut-il être dans le secret de sa pensée, de ses malheurs, de ses émotions ; ne vouloir connaître de sa vie que les évènements matériels, c’est faire de la chronologie, l’histoire des sots ! Le ton amer avec lequel ces paroles furent prononcées frappa si vivement Émile que, dès ce moment, il prêta toute son attention à Raphaël en le regardant d’un air hébété. – Mais, reprit le narrateur, maintenant la lueur qui colore ces accidents leur prête