1.
Le soleil venait de se coucher laissant place à un ciel noir en manque d'étoiles pour l'éclairer. Le croissant de lune qui avait pris sa place peinait à s'imposer dans ces ténèbres. Ce soir là, la nuit était d'un calme mortuaire annonciateur de mauvaise nouvelle.
Assise à même le sol, dans une pièce aussi grande qu'un cercueil,sombre,sans issues, la porte verrouillée à double tour et la fenêtre au dessus de sa tête barrée par une tôle qui ne laissait filtrer aucune lumière, Malkia, les poignets attachés avait les yeux rivés sur ce sol humide qui était en contact étroit avec sa peau et qui la frigorifiait. Les oreilles en alertes sur le moindre bruit, elle écoutait avec attention, l'hibou perché sur l'arbre planté devant la maison de son bourreau hululer, son seul indicateur de temps. Elle attendait, une boule au ventre qu'il revienne et ce depuis plusieurs heures maintenant.
Voilà une semaine que sa vie avait radicalement changée. Jeudi dernier encore,elle était dans sa petite parfumerie à faire ses comptes de la journée heureuse d'avoir pu récolter assez d'argent pour prendre plus de marchandises avant de recevoir le coup de fil qui allait tout faire basculer. Elle se souvenait de sa conversation téléphonique avec Antonella, sa belle-mère qui l'implorait de venir dîner à la maison hum qu'elle idiote avait elle été d'accepter . Depuis quand Antonella, cette femme qui n'avait cessé de lui rappeler depuis qu'elle avait mis les pieds dans la maison de son père qu'elle n'était qu'une bâtarde, une enfant du péché,était elle gentille avec elle? Depuis quand voulait elle dîner en sa compagnie, elle qui lui avait répeté en boucle avoir la nausée à ses côtés ? Malgré toutes ces humiliations, elle avait laissé une place dans son cœur pour cette femme espérant qu'un jour elle puisse l'aimer, l'accepter et c'est ça qui l'avait poussé à tomber droit dans le piège de cette dernière.
Aujourd'hui, esclave d'un homme qui la répugnait, elle n'avait que ses yeux pour pleurer. Elle avait perdu espoir qu'un jour elle puisse être de nouveau libre, libre de reprendre sa vie, libre de s'appartenir. Depuis qu'elle était dans la mains de celui qui s'auto appelait son " dieu ", elle voyait la vie sous une autre forme . Au collège on lui avait parlé de l'esclavage mais jamais de sa vie elle n'aurai pensé en devenir une,au vingt-et-unième siècle en plus ! Elle lui appartenait, il le lui avait dit et peu à peu, cette idée qu'elle essayait de toutes ses forces de repousser devenait réalité, s'insinuait petit à petit dans son esprit .
"Ma propriété privée" cette phrase , cette étiquette qui lui collait maintenant à la peau lui donnait la chair de poule. Elle avait l'impression d'être une chose, un jouet destiné à distraire son bourreau jusqu'a ce qu'il s'en lasse mais quand ? Dans un mois ? Un an? Quand se lassera t-il d'elle ? Aurait elle sa liberté si cela arrivait ? Cette situation allait la rendre folle si elle ne se reprenait pas,elle ne dormait plus, mangeait à peine et son hygiène...elle se dégoûtait elle même.
L'espoir...
Non, elle avait trop espéré et s'était résiliée à accepter son triste sort . Combien de fois c'était elle battue ? Combien de fois ses larmes avaient noyé son visage? Combien de fois sa gorge lui avait fait mal à force de crier ? Crier à l'aide mais qui viendrait la sauver ? La police ? À cette idée, elle se mit à ricaner comme une folle en pleine démence elle se rappelait de ce jour où durant une réception, Damon Salvatore, son geôlier lui avait présenté son ami, un lieutenant de police elle avait cru enfin voir la lumière au bout du tunnel et avait profité que celui-ci se soit éclipsé pendant quelques minutes dans son bureau pour demander de l'aide au représentant des forces de l'ordre, celui là même dont le devoir était de la protéger et sa réaction n'avait pas tardé,la laissant abasourdie et meurtrie. Il c'était moqué d'elle et l'avait menacé de bien se tenir mais le comble, il l'avait dénoncé et le soir même, elle recevait une bonne fessée dont les traces étaient encore présentes sur ces fesses et l'empêchaient de bien s'asseoir. Une larme solitaire roula sur ses joues en repensant à son lamentable échec, elle pouvait encore entendre le fouet prendre de l'élan pour venir s'écraser sur ses fesses et la douleur lancinante qui avait suivie .
