Kevin se réveilla tôt, les nerfs à fleur de peau. Il avait eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. Il appréhendait un peu la visite médicale. Il avait ouï-dire que certains jeunes footballeurs comme lui ont vu leur carrière s’arrêter avant même d’avoir véritablement commencé, à cause d’une anomalie détectée lors de la visite médicale. Il avait peur de connaitre la même mésaventure. Il se sentait certes en pleine forme, mais il savait qu’un sportif peut paraitre en pleine forme, et pourtant avoir un problème de santé soigneusement dissimulé à l’intérieur de son organisme. En dehors de la visite médicale, Kevin avait une autre préoccupation. Il se demandait ce qui l’attendrait dans son nouveau club, Marseille FC. Marseille FC était le champion en titre de la League 2 française. Après sa montée en League 1, il n’avait pas l’intention de redescendre de sitôt. Le président du club mit la main à la poche pour acheter des joueurs confirmés, ayant fait leurs preuves dans le championnat français, ou dans les championnats étrangers. Il décida aussi d’acheter quelques jeunes joueurs prometteurs, qui monteraient en puissance au fil des années, et après avoir gagné en expérience, seraient des futurs cadres de l’équipe première. C’est dans cette optique que Kevin a été sollicité par le club. Kevin était jusqu’ici un pensionnaire du centre de formation du Paris Saint Germain. Il avait un talent certain, mais de manière incompréhensible, ses dirigeants ont estimé qu’il manquait de maturité pour être intégré dans le groupe professionnel. Et Kevin brûlait d’envie de montrer aux yeux du monde de quoi il était capable. Les dirigeants du PSG ont estimé que ses parents et lui manquaient de patience. Son père décida de rompre la collaboration de son fils avec le PSG, et d’aller voir ailleurs. Amadou le père de Kevin, était aussi son agent. Il avait l’impression que le PSG ne faisait pas assez confiance à son fils, qui était pourtant l’un des cadres de l’équipe réserve. Il avait eu à faire une ou deux apparitions dans l’équipe première, mais son temps de jeu le plus long était de cinq minutes. Pour son père et agent, il était temps que son fils gagne en confiance et en visibilité. C’est la raison pour laquelle quand il reçut le coup de fil du directeur sportif de Marseille FC lui informant qu’ils étaient intéressés par son fils, il sauta sur l’occasion.
« Dépêche-toi Kevin, sinon on sera en retard », hurla Amadou à son fils, après avoir toqué à plusieurs reprises à la porte de sa chambre d’hôtel. « Donne-moi cinq minutes papa », répondit Kevin. Il enfila rapidement une chemise de sport, un pantalon jeans et des baskets ; il prit son maillot de foot, son short et ses chaussettes, qu’il mit dans son sac à dos. Il prit également son téléphone portable et quelques pièces personnelles, puis descendit au rez-de-chaussée où son père l'attendait. "Tu n’as rien oublié, j'espère " demanda Amadou. Kevin hocha la tête. "Oui, papa, j'ai pris tout ce qu’il faut." Ils sortirent à l’extérieur de l’hôtel, où les attendait une voiture spécialement apprêtée par le club. Ils y entrèrent, en route vers le centre d’entrainement de Marseille FC. Marseille FC était un club relativement jeune, qui avait moins de dix ans d’existence. C’était l’autre club phare de la ville de Marseille, avec l’OM, l’Olympique de Marseille. Pour l’instant, on ne pouvait pas parler de rivalité entre ces deux clubs, car l’OM était mieux structuré et plus riche. Marseille FC faisait office de petit Poucet devant le grand Olympique de Marseille. Mais l’ambition cachée des dirigeants de Marseille FC était de rivaliser d'ici à quelques années avec l’Olympique de Marseille. Le recrutement qu’ils avaient fait était d’ailleurs un indicateur de leurs ambitions. Mais avant de penser à rivaliser avec le grand OM, Marseille FC pensait tout d’abord au maintien en League 1, un championnat assez rude et impitoyable envers les équipes en provenance de la League 2 qui ne sont pas prêtes et suffisamment outillées.
