XXIII2 août. En bas, dans la ville, à un carrefour, une chanteuse des rues s’était installée ; on s’assemblait pour l’entendre, et nous nous étions arrêtés comme les autres, nous trois qui passions, Yves, Chrysanthème et moi. Toute jeune, un peu grasse, assez jolie, elle raclait sa guitare et chantait, en roulant les yeux d’une manière féroce comme un virtuose exécutant des difficultés. Elle baissait la tête, se rentrait le menton dans le cou pour tirer des notes plus creuses du fin fond de son corps ; elle arrivait à se faire une grosse voix rauque, une voix de vieux crapaud, une voix de ventriloque sortie je ne sais d’où (ce qui est la grande manière théâtrale, le dernier mot de l’art pour interprétation des morceaux tragiques). Yves lui jeta un regard indigné : – Oh ! par exemple !