LETTRE XXXVIII La Marquise de Merteuil au Vicomte de ValmontVotre énorme paquet m’arrive à l’instant, mon cher vicomte. Si la date en est exacte, j’aurais dû le recevoir vingt-quatre heures plus tôt ; quoi qu’il en soit, si je prenais le temps de le lire, je n’aurais plus celui d’y répondre. Je préfère donc de vous en accuser seulement réception et nous causerons d’autre chose. Ce n’est pas que j’aie rien à vous dire pour mon compte ; l’automne ne laisse à Paris presque point d’hommes qui aient figure humaine ; aussi je suis, depuis un mois, d’une sagesse à périr, et tout autre que mon chevalier serait fatigué des preuves de ma constance. Ne pouvant m’occuper, je me distrais avec la petite Volanges, et c’est d’elle que je veux parler. Savez-vous que vous avez perdu plus que vous ne croy