Héritages - Traquée

∞ Notes à l'intention des lecteurs et lectrices ∞ Bienvenue ou bon retour pour ce second tome de ma trilogie Héritages : Traquée. Il n'est pas nécessaire d'avoir lu le premier pour lire celui-ci mais j'invite quand même les nouveaux arrivants de se référer à ma première note en tout début du tome 1, "L'exilée" afin de comprendre un peu mieux l'univers des change-formes. Ce livre contient de la violence et des scènes de sexe assez détaillées donc il est réservé à un public averti uniquement. Vous voilà prévenu.e.s! Traquée est également plus sombre que L'exilée. Bonne lecture! Ange Droper. ∞ Prologue ∞ ∞ Maria Je suis née et j'ai été laissée pour morte dans les toilettes d'une gare routière. Pas bien folichon comme début de vie, hein?! Comment est-ce que je sais que j'y suis née et que je n'ai pas "seulement" été abandonnée là? Et bien, j'étais tout simplement encore couverte de tissus placentaires lorsqu'une femme de ménage m'a découverte. On m'a raconté cette histoire si souvent que j'ai presque l'impression de m'en souvenir. C'était le lendemain de Noël, il neigeait fort dans ce petit bled du Wisconsin. Bon Eau Claire n'est pas un trou complètement perdu non-plus, mais ça n'a rien à voir avec Milwaukee ou Minneapolis (qui est toute proche de mon lieu de naissance même si c'est dans un autre état). Bref, il faisait un temps à pas mettre un chien dehors quand la femme qui s'occupait de l'entretien des lieux est venue faire le ménage avant la fermeture de la station. En voyant le sang dans l'un des cabinets, elle a d'abord cru que quelqu'un avait été tué c'est pour vous dire la quantité de sang qu'elle a dû voir. Évidemment, elle a prévenu les autorités mais, (allez savoir pourquoi?), peut-être ai-je poussé un petit cri ou bien ai-je remué, toujours est-il qu'avant que la patrouille de police n'arrive, cette brave femme avait ouvert la poubelle et m'y avait trouvée. Lorsque la police est arrivée, elle m'avait fait un lange de sa blouse de travail et me serrait contre elle. Elle aurait dû être partie depuis longtemps mais elle resta avec moi jusqu'à ce qu'une ambulance vienne me prendre en charge. Je ne connais même pas son nom mais que j'aime cette femme qui a apporté un peu de chaleur et d'amour à un nouveau-né abandonné. Que les esprits veillent sur elle et la protège du Mal! Quant-à mes parents, qui ils étaient et pourquoi m'avaient-ils laissée là? Mystère et boule de gomme! Parfois, je m'imagine que ma mère était simplement une adolescente qui ne savait pas comment prendre soin de moi. Mais la plupart du temps, je crois surtout que je suis une "erreur" dont elle a voulu se débarrasser. Peut-être faisait-elle le trottoir... À moins qu'il ne s'agisse d'une junkie même si, les esprits en soient remerciés, je n'ai pas eu à en subir les conséquences. Et mon père? Peut-être ignorait-il tout de moi ou peut-être fait-il partie de ces hommes qui fuient lorsque leur copine se retrouve enceinte. Je n'en sais rien! En fait, tout ce que je sais de mes géniteurs, c'est qu'au moins l'un des deux étaient un natif des premières nations, il suffit de me voir pour le comprendre d'ailleurs. Bon, c'est vrai que ce n'est pas visible au premier coup d'œil puisque je ressemble plutôt à une mexicaine qu'à une native, ce qui explique d'ailleurs probablement pourquoi personne ne m'a jamais adoptée! Il faut dire que j'étais très loin du standard que les parents adoptifs recherchent. Vous savez, ce cliché de bébé potelé, blanc, blond et aux yeux bleus clairs. Je précise "clairs" car si les miens sont effectivement bleus, ils sont si foncés qu'ils en paraissent noirs. Le bleu d'un ciel nocturne, si prononcé que même la