La leçon, elle l'avait apprise, personne ne pourrait l'aider, elle était seule face à son destin et plus vite elle se pliera moins difficile sera l'épreuve.
La gorge nouée,les yeux cernés à cause de ses insomnies, le teint pâle et les lèvres aussi sèches qu'une terre aride, elle attendait, elle guettait sa venue . Que lui avait il réservé ce soir ? Fatiguée d'attendre, elle s'apprêtait à fermer l'oeil quand elle entendit des bruits de pas dans le couloir, quelqu'un venait. Son supplice fut de courte durée car la porte s'ouvrit à la volée sur un homme de taille moyenne à la corpulence d'un adolescent dont les yeux malgré l'obscurité trahissait sa perversité. Si la situation était différente, si elle était libre, elle aurait pu en rire de cet homme que la nature n'avait pas gâté . Debout dans l'encadrement de la porte, les poings sur les hanches, il était difficile d'observer ses traits mais elle savait même sans les voir qu'il avait les yeux braqués sur elle. Elle observa ses chaussures sales et boueuses se rapprocher à petit pas d'elle,alourdissant l'atmosphère qui était déjà tendue et qui n'allait pas tardé à devenir asphyxiante.
- Debout, nous avons de la visite ! Ordonna l'homme d'une voix dure qui ne laissait place à aucune résistance de sa part.
Sans perdre du temps, elle s'exécuta, la tête toujours baissée comme il lui avait appris .
- J'aime quand tu es obéissante et si tu continues comme ça, peut être, je dis bien peut-être, tu auras une friandise. Commenta l'homme comme si il s'adressait à son animal de compagnie.
Malkia avait ce sentiment désagréable, déshonorant d'être comme un chien dont il était le maître et cette situation allait devenir plus insupportable dans les minutes à venir quand elle devra lui lécher les bottes devant ses amis tous aussi dégoûtants que lui qui allaient chercher à tester sa résistance .
Avec un soupir résigné,elle le suivi silencieusement dans le couloir . Ils marchèrent ainsi pendant plusieurs secondes jusqu'à une porte en bois de couleur belge.
- Voici la salle de bain, dépêche toi de prendre une douche avant que mes invités n'arrivent, je ne voudrais pas que tu les indisposent avec ta puanteur. Lui expliqua t-il d'une voix aussi froide que de le glace en se pinçant le nez pour lui signifier qu'elle puait.
En cet instant, elle aurait voulu lui donner une belle gifle pour qu'il la ferme et lui crier que tout était de sa faute mais elle n'en fit rien . Au contraire, elle le remercia pour cette " attention " avant de disparaitre derrière la porte .
À présent seule, elle se laissa glisser le long du mur et ramena ses jambes jusqu'à son menton pour s'apitoyer plus sur son sort mais elle savait qu'il l'attendait là, derrière la porte et que le temps etait compté. Malkia jeta un regard bref sur la salle de bain moderne sans charme et se dépêcha de retirer ses vêtements et d'entrer dans la cabine de douche. Dès que les premières gouttes d'eau jaillirent du pommeau et glissèrent sur son corps crasseux, une sensation étrange l'enveloppa elle se sentait d'une part libre, libre de pouvoir se laver seule,sans avoir à suivre des instructions, libre de voir cette odeur nauséabonde se décoller de sa peau qu'elle avait pris possession . Mais d'une autre part, elle se sentait plus prisonnière. En effet, il lui montrait une fois de plus qu'elle était dans le creux de sa main et qu'il décidait de tout même de quand elle pourrait se laver,si il le voulait, elle pouvait sentir fort ,il décidait en gros de son hygiène. Elle appuya sur le bouton stop et se saisit d'une serviette pour s'éponger et enfila ses vêtements sales dessus pour avoir un coup d'avance.
- Je commence à m'impatienter ! Tonna Damon toujours derrière la porte qui l'attendait de pied ferme.
- J'ai fini...elle couru le rejoindre dans le couloir avant qu'il ne perde patience.
- Tu en as mis du temps mais au moins, il la renifla avant de continuer, tu es propre, viens suis-moi.