Pendant qu’ils étaient en route pour le centre d'entraînement, Amadou remarqua que son fils Kevin avait l’air anxieux. Il lui demanda : "Kevin, tu m’as l’air un peu nerveux et inquiet. Tu as peur que ta visite médicale se passe mal ?" "Oui papa", répondit Kevin. "Ne t’inquiète pas mon fils, tout va bien se passer", rétorqua Amadou à son fils. "Je sais, papa. Mais c'est important pour moi. J’ai tout donné pour être ici, et ça me fera très mal de ne pas pouvoir signer dans ce club", dit Kevin. "Je te comprends. Mais tu n’as pas de raison de t’inquiéter Kevin, tout va bien se passer". Kevin sourit faiblement. Son père essayait tant bien que mal de le rassurer, mais il était toujours un peu inquiet. Son père lui demanda : "Tu as un autre sujet d’inquiétude ?" "Oui papa", lui répondit son fils. "Et s’ils m’envoyaient encore à l’équipe réserve pour longtemps ? Et s’ils me cantonnaient sur le banc de touche au profit de joueurs plus expérimentés ? ". Son père lui répondit : "J’ai discuté avec l’entraineur et le directeur sportif. Ils m’ont assuré que tu seras intégré directement dans l’équipe première, car tu as le potentiel pour cela. Mais pour prétendre à une place de titulaire, il va falloir que tu travailles dur. Tu devras te donner à fond chaque jour aux entrainements et en matchs. Sinon, tu seras rapidement rétrogradé". "C’est compris papa. Merci de me rassurer, et merci pour tes conseils", répondit Kevin.
Arrivés au centre d'entraînement, ils furent accueillis par le directeur sportif, Monsieur Lopez, ainsi que d’autres personnalités importantes du club. "Bonjour, Kevin ! Bienvenue à Marseille FC", dit Monsieur Lopez à Kevin. Kevin lui serra la main. "Merci, monsieur." Monsieur Amadou serra aussi la main à Monsieur Lopez. Kevin et son père serrèrent également la main à quelques membres de la délégation qui accompagnait Monsieur Lopez. Ils firent ensuite une petite visite guidée du centre d’entrainement à Kevin et son père Amadou. Le centre d'entraînement était impressionnant : des terrains de foot, une salle de musculation, des vestiaires modernes. Kevin ne s’attendait pas à voir des infrastructures aussi modernes pour un club qui est tout juste sur le point de découvrir la League 1.
Après cette petite visite qui dura une vingtaine de minutes, Kevin suivit le médecin, Docteur Pierre, dans une salle d'examen médical. "Ici, nous allons faire quelques tests pour évaluer ta condition physique," expliqua le médecin. La première étape de la visite médicale était une prise de sang et un prélèvement d’urine. Ensuite Docteur Pierre prit soin de lui expliquer en quoi consistent les examens à venir, et pourquoi c’est important. Docteur Pierre commença par l’électrocardiogramme. Il lui expliqua que l'électrocardiogramme (ECG) mesure l'activité électrique du cœur. Il permet d’évaluer la fréquence cardiaque, de détecter les anomalies du rythme cardiaque (arythmies), vérifier la présence de problèmes cardiaques (infarctus, hypertrophie ventriculaire), d’évaluer l'efficacité du système de conduction cardiaque. L'ECG à laquelle il est soumis pendant cette visite médicale permettra de s'assurer que son cœur pourra supporter les efforts physiques intensifs, tant lors des entrainements qu’en match. Après l’électrocardiogramme Kevin fut soumis à un test de vitesse. Docteur Pierre expliqua à Kevin que le test de vitesse évalue la capacité à réaliser des efforts explosifs et rapides. Il permet également de mesurer : la vitesse de déplacement, l'accélération et la réaction. Il lui précisa que ce test est essentiel pour les joueurs de foot comme lui, car il évalue leur capacité à réagir rapidement aux situations de jeu, effectuer de courts sprints intenses, et à maintenir une vitesse élevée pendant les matchs. Kevin fut soumis enfin à un test de résistance. Docteur Pierre informa Kevin que le test de résistance permet d'évaluer la capacité à maintenir un effort physique sur une durée plus ou moins longue. Il permet de mesurer l'endurance cardiovasculaire, la résistance musculaire, et la capacité à récupérer après l'effort. Il ajouta que c'est un test important pendant la visite médicale, car il évalue la capacité du joueur à maintenir une intensité élevée durant les matchs, à résister à la fatigue, et à récupérer après l'effort. Après ces trois tests Kevin fut soumis à d’autres tests, mais Docteur Pierre n’eut plus assez de temps pour lui expliquer en quoi ces derniers consistaient.
Lors du test d'IRM, le médecin fit un rictus du visage. "Qu'est-ce qui se passe, docteur ?" demanda Kevin, inquiet. "Rien de grave, Kevin. Mais il faut faire plus d'examens pour être sûr." Kevin sentit son cœur battre plus fort. Il était persuadé que le docteur avait découvert quelque chose qui pouffait gâcher sa visite médicale.