couleur indigo n'est pas encore assez sombre pour la comparer à celle de mes rétines. Pour le reste, j'étais un bébé mat de peau et chétif, maladif même. J'avais été sous-alimentée in utero et ma peau, aujourd'hui cuivrée, était d'un jaune canari à l'époque à cause d'un petit ictère infantile, très courant chez les nouveaux-nés. Quant-à mes cheveux, alors presque inexistants, ils sont actuellement d'un noir corbeau. Je les aime bien maintenant que je les porte longs mais leurs reflets bleutés m'ont valu pas mal de réflexions, plus ou moins mesquines, au cours de mon enfance chaotique. Ce sont des bonnes sœurs de l'hôpital catholique où j'ai été prise en charge qui m'ont recueillie. D'où mon prénom : Maria (pas très original, n'est-ce pas?) et le nom qui m'a finalement été attribué : Dieulafoy (là, c'est un peu trop original, pour le coup!) quand il s'est avéré qu'on ne retrouverait pas les auteurs de mes jours et qu'on ne connaîtrait jamais mon véritable patronyme. Me voilà donc : Maria Dieulafoy, 22 ans, orpheline... et Renégate. Ai-je oublié de mentionner ce détail? Je suis une change-forme. Surprise!!! Et surprise, je l'ai également été la première fois que ma panthère m'a submergée... qui correspond d'ailleurs également à la première fois où nous avons tué! Et je dis bien "première" car, si je ne suis pas aussi tarée qu'un serial-killer, j'ai désormais une sacrée liste de victimes à mon actif... ce qui me vaut mon statut de Renégat traquée par les autorités tant humaines que change-formes d'ailleurs. Jusqu'ici, j'ai été plutôt vernie et personne n'a réussi à mettre la main sur moi. Pour tout dire, personne ne sait à quoi je ressemble exactement puisque la seule info qu'ils ont réussi à dénicher sur moi date d'au moins une dizaine d'années et que je ressemblais encore à un garçonnet à l'époque. Cependant, je suis de plus en plus prudente dans le choix de mes proies car, si je dois me faire choper un jour, ce ne sera pas à cause de ma méthodologie assassine mais bien parce que ma victimologie est explicite : les gens que ma panthère et moi tuons sont tous des monstres! Des monstres cachés sous des apparences irréprochables. La lie de la planète : ceux qui font du mal aux enfants! Inutile de vous expliquer ce que j'entends par "faire du mal", n'est-ce pas? Bref, je ne regrette absolument pas de les avoir rayés du tableau et réduits en poussière. Ça, ça ne m'a jamais empêché de dormir! Non, ce qui me tient réveillée pendant mes insomnies est bien plus malsain que ces meurtres parfaitement justifiables, c'est le fait que je suis amoureuse d'un homme. Un homme, ai-je dit? Non! Un change-forme... Pire encore : un Lupin. Pour couronner le tout : un Lunari! Et pas n'importe lequel : celui qui est à la recherche d'un Renégat qui lui donne du fil à retordre : moi! Il ignore que je suis justement celle qu'il recherche puisqu'il est persuadé que seuls les mâles virent Renégat! Heureusement pour moi, pour l'instant, il ne se doute de rien mais je crains que ça ne dure pas éternellement, c'est qu'il est malin mon Jack! Très intelligent même. Je devrais sans doute le quitter et disparaître mais je n'y arrive pas! Pas plus que lui d'ailleurs. Il a beau dire et répéter qu'il n'y a rien de sérieux entre nous, dès qu'il en a l'occasion, il se précipite dans mon lit et dans ma vie et moi, je suis incapable de résister à ses beaux yeux verts! Nos animaux intérieurs ont appris à faire avec, enfin, pour être précise, ma panthère a appris à faire avec. Le loup de Jack, lui, il nous adore : aussi bien ma panthère que moi et ça, ça perturbe beaucoup mon beau Lunari qui ne veux pas de relation sérieuse. Mais commençons par le commencement... ∞