Toujours dans un silence pesant, il la conduisit jusqu'à une autre pièce, une chambre cette fois-ci, complètement à l'opposée de celle dans laquelle elle séjournait depuis son arrivée dans sa prison. Il alla jusqu'à la penderie et en sortie une robe rouge simple mais assez vulgaire destinée à ressortir ses formes pour faire baver ses invités. Elle était son jouet, il s'en vantait.
La chambre d'un style scandinave, inspirait la tranquillité loin de l'autre pièce qui donnait l'impression d'être dans une prison pire dans un cercueil, sous terre. Les murs étaient recouverts de couleur beige pour accentuer cette impression de grande pièce avec un pan de couleur de bleu canard pour créer une ambiance unique. Le mobilier, fait en bois naturel d'une couleur douce renforçait ce côté douillet. Son cœur sauta de joie devant les plaids doux et chaleureux, les grands cousins sur le lit qu'elle n'avait pas dans sa '' chambre" pour se coucher dessus. La pièce était épurée, elle n'était pas surcharger, juste le stricte nécessaire, un lit , une penderie, une commode.
Après lui avoir donné des instructions fermes, il s'en alla,pour la laisser se préparer pour la représentation.
Dès qu'elle fut rassurée d'être seule, elle laissa exploser sa joie. Elle s'approcha d'un pas hésitant vers le petit lit mais qui faisait l'affaire et se coucha sur les coussins pour apprécier leurs douceurs. Toujours ébahie, elle explora la petite pièce, la délicatesse du bois dont était fait la commode lui procura un sentiment de tranquillité. Elle ouvrit la penderie pour voir ce qu'elle regorgeait et le regretta tout de suite des robes,toutes aussi vulgaires les unes que les autres. Près d'un vase , elle remarqua une porte sûrement la salle de bain et compris que malgré ce privilège, il restait maitre du jeu. Elle était scellée, et à travers la lucarne elle constata qu'il s'agissait de la salle de bain ce qui l'obligerait à traverser le couloir pour aller prendre sa douche la rendant encore plus vulnérable.
Elle venait de prendre la robe qu'il avait quelques minutes plutôt déposé sur le lit pour l'examiner de plus près quand la porte s'ouvrit une nouvelle fois sur lui. Il avait le regard plus ténébreux, elle pouvait lire dans ses yeux de l'inquiétude et pouvait jurer avoir vu ses mains trembler. Il se rapprocha les traits toujours aussi sévères, embaumant la pièce de son odeur fitide,les yeux braqués dans les siens. Il s'arrêta à son niveau et là ses traits prirent une forme plus démoniaque, ses lèvres s'incurvérent en un sourire diabolique assombrissant le charme de la pièce. Et voilà, il avait reuisit à lui enlever ce petit bonheur.
- Elle te plaît ?
Malkia resta sur le moment dans le flou sans savoir de quoi il parlait, de la robe ou de la chambre,avant qu'il jette un regard circulaire dans la pièce.
- Ou...oui,oui elle me plaît maître. Balbutia celle ci. Elle avait eu la désagréable sensation que sa bouche allait prendre feu en prononçant ce dernier mot '' maître '' et sa réaction lui laissa un goût amer dans la gorge il semblait se réjouir de la voir totalement à sa mercie .
- Très bien, elle est à toi si..si tu te montres gentille ma petite chérie, lui confia t-il sans se départir de son sourire machiavélique qui lui glassait le sang .
- Merci, maître, murmura Malkia .
- Sois sage,ce soir Malkia, tu joues ta vie ne l'oublies pas,lui prévint son geôlier avant de s'en aller une nouvelle fois la laissant seule avec ses appréhensions qui n'avaient de cesse de s'accroîtrent.
Soudainement, la chambre lui paru funestr alors qu'il était part, plus étroite voire étouffante comme une boîte de sardines,son cœur qui avait repris un rythme normal, se mis à battre rapidement prêt à sortir de sa poitrine, ses mains devinrent moites, sa respiration s'accéléra, elle avait l'impression d'avoir été vidé de son sang, sa tête pesait une tonne, tout semblait danser autour d'elle,elle devait se reprendre, contrôler cette peur qui avait pris possession de son corps,il le fallait si elle voulait être encore en vie demain.
Aujourd'hui, elle jouait sa vie lui avait-il prévenu avant de retourner sur ses pas...