Une fois les examens terminés, le Docteur Pierre pria Kevin de sortir de la salle des examens médicaux et de l’attendre à l’extérieur en compagnie de son père. Kevin sortit retrouver son père, et l’expression de son visage en sortant ne rassura pas ce dernier. Amadou lui demanda comment se sont passés les examens. "Je ne sais pas… Le Docteur Pierre arrive dans quelques minutes pour dire exactement ce qu’il en est", répondit Kevin. Il en profita pour exprimer ses inquiétudes à son père. "Papa, pendant l'IRM, le médecin a eu une drôle de réaction. Je suis inquiet." Amadou devint grave. "Qu'est-ce qu'il a dit exactement ?", demanda-t-il ? "Rien, mais pendant qu’il examinait certaines données sur un écran, il a fait une petite grimace en me regardant dans les yeux. Ça m'a beaucoup inquiété." Pendant leur discussion, ils furent interrompus par l'arrivée de la mère de Kevin, Fatoumata. Elle avait prévu de venir assister à la visite médicale de son fils et à son éventuelle signature de contrat, mais elle avait d’abord quelques emplettes à faire dans une boutique de la place. "Qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-elle en voyant leurs visages inquiets. Au même moment, le Docteur Pierre arriva, souriant. "Bonjour à tous ! Je suis ravi de vous annoncer que Kevin a passé la visite médicale avec succès !". Les parents et Kevin soupirèrent de soulagement. Ils se mirent également à pleurer de joie, car le seul obstacle qui pouvait empêcher que Kevin signe son contrat, avait été franchi avec succès. Le Docteur Pierre les regarda, ému. Kevin le remercia, et lui demanda pourquoi est-ce qu’il avait fait un rictus pendant l’IRM. "C'était juste une fausse alerte. J’ai pensé qu’il y avait un problème, mais c’était loin d’être le cas", expliqua le médecin.
Le président du Marseille FC, Monsieur Gaudé, fut informé de ce que la visite médicale de Kevin fut un succès. Il arriva avec un contrat, assez intéressant pour un jeune qui découvre la League 1. "Kevin, bienvenue à Marseille FC ! Voici votre contrat : 3 ans, salaire annuel de 500 000 euros, bonus de performance...", lui dit le président. Kevin lut attentivement le contrat, en compagnie de son père, puis le signa, en présence de quelques membres du staff et du directeur sportif.
En soirée, Kevin fut présenté au stade devant 10 000 spectateurs. Il fut ovationné par le public, qui apprécia ses jongles à la Ronaldinho. Dans la foulée, Le directeur sportif, Monsieur Lopez, l'entraîneur, Olivier Duchamp et Kevin donnèrent une conférence de presse. "Kevin est un talent exceptionnel. Nous sommes ravis de l'avoir dans notre équipe. Nous allons le faire progresser, et d'ici à quelques années, il deviendra sûrement un très grand joueur", déclara Olivier Duchamp. "Je suis honoré de jouer pour Marseille FC. Je vais donner tout pour le club," déclara Kevin. Après la conférence de presse qui dura moins de trente minutes, les dirigeants du club raccompagnèrent Kevin et ses parents jusqu’à la voiture qui devait les raccompagner à l’hôtel. Le directeur sportif ne manqua pas de rappeler à Kevin que dès le lendemain, il allait devoir se présenter à la séance d’entrainement, qui allait débuter à huit heures précises.
Le soir, à l'hôtel, Kevin et ses parents appelèrent tous les membres de famille en Afrique et à l'étranger pour leur annoncer la bonne nouvelle. Rokiatou, la grand-mère paternelle de Kevin, qui vivait à Bamako, fut particulièrement émue d’apprendre que la carrière de son petit-fils venait de prendre un tournant important. Elle lui adressa des bénédictions et lui souhaita bonne chance pour la suite de sa carrière.
Avant d’aller se coucher, Kevin et ses parents se retrouvèrent ensemble. Fatoumata sourit en regardant son fils. "Mon fils est un joueur de foot professionnel ! Je n’arrive toujours pas à y croire !", dit-elle. Amadou embrassa Kevin. "Tu as réalisé ton rêve, mon fils. Maintenant repose-toi, et sache que dès demain le plus dur va commencer". Kevin sourit en embrassant ses parents. Il était heureux de les avoir rendus fiers. Et il était déterminé à continuer sur cette lancée.